
On a lu…Goldorak de Go Nagaï – One shot
Pour Fêter dignement les 40 ans de Goldorak, quoi de mieux pour ce faire que de se remettre dans le bain avec la lecture de l’oeuvre d’origine? En effet, Go Nagaï n’a jamais été représenté correctement dans l’héxagone. Mais c’est maintenant chose faîte grâce au travail passionné de l’éditeur Black Box. Et si ce dernier annonce cinq titres à venir de l’auteur (Dont une version complète et corrigé de Devilman!), il est tout à fait normal d’ouvrir le bal par sa création la plus connue!
Préambule : Goldorak existe avant tout au travers de deux éditions différentes (1). Une série de 4 volumes, dont Go Nagaï est le scénariste et dessiné par Gosaku Ota, sorti en 1998 et surtout, un one shot, crée de A à Z par l’auteur himself en 1975, qui a permis de donner vie à l’écran le dessin animé que l’on connait bien. C’est de cette oeuvre totalement inédite en France dont je vais vous parler aujourd’hui. Nous reviendrons plus tard sur l’autre édition à l’occasion d’un prochain billet.
Goldorak Go!
Dès les premières pages, impossible de s’y tromper. Le manga possède cette empreinte que l’on a connu étant enfant, qui vous ramène immédiatement des années en arrière. L’arrivée d’Actarus, son adoption par le professeur Procyon, le ranch, Alcor et bien sûr, Goldorak et l’armée de Vega. L’histoire, pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore, est un pur archétype du genre et reste identique, tout du moins dans les premiers chapitres, à l’anime que tout le monde connait: Intronisation de son héros, de sa double identité, de ses amis et de sa volonté de défendre la Terre, lui qui a vu son peuple exterminé et sa planète détruite. Puis le mangaka n’hésite pas dans la deuxième partie à surprendre le lecteur sur deux aspects étonnants, surtout pour les lecteurs de l’hexagone qui ne connaissent que la version petit écran.
L’art du crossover
Le premier aspect est de faire intervenir d’autres créations robotiques de l’auteur crées auparavant dans d’autres œuvres pour épauler ou affronter notre héros d’antan. En effet, Goldorak n’a pas été le premier robot à défendre la Terre avant sa venue. En 1972, l’auteur a littéralement marqué les esprits au japon en signant le premier mecha géant avec un concept révolutionnaire pour l’époque, en placant le pilote à l’intérieur de l’habitacle. Mazinger Z est son nom et son héros en surprendra plus d’un puisqu’il s’agit de Alcor (Koji Kabuto en VO)! Puis un autre robot pris sa place, appelé Great Mazinger, piloté cette fois-ci par le fils adoptif du père d’Alcor, ce dernier lui laissant le champ libre pour finir ses études dans l’aérospatiale… qui prennent fin au début de Goldorak. Les deux robots interviennent donc en assistant le prince d’Euphor dans un chapitre face à un Golgoth (réduisant considérablement l’omnipotence suprême du Goldorak de l’anime pour le coup) puis pour l’affronter via un mind control de la part de Vega. Au-delà du sempiternel combat en soi, Nagaï n’hésite pas à balancer un cross-over immédiatement entre Goldorak avec ses deux précédents titres, lui donnant une énergie passionnante à la lecture.
Une violence inattendue
L’autre aspect est bel et bien celui d’un parti-pris très cruel sur les dommages collatéraux, ici fortement mis en exergue. Hommes, femmes et même enfants meurent sous nos yeux de manière fortement prononcée, pour ne pas dire de manière extrêmement sadique. La sauvagerie du génocide des habitants de la planète d’Euphor en illustre totalement le propos, culminant à son paroxysme avec une séquence hallucinante où Great Mazinger frappe Goldorak avec… des enfants accrochés aux poings! Beaucoup moins reluisant dans l’héroïsme donc, les pertes sont ici légion et en choqueront plus d’un, encore plus pour ceux qui apprécie l’univers du robot géant, beaucoup plus grand public, comme chacun sait, dans sa version anime.
