
On a lu… Batman & Robin #9
Aujourd’hui l’épisode de la semaine est consacré à l’épisode 9 de la série Batman et Robin qui en une vingtaine de pages, nous prouve qu’on peut raconter une bonne histoire tout en étant un épisode tie-in (1) d’un event.
Parmi les séries de l’univers Batman relancées à l’occasion des New 52, Batman et Robin (qu’on retrouve tous les mois en France dans le mensuel Batman Saga) fit figure de très bonne surprise. Initialement conçu par Grant Morrison pour être un retour au source au Batman des années 50 et 60 avec une touche trash et psychédélique, cette série fut l’occasion pour l’auteur d’instituer une nouvelle relation entre le fils spirituel et le fils naturel de Bruce Wayne, et d’effectuer un renversement des rôles ; Batman (Dick Grayson sous le masque) devenant alors le personnage haut en couleur tandis que Robin (Damian Wayne) tenait le rôle du héros taciturne.
En reprenant les rênes de la série à l’occasion du retour de Bruce Wayne sous le masque de la chauve-souris, le scénariste Peter Tomasi va laisser de coté cette relation pour développer une relation père-fils moins classique que l’on ne pourrait croire ; le premier arc de la série étant ainsi un apprivoisement entre ces deux têtes de mules sur fond de combat avec le fils d’un ancien ennemi de Batman. A la suite de ces huit premiers épisodes, les rapports entre le père et le fils se sont apaisés et ils sont prêts à prendre de plein fouet l’événement La nuit des Hiboux.
Suite aux événements de la série Batman de Scott Snyder et Greg Capullo, la cour des Hiboux décide d’attaquer Gotham et envoie tous ses assassins sur la ville afin de tuer sur place différentes personnalités majeures. Face à cette attaque, Batman et l’ensemble de la Bat-family (Batgirl, Robin, Nightwing et Red-Robin notamment) vont devoir chacun lutter contre les Ergots.
Batman et Robin #9 nous raconte donc la façon dont Robin va devoir protéger un général, pourtant entouré de ses hommes, d’un assassin qui ne fait qu’une bouchée de dizaines et dizaines de soldats. Si la structure de l’épisode est similaire aux autres séries de l’event (un héros doit lutter contre un assassin dont on apprend l’histoire via un flash-back) l’ensemble tient suffisamment bien la route pour qu’on passe un très bon moment de lecture.
Cela tient essentiellement dans le don certain de Tomasi pour mettre en place des duos de fortes personnalités : l’autre série qu’il écrit, Green Lantern Corps, mettait déjà en avant cette grande gueule de Guy Gardner et le taciturne mais déterminé James Stewart. Dans Batman et Robin, le fils de Bruce Wayne apparaît régulièrement comme un petit con qu’on a envie de souvent baffer mais qui s’avère avoir la plupart du temps raison et ne se prive pas de le montrer. Exemple :
– Robin : « Il faut mettre en place un carré défensif ! »
– Un soldat : « Et pourquoi on devrait écouter un mioche ? »
– Robin : « Parce que le mioche lisait Clausewitz et Antoine de Jomini à six ans, quand t’en étais encore à essayer de piger les boutons de ta Bitendo, imbécile ! »
Alors que Robin fut pendant des années un personnage haut en couleurs, souriant et faisant office de contrepoids à un Batman silencieux, Damian Wayne apparaît comme la véritable machine de guerre tel que le désirait sa mère. Son combat contre l’Ergot est ainsi un vrai ballet sanglant entre deux professionnels dans l’art du combat se déroulant en plusieurs temps très bien rythmés et se concluant par un duel aux sabres de toute beauté.
Tout en inscrivant l’épisode dans l’event La nuit des Hiboux, Tomasi continue son travail sur Robin. Son combat contre l’Ergot est bien sûr une façon de confronter le jeune garçon à sa propre violence et son éducation. Éduqué dès la naissance dans la Ligue des assassins dirigée par sa chère maman, Damian prend conscience qu’il n’est pas si différent de l’homme de main des Hiboux et que c’est probablement l’héritage paternel qui lui permettra de changer en bien.
La plupart des event ont ce problème de générer, à coté de l’histoire principale, des épisodes la plupart du temps médiocres et sans intérêt. Grâce au talent de Peter Tomasi et de Lee Garbet, cet épisode de Batman et Robin fait partie des exceptions qui confirment la règle.
(1) épisode annexe d’un event, publiés dans d’autres séries.
Batman & Robin #9 (Batman Saga #9, Urban Comics, DC)
Ecrit par Peter Tomasi
Dessiné par Lee Garbett et Andy Clarke
Effectivement, ce numéro est plutôt bien ficelé, surtout pour un one-shot.
Ces nouveaux Batman & Robin sont une bonne surprise globalement, surtout pour l’arc Born To Kill. Magnifique visuellement, comme toutes les séries Batman des New 52.
Ceci dit, il va falloir que DC se calme sur les tie-ins. C’était assez ridicule pour le Night Of The Owls, ça devient n’importe quoi avec le Death Of The Family qui vient de se terminer. L’histoire principale est géniale (Scott Snyder FTW), mais les numéros annexes qui viennent se coller dessus n’ont pas de sens. Aucune révélation, aucune originalité, juste une répétition en boucle du concept de base pour vendre plus de titres. Et au passage des histoires prometteuses coupées pour l’occasion.
Comme tu dis, ici c’est plutôt l’exception qui confirme la règle. Et encore, ce n’est pas le Batman & Robin le plus mémorable, loin de là.
Ah oui, et Damian Wayne est génial, comme toujours.