
On a lu… Bouffon de Porcel et Zidrou
Un conte triste et plein d’espoir d’un enfant né laid, devenu bouffon, qui espère et recherche quelqu’un qui lui rendra ses baisers.
L’histoire : Dans un cachot moyenâgeux, un enfant est né. Élevé par les chiens, par le maître de torture, par les histoires des prisonniers, il devient le chiot d’une belle princesse… Mais les contes sont cruels.
Mon avis : La narration de cette BD est assurée par un homme, un prisonnier, qui est là depuis tant de temps qu’il en a oublié son prénom. Mais il se souvient de cet enfant né d’une jolie prostituée, laid et mal-aimé, mais rêvant d’oiseaux et de soleil. Un enfant qui découvre avec le soleil, le dégoût qu’inspire son visage mais sans jamais sans plaindre. Histoire poétique, métaphorique et avec une petite touche de magie, Bouffon ne propose ni morale, ni final explosif. Juste l’histoire d’un enfant qui recherche de la tendresse.
Histoire très violente par ailleurs, sans que le trait de Porcel ne s’attarde sur l’horreur et reste pudique, permettant de suivre les aventures de Glaviot, l’enfant bouffon, et de sa mère, Anne. Dans un monde d’une dureté jaune, les touches de couleurs sont apportées par les yeux de l’enfant, et sa livrée de clown. Si l’histoire fait passer un message d’espoir, on ne sait s’il ne s’agit d’un vœu pieu ou d’une vraie fin, laissant au lecteur choisir ce qui lui plaît. Un récit ouvert, qui s’offre une couverture de toute beauté, pour un récit lent et baroque.
Au fait, savez-vous pourquoi les rivières quittent les montagnes pour rejoindre l’océan ?
Si vous aimez : les bulles de poésie triste.
Autour de la BD : Si le nom de Zidrou vous dit quelque chose, c’est qu’il s’agit du premier scénariste de L’élève Ducobu, ouvrage plus léger s’il en est.
En accompagnement : Un cocktail à base de vermouth, amer et frais.
Extrait : « Il n’y a pas trois jours, je prenais ton corps pour quelques pièces… Et aujourd’hui, c’est toi qui viole le mien pour quelques sous !
– Vous êtes le soldat gentil ?
– Parce que les autres sont toujours méchants ? »
Sortie : le 28 août 2015, éditions Dargaud, 64 pages, 14,99 euros.