
On a lu… Annihilation
Rien de tel qu’une bonne guerre interstellaire pour remettre les choses à plat et repartir sur de bonnes bases. La sortie en France du deuxième volume d’Annihilation – Conquest est pour nous l’occasion de revenir sur la saga précédente, à savoir Annihilation, qui fut le renouveau de l’univers cosmique chez Marvel.
Alors que les héros de la Terre se mettent sur la gueule pour savoir s’il faut ou non dévoiler son identité secrète au gouvernement, une armada composée de millions de vaisseaux apparaît à la frontière de la galaxie et ravage tout sur son passage. Annihilus est là et veut conquérir la galaxie ! A peine le temps de dire ouf que déjà la planète Xandar est décimée et que Richard Rider reste le seul membre du Nova corps encore en vie. Face à cette terrible menace, les héros de la galaxie et les différentes races de l’univers vont devoir s’unir pour survivre ; toute la question est de savoir si elles arriveront à surmonter leurs problèmes et leurs différences pour vaincre un terrible adversaire qui a réussi à mettre Thanos dans ses petits papiers.
Publiée la même année que l’événement Civil War de Mark Millar, Annihilation posa les bases d’un renouveau de l’univers cosmique tout en s’inscrivant dans une dimension héroïque que les protagonistes et les auteurs de Civil War oublièrent. Moins médiatique et connue que la saga de Mark Millar, Annihilation n’en est pas moins une saga fondatrice d’autant plus importante à l’heure où les studios Marvel tendent vers un retour de l’aventure cosmique au sein de leurs films avec la mise en chantier des Gardiens de la Galaxie et la mise en avant du personnage de Thanos que l’on pouvait découvrir à la fin du film The Avengers.
L’univers cosmique chez Marvel est aussi vieux que la naissance de leur univers super-héroïque, il est également une part importante de l’éditeur. Songeons que les Quatre Fantastiques doivent leurs pouvoirs à leur exposition aux rayons cosmiques lors d’une mission dans l’espace et que cette série fondatrice de l’univers Marvel a vu la naissance de nombreux personnages et de races qui ont l’espace comme maison : les Skrulls, les Krees, Galactus, Uatu le Gardien ou bien encore Galactus le dévoreur de monde et son héraut le Surfeur d’Argent. Théâtre de grandes aventures ayant eu tous les grands héros Marvel, des Avengers aux X-men, l’univers cosmique Marvel connut ses heures de gloire avec des récits comme La guerre Kree/Skrull, La mort de Captain Marvel ou bien encore Le Défi de Thanos.
Depuis lors pourtant, l’univers cosmique périclitait et n’était plus que l’ombre de lui-même….jusqu’à la vague d’Annihilation. Le constat est simple : afin de relancer tout le pan cosmique de la Maison des idées, il faut faire un vaste ménage et redéfinir les cartes et pour cela rien de mieux qu’une bonne guerre pour faire disparaître des personnages et faire émerger des nouveaux héros. Force est de constater qu’a la lecture des histoires qui composent Annihilation, le pari est totalement réussi. Cela d’autant plus que la saga n’est pas l’œuvre d’un seul scénariste et d’un unique dessinateur mais d’un pool de plusieurs artistes : Keith Giffen Dan Abnett, Andy Lanning, Simon Furman, Javier Grillo-Marxhuach, Christos N.Gage, Suart Moore vont écrire les séries que Scott Kollins,Ariel Olivetti, Kev Walker, Rick Magyar, Renato Arlem, Jorge Lucas, Gregory Titus et Andrea Di Vito vont dessiner. Cerise sur le gâteau, c’est l’illustrateur italien Gabriele Dell’Otto qui signe toutes les couvertures de la saga et c’est peu dire que celles-ci nous explosent la rétine.
Contrairement à ce qu’on aurait pu craindre avec cette multiplication des artistes, la saga Annihilation a une intrigue solide du début à la fin, que l’on doit à une rigueur éditoriale ingénieuse. En effet à l’inverse des autres grands events qui se composent d’une série principale à laquelle se rattachent des séries annexes plus ou moins intéressantes et indispensables, la saga Annihilation va se dérouler en trois vagues.
Tout commence en mai 2006 avec un prologue signé Keith Giffen qui voit l’arrivée de l’armée d’Annihilus dans notre univers et la destruction rapide et irrémédiable de plusieurs races et planètes, notamment Xandar la planète abritant la police galactique de l’univers Marvel, le Nova Corps. Après cette mise en bouche de toute beauté, le lecteur avide de savoir comment va s’en sortir tout ce beau monde, va suivre la vague d’Annihilition à travers quatre mini-séries de juin 2006 à septembre 2006. Les séries Nova (de Dan Abnett, Andy Lanning et Kev Walker) et Silver Surfer (de Keith Giffen et Renato Arlem) vont nous raconter les péripéties de deux héros bien connus des lecteurs, ainsi que celles de personnage secondaires charismatiques en diable qui vont devoir survivre suite à la première attaque des ennemis. Tandis que Nova va rencontrer Quasar, Drax le destructeur et la terrienne Cammi, le Silver Surfer va devoir regrouper les anciens hérauts de Galactus afin de combattre Vorace et ses traqueurs qui recherchent les détenteurs de l’énergie cosmique pour Annihilus son maître.
