On a lu…Captain America – Tome 1 & 2

On a lu…Captain America – Tome 1 & 2

Note de l'auteur
Tome 2

Tome 2

La sortie ce mois-ci du deuxième tome de Captain America par Rick Remender et John Romita Jr nous permet de découvrir la fin de leur première histoire sur la légende vivante. L’occasion pour nous de revenir sur la dernière série en date d’une des figures emblématiques de l’univers Marvel dont une des premières difficultés fut de passer après un run marquant. Malgré quelques défauts, l’aventure est au rendez-vous.

 

Au même titre que The Avengers, Uncanny X-men, Iron Man ou Thor, la série Captain America a vu arriver une nouvelle équipe créative à l’occasion de Marvel Now en 2012. Pour succéder à Ed Brubaker, c’est le tandem Rick Remender/John Romita Jr qui est appelé. Le premier est un des scénaristes vedettes de la maison des idées, il vient alors de clôturer la magnifique série Uncanny X-Force et se voit confier Uncanny Avengers que Marvel désire mettre en tête d’affiche de la relance de ses titres. John Romita Jr fait un peu partie des meubles. Il a tout dessiné chez Marvel et son empreinte reste encore présente sur des séries telles que The Amazing Spider-man, Uncanny X-men mais surtout Iron Man et Daredevil. C’est donc une équipe de choc qui débarque sur Captain America et il faut au moins ça pour passer derrière Ed Brubaker.

 

Scénariste de la série entre 2005 et 2012, il aura en effet apposé sa marque sur la série a tel point que le deuxième film Captain America se revendique clairement comme une libre adaptation de ses histoires. Cette affiliation inédite pour un run aussi récent s’explique notamment par la qualité factuelle de l’écriture de Brubaker mais également par une approche techno-thriller nourrie des oeuvres de Tom Clancy qui se marie très bien avec l’univers de Captain America. Ed Brubaker eu également l’audace d’avoir fait revenir à la vie Bucky Barnes, le sidekick de Captain America dans les années 40 et dont la mort fut un des moteurs narratifs du personnage durant de nombreuses années. En brisant un certain tabous chez Marvel (Bucky fut un des morts considéré comme intouchable), Brubaker va non seulement apporter du sang neuf à la série mais va également créer un personnage, le soldat de l’hiver, aussi impressionnant que destiné à rester dans l’univers Marvel.

 

 

Projeté loin de chez lui, Captain America se retrouve dans le monde inhospitalier de la Dimension Z. Pas de pays, pas d’alliés… la Sentinelle de la Liberté n’a plus rien à protéger ! À part, peut-être, le bien le plus précieux de son ennemi Arnim Zola : son fils !

 

 

 

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Steve et Ian

Plutôt que de suivre le chemin de son prédécesseur, Rick Remender va s’éloigner de l’ambiance « espionnage » de la série et va puiser ses références dans un passé plus lointain. Captain America qui combat des aliens n’est clairement pas quelque chose d’incongru. Outre qu’il bouffe de l’E.T au petit déjeuner avec ses potes Vengeurs, il a également un passif en matière d’aventure SF. Y revenir aujourd’hui présente plusieurs intérêts. Pour le nouveau lecteur cela permet de rentrer dans l’univers du personnage sans se sentir trop étranger à tout cela. Le lecteur fidèle quand à lui y trouvera une sacré bouffée de fraicheur. Pour Remender cette approche lui permet dans un premier temps de flirter avec un genre qu’il avait déjà exploré avec Fear Agent. Mais l’aventure dans la Dimension Z apparaît aussi comme un moyen pour Remender de s’approprier le personnage et de le replacer dans une situation intéressante pour la suite de l’aventure.

 

Captain America se définit en effet par son rôle d’icône hors de son époque. C’est notamment le décalage qui existe entre lui et son environnement qui fait le sel de ce symbole. Compte tenu de la nature même de l’univers Marvel et de la longévité du personnage au sein de celui-ci, ce décalage était forcément moins prégnant et moins pertinent. A charge pour Remender de trouver une astuce pour refaire de Captain America ce super-héros hors du temps. Pour cela il ne va pas hésiter à faire subir au héros un traitement de choc ! Plongé dans un monde où seule la loi du plus fort prévaut et où un de ses pires ennemis règne en maître absolu, Steve Rogers va devoir survivre au jour le jour durant plusieurs années.

 

Jet Black

Jet Black

On retrouve dans Captain America le même périple qu’endure Heath Huston. Il pourrait y avoir un monde entre un personnage rigide et l’alcoolique patenté de la série Fear Agent mais ces deux séries ont beaucoup en commun. Une aventure non-stop dans un univers SF où tout paraît possible combinée à une gestion du suspense donnant véritablement envie de découvrir la suite. On y retrouve surtout cette lutte désespérée chez des personnages à qui la vie n’a pas fait de cadeau mais qui resteront fidèle à leurs principes et cela même si le combat paraît vain.

 

Cette posture permet à Remender de replacer Captain America dans une stature de héros et de modèle dont l’influence sur son entourage et son environnement devient de plus en plus forte et marquante. On pense bien sur en premier lieu à Ian qu’il élève comme son fils mais peu à peu c’est également les peuples sous l’emprise de Zola qui vont suivre son exemple. Le summum sera d’ailleurs atteint avec le personnage de Jet Black, fille de Zola qui verra ses certitudes ébranlées face au héros étoilé. En jouant avec les flashbacks racontant la jeunesse misérable de Rogers dans le New-York des années 20 et 30, Remender confronte ses personnages à l’image du père et son influence. Qu’ils aient un lien biologique (Steve et son père) ou non (les créatures de Zola, Ian et Steve) tous vont devoir se confronter à cette image bienveillante ou tyrannique s’ils veulent évoluer.

 

Armin Zola

Armin Zola

En mode automatique et peu attrayant depuis quelques années que ce soit sur des séries Marvel (Avengers) ou plus personnelles (Kick-Ass), John Romita Jr retrouve ici sa gloire passée. L’encrage de Klaus Janson fait également beaucoup pour la qualité graphique d’un arc dont on regrettera par ailleurs un nombre trop important d’épisodes. En effet dix épisodes pour raconter le périple de Captain America dans la dimension Z sont peut-être de trop. Remender se perds dans son histoire et l’ensemble nous paraît bien long notamment dans sa deuxième partie. Si ce problème de rythme est amoindri par la compilation des épisodes en librairie il faut quand même avouer que cela fut parfois un réel problème en lecture mensuelle. On comprend que l’envie de Remender et de nous faire ressentir le périple du héros dans sa longueur mais on s’étonne que cette gestion du temps perdure au moment de la bataille finale.

 

Passer derrière le run d’Ed Brubaker était une gageure. Rick Remender a relevé le défi et a réussi s’approprier le personnage. Avec un peu d’audace et un nouvel environnement, il a su donner à Captain America une nouvelle dynamique tout en lui redonnant de la superbe via la mise en évidence de son rôle de modèle. Après une dernière case magnifique dans laquelle le scénariste prouve qu’il connait ses classiques, on est très curieux de la gestion des conséquences de cette aventure dans les mois à venir.

 

 

 

Captain America – Tome 1 et 2 (Mavel Now, Panini Comics, Marvel Comics) comprends les épisodes US de Captain America (V7) #1 à #10

Ecrit par Rick Remender

Dessiné par John Romita Jr

Prix : 14,95 € (tome 1) et 13 € (tome 2)

Critique basée sur les épisodes parus dans la revue Avengers Universe

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