On a lu… Ajin (T. 5) de Gamon Sakurai

On a lu… Ajin (T. 5) de Gamon Sakurai

Note de l'auteur

9782344012802-GDéjà cinq tomes et pour le moment, pas une fausse note. Ajin est décidément un titre exigeant, plein de rigueur et d’une maîtrise formelle incroyable. Gamon Sakurai a parfaitement son récit en main et le mène à son rythme. Alternant avec fluidité, scènes violentes de tension extrême et moments de respiration pour permettre à ses personnages d’exister, le mangaka impose son seinen comme un poids lourd du genre, éclipsant de nombreux titres, au passage. Un nouveau tome, encore une fois, immersif, passionnant et graphiquement saisissant. Lisez Ajin !

 

Sato, leader autoproclamé des Ajins, ces humains devenus immortels, continue sa croisade contre les gouvernements qui maltraitent les siens. Tel un ange de la mort increvable, il est devenu un super-terroriste manipulant les foules et utilisant les réseaux sociaux et les médias. Après avoir formé une petite équipe, il lance un ultimatum afin que les Ajins soient reconnus et acceptés, et autant dire qu’il voit les choses en grand, en faisant s’écraser un avion de ligne en plein centre ville. De son côté, Kei Nagai tente de faire oublier son existence dans un petit village loin de tout mais son secret s’évente et il se voit obligé de fuir en compagnie du jeune Koh, rencontré dans le tome précédent. Leur objectif, mettre un terme à la folie meurtrière de Sato, quitte à pactiser avec un autre ennemi. Gamon Sakurai poursuit son œuvre avec un réel savoir-faire nous balançant une première scène de fusillade complètement dingue. Tendue, aiguisée et ultra-cinématographique, elle nous plonge au cœur de l’action aux cotés d’un Sato kamikaze, seul face à une armée. Comme à son habitude, l’auteur tire pleinement profit de son concept autour de l’immortalité. Cette espèce de gourou psychopathe meurt et renaît à l’infini, avec un calme olympien, n’hésitant pas à se tirer dessus pour mieux s’en sortir, et se hisse sans peine parmi les bad-guys les plus charismatiques et iconiques du moment.

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Alors qu’au début du titre, on aurait pu penser que le récit suivrait le héros, Kei, au plus près, on se rend compte petit à petit que le mangaka n’hésite pas à le mettre de côté pour mieux se pencher sur les autres protagonistes. Voilà deux tomes qu’il est présent mais en retrait, n’ayant aucune implication directe dans le récit principal. Cette prise de recul par rapport au personnage va totalement dans le sens de l’histoire mais en plus, permet de rendre ses apparitions d’autant plus intéressantes. Sans que nous nous en rendions compte, il a bien évolué et n’est plus le jeune lycéen chétif des débuts. Maintenant que tous les protagonistes sont sur l’échiquier et que les enjeux sont clairement exposés, Gamon Sakurai va pouvoir totalement lâcher les chevaux qu’il a dans le moteur. Compte tenu des éléments mis en place à la fin de ce cinquième tome, on ne peut qu’être confiant quant à la suite de ce seinen sans fausse note. Implacable, sombre, intelligent, le titre de Sakurai ne manque pas de qualificatifs et on se délecte de chacune des pages nous emmenant toujours plus loin dans cette chasse à l’homme de grande ampleur. En cinq tomes seulement, Ajin s’est imposé comme une valeur sûre et a mis en lumière un auteur d’ores et déjà indispensable. Son trait est toujours aussi vibrant, réaliste et maîtrisé et le travail graphique est porté par un découpage au cordeau. Bref, je le répète, lisez Ajin.

 

Ajin (T. 5) de Gamon Sakurai, aux éditions Glénat

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