
On a lu… Crueler than Dead (T.01) de Tsukasa Saimura et Kôzô Takahashi
Zombies, morts-vivants, goules, les mangeurs de viscères et de chair fraîche, n’ont pas fini d’alimenter l’imaginaire parfois tordu d’un grand nombre d’auteurs. Même si l’aura tutélaire de ses aînés, la saga de Romero et The Walking Dead plane, Crueler than Dead va plutôt chercher son inspiration du côté de Dawn of the Dead ou encore World War Z. Avec l’arrivée de ce nouveau titre dans son catalogue, Glénat joue la carte du seinen trash et percutant à défaut d’être vraiment original. Attention aux coups de dents… !
Maki Akagi se réveille dans un labo rempli de cadavres. Rapidement, elle apprend qu’elle doit le fait d’être en vie à une expérience. Car oui, Maki était comme eux, il y a encore peu de temps. Eux, ce sont ceux que l’on appelle les Oz, des humains devenus des créatures bestiales et déchaînées, prêtes à tout pour bouffer de la cervelle ou tout autre partie de votre corps. Bref, même si le terme n’est jamais utilisé, on est bien face à une attaque de zombies. Mais pas de ceux qui vont à deux à l’heure et qui se traînent avec difficulté. Non, ici, c’est du zombie survitaminé, comme dopé aux amphétamines, qui court et bondit. Du coup, ça devient un peu plus chaud. En possession du vaccin permettant de redevenir humain et accompagné par un jeune garçon trouvé par hasard, Maki va tenter de rejoindre le Tokyo Dôme, dernier rempart face aux hordes affamées. Comme le dit si bien la quatrième de couverture : « Personne ne sait d’où c’est parti… Mais quand le monde a enfin réalisé ce qui se passait il y a un an, tout était déjà foutu. »
Ce sous-genre qu’est le survival en mode invasion de morts-vivants, a quelque peu de mal à se renouveler et en fin de compte, c’est un peu normal. En dehors de quelques rares exceptions (coucou Shaun of the Dead), le principe de base est toujours le même et les rouages qui régissent ce type de récit, reposent tous sur un fonctionnement identique. Le héros, en l’occurrence ici, l’héroïne, se réveille, ignorant tout des événements en cours. S’en suit une première rencontre avec un autre survivant, puis la route jonchée de cadavres décharnés pour atteindre une terre promise, ce potentiel Eden qui s’avère la plupart du temps, être un mirage total. La petite variante ici, vient du fait que Maki a déjà été un Oz et qu’elle a eu la chance de recevoir le vaccin. Quelques heures auparavant, bien qu’elle ne s’en souvienne pas, elle aussi, elle s’adonnait à un cannibalisme débridé. Elle en prend d’ailleurs un peu plus conscience lorsque, prise de nausée, elle vomit un doigt humain. La possession de ce vaccin change la donne puisque le fait de se faire mordre, malgré les petits inconvénients que cela engendre, n’est pas irréversible. Une lueur d’espoir existe donc.
Avec Crueler than Dead, titre en seulement deux tomes, les auteurs, Tsukasa Saimura et Kôzô Takahashi (qui seront présents à la Japan Expo dans quelques jours) n’en sont pas à leur coup d’essai. En effet, ils se sont fait les dents sur les titres Igai et Tokyo Undead (Tokyo, Summer of the Dead chez nous) et semblent du coup, se spécialiser dans le genre. Ce qui fait la vraie force de Crueler than Dead, c’est incontestablement son dessin. Précis et minutieux, le graphisme évoque avec force celui de Katsuhiro Ōtomo. Les décors urbains se déploient sur de pleines pages, la palette d’expressions des personnages est large et le détail apporté aux corps en décomposition est assez poussé. Graphiquement, le titre parvient à se démarquer du tout-venant en offrant un trait adulte à la force évocatrice sans pareille. Même si les auteurs ne nous offrent pas avec ce premier tome, quelque chose de bien nouveau à se mettre sous la dent, ils ont au moins le mérite de le faire correctement. Crueler than Dead ne vous retournera pas le cerveau mais vous promet un agréable et sanglant moment de lecture. Peut-être le tome 2 saura-t-il apporter une pointe de surprise à un genre qui en manque cruellement ? Je l’espère !
Crueler than Dead (T.01) de Tsukasa Saimura et Kôzô Takahashi, aux éditions Glénat