
On a lu… Archer & Armstrong – Vol 1 : Le Michelangelo Code de Fred van Lente et Clayton Henry
Les productions Valiant se suivent mais ne se ressemblent pas si ce n’est dans la qualité. Après un péplum science-fictionnel sur-vitaminé et un décalque réjouissant des X-men, voici venir Archer & Amstrong dont les qualités en font la meilleure lecture proposé jusque là par l’éditeur.
D’un coté nous avons Obadiah Archer, un jeune homme talentueux dans tout ce qui concerne l’art du combat mais un peu neuneu sur les bords en ce qui concerne le reste. Il faut dire que ça n’aide pas d’avoir été élevé au sein d’une communauté religieuse cachée dans un parc d’attraction et dirigée par un couple aussi illuminé que dangereux. Et ils sont beaucoup illuminés et pensent que Celui-qu’on-ne-nomme-pas empêche la Terre d’atteindre le nirvana. Ils décident donc d’envoyer leur fils, Archer, le traquer et le tuer.
De l’autre coté nous avons Armstrong, un vieux briscard qui se charge de la sécurité d’un bar à New-York. Grosse baraque barbu au verbe facile et au lever de coude impressionnant, Armstrong est en fait Celui-qu’on-ne-nomme-pas. Fatalement quand Archer et Armstrong se rencontrent cela finit vite en baston homérique. Très vite pourtant le jeune Archer va découvrir qu’il s’est fait couillonné tout au long de sa jeune vie : Armstrong n’est pas un démon et ses parents font parties d’une secte aux ramifications mondiales dont le but et de reconstruire la machine infernale qu’avait tenté de détruire Armstrong il y a dix mille ans de cela. Maintenant ces deux êtres que tout séparent vont devoir s’unir pour vaincre le mal (c’est beau comme du Tango et Cash).
Archer & Armstrong se construit sur la base classique d’un bon vieux buddy-movie. Le jeune innocent mais excellent combattant va devoir faire équipe avec le vieux schnoque mais qui sait encore user des poings. Les baffes et les coups sont distribués par paquet de dix et la gouaille d’Armstrong relève le tout. On ne s’ennuie jamais à la lecture de ce récit simple mais très maîtrisé. Ca speede, ça va à 100 à l’heure et l’histoire se conclut quasiment à la fin du tome tout en ouvrant des pistes pour la suite. Le dessin d’Henry est au diapason, il sait caractériser ses personnages et construire des scènes de combat de toute beauté. A peine pourrait-on reprocher l’utilisation abusive des descriptions des techniques de combat d’Archer qui peuvent alourdir le récit au contraire de certaines autres touches d’humour très bien distillés (notamment le running gag du mardi).
Le titre de cet album, Le Michelangelo Code, donne également le ton de l’histoire. En parodiant l’oeuvre la plus célèbre de Dan Brown, la série nous annonce qu’elle se place sur le même terrain mais qu’on ne risque pas de trop se prendre au sérieux non plus. Avec un personnage qui a traversé les âges et que plus rien n’étonne cela n’est d’ailleurs guère étonnant. Dernier survivant d’un peuple ayant failli causer la perte de l’humanité, Armstrong sert de pivot à la fois comique et dramatique à l’intrigue. On apprécie chez lui autant sa force et sa chaleur que sa capacité de distanciation et son talent pour raconter la véritable histoire derrière les grands événements historiques ou les hommes illustres.
Armstrong a tout vu et tout fait durant tous ces siècles (bien que souvent sous l’emprise de l’alcool) et on imagine bien que cet homme fut le modèle sur lequel certains mythes furent battis. On imagine très bien Armstrong en Hercule par exemple. La ressemblance n’est d’ailleurs pas fortuite quand on sait que Fred Van Lente écrivit, avec Greg Pak, la série Incredible Hercules chez Marvel. On retrouve d’ailleurs des similarités entre les deux séries et notamment ce duo composé d’un bon vivant et d’un jeune homme plus coincé.
Les talents de combattant d’Archer sont certes impressionnants mais sa naïveté ne plaide pas en sa faveur. Pourtant il apprendra peu à peu à découvrir ce monde. Il y a surtout de la tragédie dans ce personnage qui, envers et contre tout, décide de s’opposer à l’ensemble de sa famille. Un choix fort qui déterminera alors toute sa vie. Ses différentes rencontres avec des amis d’Armstrong l’éclaireront également sur la pertinence de la foi et ses rapports avec celui qu’il prenait pour son ennemi. De manière très ingénieuse enfin, les auteurs intègre des indices sur les origines de notre jeune héros sans que cela soit trop lourd et qui peuvent promettre beaucoup pour la suite.
Totalement prenant et bourré d’idées excellentes (la secte des 1% composée de traders et autre gros financiers, pas si loin de la vérité quand on y pense) Archer & Amstrong s’inscrit d’emblée comme la meilleure production Valiant édité chez nous. On ne s’ennuie jamais en tournant les pages de cette bd. Ca cogne, ca castagne, ca envoi du lourd et ca vanne, il y a du Bud Spencer et Terence Hill quelque part dans ces quatre premiers épisodes.
Archer & Armstrong – Vol 1 : Le Michelangelo Code (100% Fusion Comics, Panini Comics, Valiant) comprend les épisodes #1 à #4 de la série Archer & Armstrong.
Ecrit par Fred van Lente
Dessiné par Clayton Henry
Prix : 12 €