On a Lu… Ça, c’est Choron !

Note de l'auteur

Virginie Vernay nous propose en cette fin d’année un très beau livre en l’hommage du Professeur Choron. Un peu de bonne humeur douce-amère pour les fêtes.

L’histoire : Né Georges Bernier, Le Prof’, professeur Choron, a été le père d’Hara-Kiri, du premier Charlie Hebdo et de rubriques bien grinçantes, de photomontages d’un culot incroyable, etc. Dans cet ouvrage réalisé par Virginie Vernay, on trouve non seulement des textes autobiographiques de Choron, mais aussi des interruptions de Cavanna, des témoignages de Delfeil de Ton, des dessins de Wolinski… Sans compter des extraits des journaux sus-cités et autres photos personnelles, des textes de chansons. Et une introduction par sa fille, Michèle Bernier.

Mon avis : Quel étrange et bel album. Si certes, Cavanna et Choron étaient fâchés, suite à la création d’un nouvel Charlie Hebdo sans ce dernier, c’est avec un regard doux, mais sans concession qu’on trouve des interjections de Cavanna dans les textes de l’ouvrage. Ça, c’est Choron ! devient un témoignage d’un humour gras, avec des femmes nues et qui arrive à être misogyne pour se moquer de l’humain en général (les valises Hermès avec deux femmes et une poignée dans le dos ?). Personne n’est vraiment épargné, c’est culotté, gras, parfois pas drôle, ça peut arriver. Bref, c’est un livre témoin d’une certaine époque, une autre période, qui est revu sous une drôle de lumière, presque un an après les attentats de Charlie… et c’est d’ailleurs ce qui lui donne un autre relief, une certaine amertume.

Alors, oui, j’avoue, j’ai menti, ce livre est paru il y a deux mois, y’a pas longtemps. Et puis, c’est pas vraiment une BD, même si c’est publié chez Glénat. C’est un bel ouvrage, sur un papier de qualité, rempli de lumière et de couleurs, de dessins qui font mal (limer ses doigts ou celui de quelqu’un d’autre, visuellement c’est gore) et ça faisait longtemps que je n’avais pas vu de romans-photos. On apprécie l’idée, les témoignages, dans ce livre divisé en différents chapitre sur sa vie, sa famille, ses journaux. Un joyeux fouillis organisé.

Ses soucis d’alcool, il en parle. Sa vie, franche, comme son humour. Ses plus belles couvertures, des photomontages incroyables (sérieux, la femme de Giscard à poil sur les genoux d’un émir ?), parfois un humour assez daté… Alors, on peut reprocher à l’ouvrage d’avoir fait l’impasse sur la brouille Cavanna-Choron, sa fin de vie, son éviction de Charlie Hebdo. C’est un peu dommage, mais comme il est précisé : « ce sera pour un autre livre » !

Si vous aimez : Le gros rouge qui tâche. Mais qui peut être aussi fin et plein d’ironie.

Autour de l’ouvrage : Les textes du professeur Choron sont issus en majorité de Vous me croirez si vous voulez, 1993, en collaboration avec Jean-Marie Gourio.

En accompagnement : un bon jus de poireau.

Extrait : « Je crois que pour les grands deuils, j’en ai terminé. Le prochain, ce sera certainement Cavanna. Il est quand même plus vieux que moi. Ça serait pas normal que je crève avant lui.
CHORON, 1929-2005

J’écrirai un jour la biographie du professeur Choron. J’attendrai pour cela qu’il soit mort. Si je meurs avant lui, il écrira la mienne. Le premier de nous deux qui mourra deviendra donc célèbre. L’autre, pour se consoler, gagnera beaucoup d’argent, car les biographies de gens célèbres se vendent bien. Nous n’avons donc ni l’un ni l’autre de souci à nous faire pour notre avenir. Et vous, ça va comme vous voulez ?
CAVANNA, 1923-2014″

Sortie : 21 octobre 2015, éditions Glénat, 381 pages, 39 euros.