On a lu… Cognac (1 – La part des démons) de Chapuzet, Corbeyran et Brahy

Note de l'auteur

Un polar en cognac, rien de plus logique avec le célèbre festival éponyme… Anna, photographe fatiguée, est plongée dans une histoire où s’entremêlent son passé familial et l’amour de sa région. Détective amatrice, elle va devoir faire fort pour découvrir la vérité.

L’histoire : photographe de guerre, Anna-Fanély Simon en a fait le tour. Cela tombe bien le National Geographic lui commande une pige sur le boom du cognac. Charentaise de naissance, la jeune femme revient aux sources mais apprend le décès de sa meilleure amie d’enfance. Une histoire sordide et un drame familial auquel elle ne croit pas. Elle décide de mener sa propre enquête pour résoudre ces incohérences. Tout en dégustant des verres de cognac de plus en plus enchanteurs.

Mon avis : que du bonheur ! Cette quête de vérité au milieu des vignes de l’AOP cognac nous permet une sacrée balade éthylique. C’est en creux, mais les creux où on aime à se lover, une découverte didactique du monde du cognac. En lisant le premier tome de cette série prévue en trois, vous serez incollable sur ces nectars qui séduisent tant à l’international. Les crus (Grande champagne, fins bois, borderies…), les étiquettes (VS, VSOP, XO ou Napoléon), la manière de les fabriquer (un vin qui devient une eau-de-vie et qui est élevée ensuite…) ou la découverte des caves et même du paradis (!), c’est juste captivant. Et vous donne envie d’aller de ce pas chez votre caviste préféré. Rien que pour cela, cette BD vaut le coup d’être lue.

Il y a aussi d’autres raisons qui poussent à y fourrer le nez. L’intrigue est prenante même si on s’aperçoit bien vite que cette chère Anna est la cousine de Wonder Woman. Bon, la photo de guerre, c’est fait. En Somalie, en Irak ou au Rwanda. Le journalisme, c’est tout bon aussi avec cette enquête commandée par un prestigieux magazine international. La cambriole, on y est, pareil. Avec une facilité déconcertante, elle joue les monte-en-l’air et dresse même un pitbull à coup de tatanes. Les courses poursuites, elle maîtrise même avec une voiture de loc’. Et à la fin (ou au début dans cet opus), elle s’interroge même sur son orientation sexuelle après avoir largué la fille du « Pibe de oro », sa Majesté Diego Armando Maradona.

Elle a trop de qualités cette Anna, drivée par ce bon vieux Monsieur Fernand qui en sait beaucoup (trop ?) sur cette affaire, mais elle nous emmène sur le porte-bagages face à cette intrigue que l’on pressent peu évidente à démêler car le premier des suspects meurt à la fin du tome initial en épaississant encore le mystère. Dans cette région idyllique, il n’y a pas que d’honnêtes travailleurs de la terre, il y a aussi des salauds et des minus qui convoitent des flacons préphylloxériques (antérieurs à l’arrivée du phylloxéra en 1863…). Au point de tuer pour ces joyaux ? La suite nous le dira. D’où le titre « La part des démons » qui fait référence à la part des anges, ce volume d’alcool qui s’évapore pendant le vieillissement en fût.

Avec Corbeyran, le Bordelais amoureux du vin et auteur prolifique, et Chapuzet, journaliste et petit-fils de distillateur de cognac, le scénario ne pouvait que taper dans le mille.

Si vous aimez : Le Sang de la vigne avec Pierre Arditi et Claire Nebout et les 12 romans policiers d’Agatha Christie avec son héroïne Miss Marple.

En accompagnement : un macaron au chocolat avec un verre (ou deux) de la « liqueur des Dieux », chère à Victor Hugo, un cognac XO de la maison Frapin, par exemple.

Extraits :

Anna : « Dites-moi Fernand, dans le planning que vous nous avez concoctés, je me demande si on ne pourrait pas compresser un peu et rapprocher certains rendez-vous ? »

Fernand : « Vous les Parisiens, vous avez la montre. Nous, on a le temps. » (…)

Fernand : « Il faut beaucoup de temps pour faire un cognac digne d’intérêt… Et beaucoup de temps pour le comprendre ! »

Sortie : 27 janvier 2016, Delcourt, 48 pages, 12 €.