On a lu… Cette machine tue les fascistes de Pécau, Mavric, Damien et Scarlett

On a lu… Cette machine tue les fascistes de Pécau, Mavric, Damien et Scarlett

Note de l'auteur

C’est l’histoire d’un char russe qui fit peur aux panzers avant de s’exporter pour combattre tous les fascistes du monde. L’odyssée du meilleur tank de 39-45 au service de l’antitotalitarisme et d’un empire qui se rapprocha de ce qu’il combattit. Prenant.  

L’histoire : meilleur char de la Seconde Guerre mondiale, le « Josef Stalin-2 » va bourlinguer ses chenilles un peu partout sur la planète pendant plus de 50 ans. Du bourbier de Seelow aux combats de rue de Berlin ou Prague, de la baie des Cochons aux plages d’Angola, ce char traverse les époques et les conflits du XXe siècle. Au point de s’échouer tout en haut des montagnes afghanes de Tora Bora en 2001. L’incroyable aventure d’une arme qui avait pour but de tuer des fascistes. Tout simplement.

Mon avis : cette fresque historico-romancée au travers du prisme de ce char précurseur est captivante. Tout comme le destin de son créateur dans la BD. Sergeï Souvarov qui ne peut se résoudre à quitter « son » bébé. Le 500e du genre. À cette occasion, cette gueule cassée à Stalingrad avait obtenu du commissaire politique un improbable privilège. Celui de pouvoir inscrire sur la tôle de sa 500e création une mention spéciale « Cette machine tue les fascistes », un slogan que l’on doit à un chanteur américain (si, si). Lors de cette fameuse bataille de la dernière chance pour l’ours russe, cet ingénieur a perdu un œil et a été obligé de « suicider » sa famille, rongée par le typhus et promise à une mort affreuse.

Son ressentiment et sa haine, non pas envers le peuple allemand mais contre le peste brune mondialisée, Souvarov les a mis dans ce qu’il appelle aussi « La machine. » Berlin, Prague, La Havane de près et Luanda de loin, il l’accompagnera jusqu’à sa mort dans une HLM de Moscou. Seule sa volonté de revanche lui permettra de survivre et même d’aimer probablement à nouveau dans la Sierra maestra de Fidel. Homme et char se confondent et l’on viendrait presque à croire que « La machine » a une vie intérieure propre.cette-machine-tue-les-fascistes

La couverture est impressionnante, avec le canon du char qui vise le lecteur et le trait de Damien précis et tranchant. Lui et Pécau, le gros bosseur qui revient à ses premières amours, ont l’habitude de travailler ensemble (Les Fées noires, Arcane majeur…) et la complicité scénario – dessin est évidente. La patte artistique de Mavric est aussi bien présente dans ce récit complet.

On a pris du plaisir à revisiter cinq décennies d’histoire et on a presque eu un brin de nostalgie au bout des 80 pages. On eut aimé que cela se prolonge plus avant. Heureusement, un cahier technique de huit pages nous a rajouté une petite cerise sur le gâteau déjà copieux. Huit pages qui contextualisent les différents tanks utilisés et qui donnent une dimension plus technique à l’ouvrage. Il est par ailleurs intrigant d’apprendre que le meilleur char de la Seconde Guerre mondiale devait se déplacer avec son canon pointé vers l’arrière, de peur de le planter dans le sol… Une aubaine pour l’ennemi qui n’a pas empêché La machine et ses consœurs d’en tuer des milliers.

Si vous aimez : Fury de David Ayer ou que vous vous perdez à World of Tanks sur PS4.

En accompagnement : All You Fascists Bound to Lose sur les oreilles de Woody Guthrie, l’anarcho-coco ricain qui avait inscrit sur sa guitare « Cette machine tue les fascistes ».

Extraits: « Elle a été torturée pendant des jours sous Batista, elle a bien failli mourir. »

« Je le savais. »

« Elle t’en a parlé ? »

« Non, je l’ai vu dans ses yeux. Nous sommes pareils. Nos fantômes nous accompagnent. »

Sortie: 2 mars 2016, 88 pages, Delcourt, 17,95€.

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