
On a lu… Batman Tome 1 – La cour des Hiboux
Après une longue période d’absence, Bruce Wayne est de retour sous le masque de Batman, à la poursuite d’un mystérieux tueur en série aux allures de hibou, et dont la prochaine cible n’est autre que… Bruce Wayne. Plus il progresse dans son enquête, plus le Chevalier Noir rassemble d’éléments sur les motivations de son ennemi. Il découvre alors une sombre vérité mêlant la famille Wayne aux fondations troubles de Gotham City.
Dans la famille Snyder, on connaît surtout Zack. Le réalisateur qui croit qu’une BD est un story-board, malgré le fait que son adaptation de Watchmen prouve à quel point cette approche est erronée. On connaît moins Scott, son homologue, qui marque profondément de sa patte la destinée de l’homme chauve-souris depuis quelques temps déjà. Arrivé sur Detective Comics #871 au moment où Grant Morrison continuait à gérer les aventures de Batman/Bruce Wayne via sa nouvelle série Batman Inc (dans laquelle Batman voyage à travers le monde pour recruter des justiciers s’inspirant de ses méthodes), Scott Snyder se voyait attribuer la tâche de raconter les histoires de l’autre Batman resté à Gotham City à savoir le premier Robin Dick Grayson.
C’est peu dire que Snyder s’en est sorti brillamment et il suffit de lire ses épisodes regroupés chez nous dans les deux tomes de Sombre Reflet (ainsi que la mini série Les portes de Gotham) pour s’en convaincre. Quand DC décide de lancer les « New 52 » (nom de l’opération qui a consisté à reprendre à zéro toutes les séries (1) de la firme afin d’attirer de nouveau lecteur), c’est presque tout naturellement qu’elle lui confie les rennes de la série Batman avec Greg Cappulo aux dessins. Un tandem de choc qui fit de la série une des plus attendues avec la Justice League de Geoff Johns et Jim Lee.
Publié chez nous à la fois en librairie et en kiosque dans la revue Batman Saga (une sortie simultanée audacieuse qui souleva la polémique mais qui s’avéra au final payante), ces sept premiers épisodes sont une excellente porte d’entrée pour toute personne désireuse de lire des aventures de Batman. Ainsi, une des premières pages de la BD nous montrant Bruce Wayne essayant un nouveau système de reconnaissance est une très bonne occasion pour le lecteur de faire la connaissance de ses différents partenaires ; à savoir Alfred Pennyworth son majordome, Dick Grayson, Tim Drake (Red Robin) et Damian Wayne, le fils de Bruce et l’actuel Robin. Ces épisodes s’avèrent surtout être une aventure passionnante pour tout amateur du Chevalier noir qui garde Gotham City ; une ville que Scott Snyder transforme très rapidement en personnage central de sa saga. On savait Gotham anxiogène, terrible, noire et dangereuse pour ses habitants, on la découvre ancienne et terrifiante pour notre héros qui devient une proie pour un prédateur terrible : la cour des hiboux et leur redoutable assassin l’Ergot.
Snyder dresse donc autour de Batman une toile qui va se refermer peu à peu sur lui. Conscient de l’aspect « nouveau départ » du titre, Snyder en joue brillamment tout le long de son récit. Cela passe par une ouverture épique où Batman lutte contre une galerie de super-vilains parmi les plus célèbres de la série tel un chant du cygne temporaire avant de partir sur de nouvelles bases. En mettant en scène une organisation tellement cachée et ancienne au sein de la ville de Gotham qu’elle en est devenue une légende urbaine, le scénariste met Batman face à son propre mythe. Ce dernier découvre avec stupeur qu’il n’est pas la première légende d’une ville bien âgée. Le grand apport de Snyder se trouve donc dans la mise en avant de l’histoire de la ville via notamment ses familles les plus influentes et c’est via ces dernières (et notamment les ancêtres de Bruce Wayne) ainsi que les autres personnages qui composent le microcosme de Gotham que Snyder arrive très rapidement à nous montrer la ville comme un personnage à part entière. La cour des hiboux n’étant alors que la manifestation concrète de la menace que représente la ville.
Dans cette formidable entreprise visant à proposer un nouvel adversaire digne de notre héros, Scott Snyder est donc aidé par les dessins d’un Greg Capullo (X-force, Spawn) en très grande forme. On pense évidemment aux astuces de mise en page de l’épisode 5 qu’on ne révélera pas ici pour ne pas gâcher la surprise mais c’est tout du long des épisodes que Capullo donne corps à Gotham : le récit de la première enquête de Bruce Wayne, la découverte des cachettes de la cour des hiboux, l’attaque de ces derniers sur un Batman affaibli ou bien encore le final de ce tome nous préparent à une suite épique, tous ces moments sont autant de passages que magnifie Capullo et qui contribuent à rendre encore plus concrète cette ville fascinante.