Du one-shot à la série culte
Un seul manga pour une série de 74 épisodes, cela peut surprendre. Et pourtant, il contient suffisamment de matière pour accoucher de l’anime culte de la Toei. Si ce one-shot se termine de manière totalement ouverte, cela n’est pourtant pas dérangeant. Il clôture au moins son arc narratif et se lit sans discontinuer, d’une traite, avec beaucoup de plaisir. Paru en 1975, le dessin d’époque garde intact le dynamisme que l’on a connu naguère: A base de coups et de combats spectaculaires entres robots et golgoths, le trait est vif, impeccable, très soutenu dans l’action et mérite amplement le détour, rien que pour découvrir la face la plus sombre de Goldorak. Cela ne conviendra certainement pas à tout le monde certes, l’image d’Épinal du robot étant une véritable madeleine de Proust pour toute une génération. Mais l’efficacité du récit et les ramifications aux autres œuvres de Go Nagaï fait que indéniablement, on a envie de se replonger dans cet univers bourré d’idées, inventif et qui a donné ses lettres de noblesse aux mechas modernes comme Gundam ou encore Macross (2).
Une édition de qualité.
Pour les 40 ans du robot le plus célèbre de l’hexagone, Black Box met les petits plats dans les grands. Cette première édition bénéficiera de pages couleurs, voire en bichromie imprimées sur un papier de très belle qualité pour garantir la plus grande longévité au titre. Un travail soigné pour garder de manière intacte une oeuvre vieille de quatre décennies. A noter que l’édition bénéficie des noms utilisés dans la version française de l’anime. Un parti-pris éditorial facilement compréhensible pour les téléspectateurs de la première heure, afin de garder intact leur nostalgie d’antan. Les puristes râleront mais les vieux de la vieille comme moi seront ravis de cette décision! Bref, en un mot comme en cent, voilà plus de deux cents pages de pur plaisir, à coup de rétro-lasers, de fulguropoings et de corno-fulgures qui raviront la majorité des lecteurs. Mais ne vous y trompez pas: Goldorak reste une oeuvre extrêmement violente qui ne ravira pas tout le monde, et qui n’est pas véritablement conseillé à nos chers petites têtes blondes.
Nous reviendrons bientôt sur la série en 4 tomes, paru en 1998, ouvrant sur un angle inédit, l’histoire tel que Go Nagaï la souhaitait. Et au vu de la lecture du tome 1 et 2, c’est franchement passionnant, des origines des Golgoths en passant l’utilisation globale de la série Great Mazinger comme point d’ancrage. Stay tuned!
(1) En relié, il n’existe que deux séries sur Goldorak. Néanmoins, il existe aussi d’autres versions qui n’ont jamais connu de publications autres que celle de leur prépublication hebdomadaire.
(2) Série connue sous le nom de Robotech, diffusée à l’époque sur la chaîne de feu La 5.
Goldorak de Go Nagaï- One shot
Il existe au Japon une autre edition du manga, plus complete, parue chez Mangashop … En fait les chapitres dessines par Go Nagai (seul des deux auteurs credites du one shot)sont presents mais pas les deux crossovers dessines par Ken Ishikawa (non credite)… Par contre l’histoire, continuee dans le magazine de prepublication par Yuu Okazaki, voit les 14 chapitres qui lui manquaient pour completer l’histoire etre reedites dans l’edition japonaise par Mangashop dont bizarrement… Black Box comme J-Pop n’ont pas eu les droits, nous privant de la fin de cette version.
Pour l’autre version, Go NAGAI EXIGE D’ETRE CREDITE EN TANT QUE SCENARISTE MAIS N’A AUCUNEMENT PARTICIPE AU TRAVAIL DE GOSAKU OTA…. Il a lui meme declare un jour n’etre aucunement l’auteur de cette version mais exige d’etre credite au scenario pour avoir cree les personnages et le synopsis de la serie originale…
Enfin il faut savoir que l’histoire n’a pas ete reboote ensuite pour faire la manga de Ota: les versions Ota/nagai et Imamishi de Goldorak ont debutees en manga le meme mois (Octobre 1975) dans des magazines differents: TV MAGAZINE, TV LAND et BOUKEN OH… Il y en a aussi de sversions plus enfantines dans le smagazines japonais OTOMODACHI et DISNEYLAND. Go nagai est credite au scenario pour les trois mais n’a participe activement que 5 mois et uniquement a la version prepubliee par TV MAGAZINE dont les premiers episodes sont regroupes dans ce one shot avec les deux Hors Serie ecrits par Ken Ishikawa dans de snumeros speciaux du magazine.
J’espère que les 14 chapitres parus dans l’édition de Mangashop seront un jour publiés en France.