
On a lu… Akira (T. 1) de Katsuhiro Ôtomo
Œuvre culte, mythique, matricielle… Akira ne manque pas de qualificatifs et reste aujourd’hui encore LA référence ultime du manga mais également de la Japanimation. On attendait la nouvelle édition de la maison Glénat et ça y est, elle est enfin là ! Sens de lecture original et retraduction des dialogues et des onomatopées, cette nouvelle mouture se veut la plus fidèle possible à l’édition japonaise. C’est avec délectation et un incommensurable plaisir que je me suis donc replongé dans l’œuvre du grand Katsuhiro Ôtomo. Très clairement, le frisson reste intact.
Akira débute dans l’archipel nippon en 1982 pour se terminer en 1990. En France, le titre débarque au début de 90’s chez l’éditeur Glénat et devient vite un véritable phénomène. Un Tokyo post-apocalyptique, une jeunesse en perdition, une société au bord de l’implosion, le fanatisme religieux et la fascination pour l’atome, Akira brasse de nombreuses thématiques. En résulte une fresque pessimiste et cyberpunk qui pose les jalons pour de très nombreuses œuvres à venir. Le mangaka nous plonge en 2019 dans la mégalopole de Néo-Tokyo, bâtie sur les ruines d’une ville détruite par une explosion atomique. Dans les tréfonds de la gargantuesque cité, Kaneda et son gang de bikers parcourent les grandes artères à toute blinde. Lors d’une de leurs virées nocturnes, Tetsuo, jeune membre de la bande, est victime d’un accident suite à sa rencontre avec un étrange enfant ridé. Récupéré par l’armée, le jeune homme est hospitalisé et développe d’étranges pouvoirs télékinésiques. De son côté, Kaneda fait la connaissance de la jolie et mystérieuse Kei ainsi que de Ryu, appartenant tous deux à un groupuscule anti-gouvernemental, qui l’entraînent dans un jeu du chat et de la souris avec l’armée. Lorsqu’il se retrouve face à Tetsuo, il ne reconnaît plus son pote, dont les excès de colère deviennent carrément mortels puisqu’il concasse des crânes par la seule force de sa pensée. Sans le savoir, ils viennent d’amorcer un processus risquant d’anéantir la planète : le réveil d’Akira.
Tout ou presque a été dit et écrit sur l’œuvre colossale d’Ôtomo. Graphiquement époustouflant, abordant des thématiques d’envergure et qui sont aujourd’hui, plus d’actualité que jamais, Akira est parfaitement intemporel. Couillu, agressif, introspectif, voire carrément philosophique, le titre ne semble souffrir d’aucun défaut. Celles et ceux qui se sont arrêtés à l’adaptation cinématographique lui trouveront certainement des failles, notamment en termes de compréhension du scénario. Effectivement, bien que magistral, le film réalisé par Katsuhiro Ôtomo lui-même, ne suit pas à la lettre le manga et pour cause, lors de sa production, le titre papier n’était pas encore terminé. Le résultat a pu donc paraître confus pour certains, mais le manga apporte toutes les réponses aux questions laissées en suspens. Cette nouvelle édition proposée par Glénat, loin de celle en couleur proposée par Marvel à la fin des 80’s, revient donc à une forme plus proche de l’édition nippone. Déjà, le sens original reprend sa place. Car même si en 2016, une grande majorité des titres sont publiés dans ce sens et que ça n’a rien d’incroyable, il faut bien comprendre que jusqu’à maintenant, nous n’avions jamais eu l’occasion de lire Akira de cette manière. Si cela peut sembler anodin, l’arrivée du sens de lecture japonais, permet de découvrir le titre tel que l’a pensé et conçu le mangaka. Une bande dessinée, quelle qu’elle soit, n’est pas qu’une simple succession d’illustrations, c’est une construction utilisant toute une grammaire au service d’une histoire. Habilement maîtrisée et utilisée, comme c’est le cas avec des auteurs de la trempe d’Ôtomo, cette grammaire donne du sens, au propre comme au figuré.
Ensuite, le travail fait sur la nouvelle traduction apporte plus de précision et d’authenticité à des dialogues parfois maltraités dans la première édition. De même, la conservation des onomatopées d’origine donne encore plus d’impact visuel au titre déjà hallucinant graphiquement. Avec Akira, Ôtomo impose sa patte artistique avec un dessin ultra-réaliste. Magnifiant chacune de ses planches dans une orgie de détails, il excelle aussi bien dans le chara-design et leurs expressions, que dans celui des engins motorisés. La moto rouge de Kaneda est pour toute une génération, un fantasme à deux roues. Et puis, il y a Néo-Tokyo, mégalopole tentaculaire en décomposition dont Ôtomo saisit l’essence dans chacune de ses cases. Immense, labyrinthique, hostile et en constante ébullition, elle est sans aucun doute le « protagoniste » le plus meurtri de l’histoire. Incarnation parfaite d’un monde à l’agonie, l’auteur lui apporte une réelle importance, en atteste les toutes premières pages du manga, qui lui sont consacrées. Pour beaucoup, Akira a été une porte d’entrée dans le monde du manga et de la Japanim’, et aujourd’hui encore, il s’impose comme un titre totalement incontournable. Une œuvre majeure et essentielle qui a profondément bousculé le monde la BD et qui a inauguré une toute nouvelle ère dans le monde du manga. Avec le prix d’honneur remis à Katsuhiro Ôtomo, cette année au Festival d’Angoulême (la conférence de presse ici) et la parution de cette nouvelle édition chez Glénat, cette année 2016 remet en lumière un auteur de génie. Indispensable !
Akira (T. 1) de Katsuhiro Ôtomo, aux éditions Glénat
Effectivement tout à fait indispensable ! Merci de revenir sur ce manga important et esthétiquement sublime. La comparaison avec les oeuvres d’aujourd’hui fait mal… (je pense aussi à Shirow et ses planches hallucinantes produites à la même époque) Retrouverons-nous un jour un tel niveau technique dans les productions contemporaines ?
C’est vrai, pour moi aussi mon premier contact avec le manga papier, et quel premier contact! Fantasmatique, obsédant, jouissif!
Après lecture, j’ai essayé moi aussi de dessiner des mégalopoles insalubres et des gens en pleine mutation génétique dégueulasse 😀
Clairement le genre de titre phare qui laisse une impression durable sur ses lecteurs.
Oh wow, this is woulfrend. I like the scene you made and all the little details. It fits so well together and it give me a christmas feeling already. Hugs, Nanda