On a lu…Hulk – Futur Imparfait de Peter David et George Pérez

Note de l'auteur

Ma vie s’éteint, la vue se brouille, il ne reste plus que le souvenir. Je me souviens d’un temps ou régnait le chaos, un temps de rêves brisés, de terres dévastées… Mais par-dessus tout, je me souviens du titan vert. L’homme que nous appelions Hulk.

Les histoires se déroulant dans un futur apocalyptique ou post-apocalyptique, ce n’est pas ce qui manque chez Marvel (ainsi que chez DC). C’est même devenu une espèce de tradition avec les X-men chez qui on ne compte plus le nombre de futur où l’humanité et les mutants vivent dans un monde ravagé par la guerre et leurs conneries. Toutefois au moment de sélectionner un récit pour cette chronique dans le cadre de notre semaine Mad Max, le choix fut très rapide.

Le futur. Les survivants d’une guerre nucléaire ayant causée la mort de la totalité des super-héros vivent tant bien que mal sur une Terre dévastée et ravagée par les radiations. Un seul être est ressorti grandi de cette guerre, celui qu’on appelle le Maestro. Ce colosse fut insensible aux radiations provoqué par les bombardements et tandis que les humains se cachaient dans des abris, il resta sur la surface où il construisit une cité afin d’assoir son pouvoir. Désormais il règne en despote et seule une petite poche de résistants s’oppose à lui. A leur tête, un Rick Jones âgé et sénile qui vit dans un musée souterrain entouré des centaines de reliques de ses camarades morts. Parmi elles se trouvent la machine à voyager dans le temps de Fatalis. Décidés à vaincre le Maestro, les résistants utilise la machine et vont chercher le seul être capable de le vaincre : celui qu’il était dans le passé, l’incroyable Hulk.

Mini-série en deux épisodes volumineux, Hulk : Futur Imparfait, pose un simple constat tranchant dès le départ avec la problématique souvent posée dans ce type de récit chez Marvel. Pas question ici de trouver un moyen pour changer le futur apocalyptique tel qu’ont pu le faire les X-men survivants dans Days of Future Past. Dans Futur Imparfait, celui-ci est acquis et immuable. Ce qui compte c’est de préparer un lendemain meilleur en éliminant le tyran. Une tâche qui se révélera bien ardu tant l’expérience du Maestro se révèle être un atout considérable face à un Hulk pourtant immensément puissant. Avec sa société où seuls les plus forts peuvent espérer survivre un jour de plus au sein d’une ville/souk immense et entouré par un désert sans fin, le futur décrit dans ce récit est somme tout classique. L’espoir n’a pas sa place et l’humain est une marchandise.

Cette vision très classique du futur post-apocalyptique (héritière, o surprise, de Mad Max 2 et sa suite) n’est en rien un problème tant elle est illustrée de main de maître par le grand George Pérez. Celui qui a dessiné les magnifiques New Teen Titans, le cataclysmique Crisis on Infinite Earths et la relance grandiose de Wonder Woman offre encore une fois un travail remarquable qui magnifie les exploits du titan vert. Autre homme clé du récit, le scénariste Peter David s’appuie sur ce classicisme pour donner à Hulk un némésis d’autant plus terrible qu’il est la représentation de ce que le personnage a peur de devenir. Publié en 1992, Futur Imparfait s’inscrit en effet dans le run du scénariste sur la série The Incredible Hulk dont il est aux commandes depuis cinq ans. C’est lui qui fera évoluer le monstre vert et qui proposera la version d’un Hulk intelligent, fort et drôle que les lecteurs français de l’époque ont pu découvrir sous le dessin de Dale Keown dans la revue Hulk¹.

Contrôlant sa colère, Hulk est devenu un héros charismatique et incroyable qui met sa force au service de la justice mais la crainte de retomber dans ses accès de rage destructrice est toujours présente. En créant le Maestro, Peter David concrétiste les pires cauchemars de Hulk. Ce dernier est l’incarnation ce qu’il pourrait facilement devenir, un être mauvais et cruel qui prend ce qu’il veut et quand il le désire. La bataille homérique qui a lieu se joue alors sur différents plans. Une lutte pour faire tomber le tyran mais également un combat interne pour ne pas sombrer de nouveau dans ses plus bas instincts. Ultime demi-dieux de cette époque, Hulk va faire preuve d’un héroïsme d’autant plus grand que le récit l’oppose à un être qui en a perdu toute notion. Les jeux de miroirs sont multiples dans Futur Imparfait et vont jusqu’au bout de leur logique dans un final mêlant habilement mort et naissance.

Mini-série grandiose pour personnage colossal. Hulk – Futur Imparfait est un récit post-apocalyptique digne des plus grand dans lequel le héros se révèle la aussi un homme qui a tout perdu et qu’un rien peut faire sombrer dans la folie la plus totale. Parmi les grands récits consacrés au titan vert, l’œuvre de Peter David et George Pérez s’affirme comme l’un des plus grands.

Hulk – Futur Imparfait – Publié précédemment par Semic (Top BD n°41) et Panini (100% Marvel, Hulk – Tome 1 : Futur Imparfait)

Ecrit par Peter David

Dessiné par George Pérez

¹ Et que les jeunes lecteurs pourront découvrir bientôt avec la réédition de ces épisodes dans l’intégrale Hulk