
On a lu… Before Watchmen : Minutemen de Darwyn Cooke
Projet jugé blasphématoire, Before Watchmen se révêle être au final une collection de mini-série à la qualité variable certes, mais bien moins mauvaise qu’on aurait pu l’imaginer ou le craindre. A l’heure où la parution en kiosque (sept numéros compilant l’intégralité de la saga) vient de s’achever et que débute les ré-éditions en librairie (un tome par mini-série) il est temps pour nous de revenir dans l’univers crée par Moore avec Minutemen de Darwyn Cooke.
Alors que chacun de ses collègues décidèrent de raconter une histoire centrée sur un des personnages principaux de Watchmen, Darwyn Cooke se focalisa en premier lieu sur la vie des Minutemen, ce groupe de super-héros apparut dans les années 40 et faisant office d’ancêtre des Watchmen. En faisant ce choix, le scénariste et dessinateur évite de trop coller à l’oeuvre d’Alan Moore et Dave Gibbons tout en pouvant y piocher des éléments pour raconter son histoire.
Mini-série en six épisodes, Minutemen se base sur le personnage d’Hollis Mason, le premier Hibou, et la rédaction de son auto-biographie. Ce livre, Sous le masque, dont on peut également lire des extrait dans Watchmen, va servir de base à Cooke pour raconter une période (considérée comme l’âge d’or des super-héros) qui se révèle être plus sombre qu’elle en à l’air.
Nous savions à la lecture de Watchmen, que le livre de Mason dévoilait la tentative de viol du Spectre Soyeux par le Comédien. Cooke va aller plus loin et nous montrer que le livre voulait révéler bien plus de sordides secrets. Débutant sur une courte scène confrontant Mason à un ancien protagoniste de la vie de Minutemen qui tente de le dissuader de publier le livre, chaque épisode des Minutemen nous raconte la genèse puis la vie d’une équipe bien moins héroïque que l’on pourrait croire.
Leur première mission est un fiasco. Croyant arrêter un trafic d’armes, ils se rendent comptes qu’il s’agit de caisse de feux d’artifices. Qu’a cela ne tienne, un petit mensonge, un trucage de preuves et hop les voilà devenus des héros pour la ville et le pays. Les Minutemen sont à l’image de ce fiasco, des êtres désireux d’être sous les feux des projecteurs quitte à jouer avec la vérité. Gare à tout ce qui pourrait écorcher la belle image de ces héros qui défendent la veuve et l’orphelin.
Si Cooke n’égale pas Moore dans le travail de dé-mystification des héros, force est de reconnaître qu’il s’en sort tout de même très bien. La qualité de la mini-série est d’offrir un panel de portrait aussi varié que touchant (voir la belle et touchante mis en valeur de l’homme-insecte) et la photographie d’une nation propre sur soi faisant mine de se détourner les yeux face à ce qu’elle juge anormal.
Ainsi la Silhouette (peut-être la seule à véritablement se battre pour la justice) sera limogée du groupe du fait de son homosexualité et ont reprochera la tenue et le comportement jugé indécent de Sally Jupiter après sa tentative de viol. Malgré son héroïsme et son sens du devoir, le Hibou verra toutes ses illusions tombées au fil des années. Son livre peut se voir alors comme la rédemption d’un homme juste et loyal.
Graphiquement Cooke fait……du Cooke et c’est pour cela qu’on l’aime. Avec son trait si particulier, il arrive à poser une ambiance proche de l’idée qu’on se fait de cette époque. Si Minutemen n’atteint pas la qualité de son DC : The New Frontier, il offre tout de même de chouette moment et quelques constructions et idées intéressantes notamment la récurrence de certain motifs tel le symbole du Dr Manhattan au fil des pages.
Bien que tentant de combler des zones d’ombres qui n’en avait pas forcément besoin, Darwyn Cooke s’en sort plutôt bien dans ce difficile exercice compte tenu de la nature du projet. Bien sur malgré son statut de préquel, cet ouvrage est à lire après Watchmen si on veut pas diminuer le plaisir de la découverte de l’oeuvre de Moore et Gibbons.
Before Watchmen : Minutemen (DC Deluxe, Urban Comics, DC Comics) contient les épisodes #1 à #6 de Before Watchmen : Minutemen
Ecrit et dessiné par Darwyn Cooke
Je trouve la note un peu dure, alors que je partage largement l’ensemble de la critique. Pour moi, c’est sans doute le meilleur des Before Watchmen, celui qui affiche une vraie constance qualitative autant sur l’écriture que sur la mise en image. Pas l’impression de piller l’original, mais le même spleen pour une histoire toute en contrastes.
Peut être finalement que Before Watchmen aurait dû se limiter à Minutemen. En tout cas c’est une vraie réussite.
D’accord avec la critique. A titre personnel, j’avais dans un premier temps choisi de ne pas tester cette collection, mais la présence de Darwyn Cooke et des Minutemen m’a convaincu, au moins pour ce titre en particulier. L’auteur arrive d’entrée à étouffer toute possibilité d’incohérence et à museler les éventuels reproches à ce sujet, ce qui lui permet de monter son récit comme il l’entend tout en restant parfaitement logique. J’ai beaucoup aimé son traitement de la Silhouette ; en tout cas beaucoup plus que la version dominatrice et prédatrice de Zack Snyder, qui en seulement quelques images résume le personnage à son homosexualité…
Après, si je pense qu’il s’agit d’un bon comics, cela reste du mauvais Watchmen, et surtout une œuvre absolument inutile.