On a lu…Flash Anthologie

On a lu…Flash Anthologie

Note de l'auteur

flash-anthologie-comics-volume-1-tpb-hardcover-cartonnee-220362Attendue depuis des mois, l’anthologie consacrée au bolide de Central City est enfin dans nos mains. Contrairement au super-héros au collant rouge, nous avons pris notre temps pour dévorer un ouvrage recelant de nombreuses perles et replaçant Flash au centre de l’univers DC.

 

« Si Superman est l’âme de l’univers DC alors Flash en est le cœur » écrivions-nous à l’occasion de la sortie en librairie de Flashpoint. Avec la sortie de Flash Anthologie, cette affirmation prend encore plus son sens. A elle seul, la figure de Flash concentre bon nombre des spécificités de l’éditeur : la naissance de l’Âge d’argent, le Multivers, la transmission intergénérationnelle, les différentes « Crises » qui redistribuent les cartes de l’univers DC etc etc. Bien plus qu’un modèle, Flash est une balise dont les aventures sont autant de points d’ancrages et de marqueurs historiques pour le lecteur. Ceci est d’autant plus important que Flash est une identité qui fut portée par plusieurs personnes ayant chacune marquées le titre.

 

Au contraire d’un Batman qui restera à jamais Bruce Wayne malgré l’intérim de Jean-Paul Valley puis de Dick Grayon, l’identité de Flash est fortement liée à plusieurs personnages : Jay Garrick, Barry Allen et Wally West¹. On pourrait croire que cette diversité causerait des difficultés dans l’élaboration de l’anthologie. Il n’en est rien. En s’appuyant sur plusieurs fils rouges pour la sélection des épisodes, Urban Comics établit un ouvrage s’avérant aussi solide que les anthologies consacrées à Superman ou Jack Kirby. La vingtaine de récits proposés permettent ainsi au lecteur d’avoir un vaste panorama du personnage, de l’univers DC et d’avoir des points de références pour des futures lectures.

 

Showcase_4Trois personnages pour trois Âges. Apparaissant en 1940 dans Flash Comics #1, Jay Garrick représente l’Âge d’or des comic-books là où Barry Allen et Wally West représenteront respectivement l’Âge d’argent et l’Âge moderne. Très naturellement on constatera une évolution dans les intrigues et le graphisme. Tandis que les premières deviendront plus intense et moins manichéenne, le deuxième deviendra de plus en plus fouillé et recherché. L’anthologie a toutefois la particularité d’établir plusieurs ponts entre ces époques et de mettre ainsi en évidence l’aspect d’héritage profondément lié à Flash. Ces ponts s’expriment à travers plusieurs récits qui se répondent l’un à l’autre. Ainsi Showcase #4 nous montre un Barry Allen devenir Flash en s’inspirant des aventures de Jay Garrick qu’il lisait dans les comics tandis que le lecteur va suivre Wally West depuis sa prime jeunesse en tant que Kid Flash jusqu’à son mariage et la reprise du flambeau en passant par son adolescence chez les Teen Titans.

 

Mais ces ponts existent aussi de façon plus concrète par la présence d’artistes ayant oeuvré sur la série pendant des décennies. Et qui dit Flash, dit Carmine Infantino. Le dessinateur s’occupa en effet des aventures de Flash pendant plus de quinze ans. L’anthologie se fait l’écho de la quantité de travail abattu par l’auteur en proposant cinq épisodes de Flash. Répartis sur dix-sept ans (entre 1949 et 1966) ils nous permettent de constater l’évolution du style de l’auteur et de se rendre compte du talent d’un homme trop eu reconnu encore aujourd’hui. Écrire et dessiner Flash est quelque chose d’unique. On le ressent à la lecture de l’anthologie, ce personnage tient une place particulière pour les auteurs.

 

Flash_v.2_134« Flash est le plus cool des super-héros » écrivit Grant Morrison. L’homme le plus rapide du monde est le vecteur parfait pour des intrigues folles, trépidantes et dont on ressort toujours en devant reprendre notre souffle. Autre fil rouge de l’anthologie, la confrontation de Flash à des situations auxquelles il est difficile de survivre est au cœur des meilleurs épisodes de l’ouvrage. On pense en premier lieu à Zéro Mort, (Flash,V2, #54) de William Messner-Loebs et Greg LaRocque dans lequel le héros va devoir sauver les passagers d’un avion victime d’un attentat en plein vol. Un très bel épisode qui se démarque par sa volonté de respecter le code de conduite du personnage à une époque où le Punisher et les héros bestiau d’Image étaient les plus populaires.