Dans la droite ligne du travail de Grant Morrison, Scott Snyder nous offre actuellement un run qui, n’en doutons pas, restera longtemps dans les esprits. Ce premier tome nous propose les sept premiers épisodes de la série Batman. Le tome 2, intitulé La nuit des Hiboux, est prévu pour le mois d’avril 2013 mais les lecteurs de la revue Batman Saga peuvent déjà lire la suite en kiosque dès ce mois-ci. Vous l’aurez compris, on aime le Batman de Snyder et on n’hésitera pas à y revenir très vite.
BATMAN Tome 1 – La Cour des Hiboux (DC)
Ecrit par Scott Snyder
Illustré par Greg Capullo
(1) : A l’exception des séries liées aux univers de Batman et de Green Lantern dont la forte popularité n’a entraîné qu’un remaniement de façade.
La gestion narrative de Scott Snyder dans ce run est impressionnant. Alors qu’il est devenu commun de lire des histoires mal foutues où la sensation de temporisation est excessive au début pour une accélération bâclée sur la fin (les derniers events Marvel, le Amazing Spider-Man #700, etc….), il maintient un rythme redoutable, sait calmer l’action sans jamais s’adonner à quelques subterfuges trop voyants.
Je suis la parution française en kiosque et pour l’instant, si l’histoire avance à petit pas, pas une seule fois j’ai eu le sentiment de lire un « tome pour rien ». Snyder est fort, nous fait ressentir la frustration de toute narration séquencée et remets Gotham au centre de l’échiquier. L’auteur ne s’est jamais caché d’utiliser la ville comme un personnage principal et avec cette court des hiboux, elle parviendrait presque à supplanter Batman lui-même. Et dernièrement, quels sont les auteurs a être parvenu à introduire un nouveau méchant convaincant et iconique ? (Tony Daniel sur Detective Comic s’y est essayé avec le Taxidermist bien moins mémorable que l’Ergot – mais pas honteux, non plus).
J’ai été un peu déçu au départ par le dessin de Capullo, où Bruce Wayne comme Dick Grayson semble atteint de jeunisme excessif. Mais quand ils sont masqués, on retrouve le talent du dessinateur de Spawn, le dynamisme de son trait. Peut-être est-il moins à l’aise sur le plan humain que celui super-héroïque…
Enthousiasme partagé donc, lire un excellent run de Batman après une cession historique de Morisson, c’est déjà un petit miracle. L’auteur d’American Vampire prouve, s’il en était besoins, qu’il fait désormais parti des auteurs à suivre, des auteurs qui comptent.
Scott Snyder est devenu en quelques mois LA star de DC, l’enfant roi à qui on laisse totale liberté et à qui on confie les séries les plus prestigieuses.
Faut dire que le gars a du talent. Son » Dark Mirror » m’avait bluffé. ça faisait longtemps que je n’avais pas lu une telle bombe dans la multitude du comic mainstream. ça sortait des sentiers battus, c’était malsain et surtout c’était admirablement construit. J’attends donc avec impatience son Man of Steel en association avec l’ancien roi Jim Lee. Y’a des chances pour que ça soit bien plus épique que le film de son homologue!
Bon, revenons sur cette Cours des Hiboux. Oui, c’est déjà un classique intemporel mais ça n’atteint aucunement les sommets de « Sombres reflets ». Après une première partie qui monte en puissance correspondant à ce tome 1, la suite se dégonfle un peu tout en restant quand même de haute volée.
D’abord, coup de gueulante sur la politique éditoriale et mercantile des New 52’s. Et oui, les prochains épisodes de Batman du tome 2 seront indissociables ou presque avec les autres séries liés au monde Batman ( un peu à la façon X-men vs Avengers). Les hiboux vont déferler sur Gotham et envahir tous les autres numéros (Batgirl,etc,etc…). Et le pire dans tout ça, c’est que ce système va continuer sur l’arc suivant, Death of the family! Bon, alors, on peut très bien s’en tenir qu’à ce Batman de Snyder mais bon, on est bien obligé d’acheter les autres pour savoir ce que fait cette armée de hiboux.
Ensuite, contrairement à « sombres reflets », « la cours des hiboux » recolle au mainstream et redevient donc très classique, du moins dans sa construction. Sans spolier, vous allez voir dans le tome 2 un des pires clichetons stéréotypés vu 1 millions de fois dans les comics: Les habitués auront déja deviné. Et franchement, ça m’a un peu déçu de la part de Snyder, au vu du travail accompli précédemment.