Les tandems Simon Furman/Jorge Lucas et Javier Grillo-Marxuach vont s’occuper respectivement des séries Ronan et Super-Skrull, deux personnages appartenant à des races ennemies mais qui ont comme point commun de devenir des parias aux yeux de peuples qui ne se rendent guère compte du danger que représentent les légions d’Annihilus. Présentés la plupart du temps comme ennemis des héros de la Terre (et notamment des Quatre Fantastiques) ces deux extra-terrestre vont nous apparaître sous un autre jour au fil des pages. Alors que le Kree Ronan cherche à laver son honneur de fausses accusations, le Super-Skrull quant à lui décide de ne pas obéir aux ordres de son commandant et d’aller détruire un vaisseau ennemi afin de sauver la planète où vit son fils. Durant leurs aventures, ils rencontreront eux aussi divers personnages qui leur feront changer leurs visions du monde.
Au final qu’ils soient policier de l’espace venu de la Terre, messager cosmique, juge implacable ou ancien soldat, ces quatre personnages vont profondément évoluer et acquérir une nouvelle stature à la fin de leurs séries respectives, tant et si bien qu’ils seront au centre de l’alliance qui combat Annihilus. Quand commence la série Annihilation (écrit par Keith Giffen et dessiné par Andrea Di Vito) en octobre 2006, ils sont tout simplement devenus des héros ! Ainsi en cette période sombre, les peuples qui se sont unis pour leurs survies peuvent compter sur le courage et la puissance de Ronan, Nova et de leurs compagnons.
Si les excellentes mini-séries Nova, Silver Surfer, Ronan et Super-Skrull nous permettaient de voir les aventures de plusieurs personnages et de constater l’avancée de la flotte ennemie, la saga Annihilation en tant que telle va être l’apogée de la guerre. On a pu lire les batailles de quelques soldats, maintenant c’est la guerre ultime, une guerre à coté de laquelle celle du Seigneur des anneaux est du pipi de chat. Menée par un Nova devenu un véritable général d’armée, cette alliance ne tient qu’à un fil tant l’ennemi est puissant. En six épisodes Giffen va nous décrire une guerre terrible où tous les héros auront leurs moments de gloire. Il y a dans Annihilation un parfum des histoires de David Gemmell, l’écrivain britannique auteur de Légende, notamment dans la forte caractérisation des personnages. Ceux-ci sont hauts en couleurs, hâbleurs et sarcastiques et pourtant ils sont d’un courage sans limite. Dans Annihilationdes histoires d’amour se forment telle celle entre Nova et Gamorra, et des amitiés étranges naissent comme celle entre Ronan le Kree et le Super-Skrull.
«Séparés en deux camps opposés, les « défenseurs » de la Terre ne nous sont d’aucune utilité ! A croire qu’ils ont oublié le sens du mot « héros » ! – Nova »
Bien que cela ne soit probablement pas volontaire, on ne peut s’empêcher de voir dans cette phrase, que Nova affirme à son ami Starlord, une critique de Giffen quant à l’évolution des super-héros du monde Marvel suite à Civil War. Un monde où les héros combattent les héros et oublient les valeurs de justice auxquelles leur engagement devrait les faire tenir. La saga Annihilation apporte donc à tous les lecteurs qui regrettent cet état de fait une histoire véritablement passionnante et épique où dans l’horreur de la guerre, des grands héros vont apparaître et combattre le mal.
Annihilation – Tome 1 et 2 (Panini Comics, Marvel) comprend les séries :
- Annihilation – Prologue écrit par Keith Giffen et dessiné par Scott Kolins et Ariel Olivetti
- Nova #1 a #4 écrit par Dan Abnett et Andy Lanning et dessiné par Kev Walker et Rick Magyar
- Silver Surfer #1 à #4 écrit par Keith Giffen et dessiné par Renato Arlem
- Ronan #1 à #4 écrit par Simon Furman et dessiné par Jorge Lucas
- Super-Skrull #1 à #4 écrit par Javier Grillo-Marxuach et dessiné par Gregory Titus
- Annihilation #1 à #6 écrit par Keith Giffen et dessiné par Andrea Di Vito
Toutes les couvertures sont signées par Gabriel Dell’Otto