
On a lu… Ajin (T. 4) de Gamon Sakurai
À chaque tome, une claque dans la gueule ! Voilà comment on pourrait décrire l’incroyable titre de Gamon Sakurai. Une idée simple, un graphisme électrisant et précis au service d’un récit tendu et maîtrisé, Ajin est définitivement LE seinen du moment. Son carton au Japon n’est pas volé et Glénat peut se réjouir d’avoir mis la main dessus. Cette quatrième plongée dans l’univers sombre et violent du manga est d’autant plus jouissive qu’elle se termine sur une scène complètement tarée, qui excite clairement nos compteurs. Bref, waouh !
L’appel de Sato, l’Ajin (humain immortel) qui veut renverser la société, a été entendu. Venus d’un peu partout, sept d’entre eux se réunissent autour du gourou/terroriste pour le premier rassemblement d’Ajin de l’Histoire. Mais très vite, les opinions divergent, certains refusent de suivre le mouvement et le carnage commence. L’un d’entre eux, Koh Nakano s’enfuit et parvient à retrouver la trace de Kei Nagai. Après sa spectaculaire évasion du centre de recherches, Kei semble avoir trouvé un havre de paix où personne ne sait qui il est. Connu de Sato, de la presse et des organisations gouvernementales et après avoir enduré les pires atrocités lors d’expérimentations inhumaines, Kei s’est endurci et se méfie désormais de tout le monde, y compris du jeune Koh. La fuite de ce dernier ne change rien à l’opération en cours, et Sato, aidé de quelques fidèles, compte bien montrer au monde jusqu’où les Ajins sont prêts à aller. L’une des forces évidentes de ce titre, c’est sa tension et sa nervosité. Et ce quatrième tome n’en manque pas. À l’instar des trois premiers, il déroule impeccablement son concept et l’utilise de manière fort inspirée dans des scènes carrément intenses.
L’immortalité selon Gamon Sakurai est prétexte à des situations où le suicide est très souvent la meilleure solution pour s’en sortir. Que ce soit en se jetant dans le vide, en se tirant une balle dans la tête ou en s’électrocutant, les personnages n’hésitent pas à « rebooter » à l’infini, donnant lieu à des combats violents où absolument tous les coups sont permis. Ajin rappelle Death Note dans sa noirceur mais n’a pas les mêmes prétentions que son illustre aîné. Le titre de Sakurai est plus frontal et refuse la facilité du mystérieux mystère. Ici, on sait l’essentiel et on observe les forces en présence se démener et tenter de survivre dans un monde sur le point de basculer. La surprise de ce tome, c’est qu’il délaisse quelque peu Kei, le héros du récit, pour mettre en avant celui de Koh. De la même manière, le mangaka s’arrête plus longuement sur le personnage de Tosaki. À la tête des opérations anti-Ajin, il se retrouve sur la sellette et doit faire ses preuves face aux pressions politiques. En multipliant les points de vue, l’auteur muscle un peu plus son récit en y ajoutant des enjeux plus qu’intéressants.
Son approche du thriller fantastique et toujours dynamique et très cinématographique. Son découpage précis lui permet de ne pas multiplier les cases. Jouant avec leurs tailles, il préfère les planches aérées permettant au dessin de s’exprimer. Les pages regorgent de détails, notamment dans certains décors et rappellent fortement un certain Katsuhiro Ôtomo (conférence de presse ici). Les qualités esthétiques et artistiques d’Ajin ne sont plus à démontrer et le mangaka fait une entrée fracassante dans le monde impitoyable du manga. Nerveux, sombre, sans détour et carrément addictif, ce jeune titre de l’éditeur Glénat est sans conteste l’un des plus excitants du moment, dans son genre. Encore !
Ajin (T. 4) de Gamon Sakurai, aux éditions Glénat