 

Car si par le passé la série a pu être très dramatique (notamment lors du run de Cary Bates et du procès de Flash concluant la série avant la mort de Barry Allen), Flash reste la série lumineuse par excellence. Le super-héros autant que ses alter-ego est un personnage posé et bon par nature. C’est ce que nous rappelle l’épisode Cher papa, cher maman (New Teen Titans #20) mais surtout le magnifique La vie tranquille à pleine vitesse (Flash, V2, #134) dans lequel Grant Morrison et Mark Millar pose un discours sur l’évolution du super-héros à travers les décennies et rendent hommage à Jay Garrick dans une histoire bouleversante. On serait tenté de dire qu’il s’agit du meilleur épisode de l’ouvrage si celui-ci n’en proposait pas d’autres tout aussi fort que ce soit sur le plan visuel (Origines Secrètes par Alex Ross, Kid Flash, deuxième jour par Humberto Ramos ou bien encore Hors du temps par Mike Wieringo) que sur le plan scénaristique avec des épisodes comme Un marié de trop de John Broome avec le Néga-Flash, Flash de deux mondes de Grant Morrison et sa relecture du célèbre épisode Flash #123 (qu’on peut lire dans DC Anthologie) ou bien encore les épisodes extraits de Wednesday Comics écrit par Brenden Fletcher et Karl Kerschl. Récit de SF assez incroyable par sa densité et ses multiples niveaux de lectures. On notera toutefois que pour respecter le format particulier de ces épisodes, le lecteur doit pivoter l’anthologie dans le sens de lecture horizontal. Compte tenu de l’épaisseur du livre, la lecture n’est pas forcément des plus pratiques.

 

Comme d’habitude nous attendions avec impatience de lire certains épisodes (le mariage de Barry, Secret Origins #50, l’épisode de Mark Waid et Mike Wieringo) et nous renfermons l’ouvrage en étant transporté par d’autres tels que l’épisode des New Teen Titans, Zéro Mort et, surtout, La vie tranquille à pleine vitesse. Agrémentée d’articles et de multiples iconographies qui complètent bien l’ensemble, Flash Anthologie est une œuvre remarquable destinée à devenir une référence. Elle se révèle d’autant plus une réussite pour un personnage emblématique mais à la présence médiatique moins marquée chez nous que Batman ou Superman.

 

 

 

Flash Anthologie (DC Anthologie, Urban Comics, DC Comics) comprends les épisodes US de :

  • Flash Comics #1 – Écrit par Gardner Fox et dessiné par Harry Lampert
  • Flash Comics #104 – Écrit par Robert Kanigher et dessiné par Carmine Infantino
  • Showcase #4 – Écrit par Robert Kanigher et dessiné par Carmine Infantino
  • Flash #110 – Écrit par John Broome et dessiné par Carmine Infantino
  • Flash #129 – Écrit par Gardner Fox et dessiné par Carmine Infantino
  • Flash #165 – Écrit par John Broome et dessiné par Carmine Infantino
  • DC Special Series #1 – Écrit par Cary Bates et dessiné par Irving Novick
  • New Teen Titans #20 – Écrit par Marv Wolfman et dessiné par George Pèrez
  • Secret Origins #50 – Écrit par Grant Morrison et dessiné par Mike Parobeck
  • Flash (V2) #54 – Écrit par William Messner-Loebs et dessiné par Greg LaRocque
  • Flash (V2) #91 – Écrit par Mark Waid et dessiné par Mike Wieringo
  • Flash (V2) Annual #8 – Écrit par Tom Peyer et dessiné par Humberto Ramos
  • Flash (V2) #134 – Écrit par Grant Morrison et Mark Millar et dessiné par Paul Ryan
  • Flash (V2) #174 – Écrit par Geoff Johns et dessiné par Scott Kolins
  • JLA Secret Origins – Écrit par Paul Dini et Alex Ross et dessiné par Alex Ross
  • DC Comics Presents The Flash #1 – Écrit par Jeph Loeb et dessiné par Ed McGuinness
  • Justice League of America (V2) #20 – Écrit par Dwayne McDuffie et dessiné par Ethan Van Sciver
  • Wednesday Comics #1 à #12 – Écrit par Brenden Fletcher et Karl Kerschl et dessiné par Karl Kerschl
  • Flash (V4) #0 – Écrit par Brian Buccellato et Francis Manapul et dessiné par Francis Manapul
  • Flash Season Zero #1 – Écrit par Brooke Eikmeier, Andrew Kreisberg et Katherine Walczak et dessiné par Phil Hester

 

Prix : 25,00 €

¹ Seule exception notable, Bart Allen dont le trop court passage ne marquera pas les esprits.

Partager