On a lu…Daredevil de Mark Waid

On a lu…Daredevil de Mark Waid

Note de l'auteur
Marvel Saga HS n°1

Marvel Saga HS n°1

Voici…DAREDEVIL ! A l’occasion de la sortie en kiosque de deux Marvel Saga hors-série (le premier actuellement, le deuxième au mois de janvier) compilant les derniers épisodes de la série, il nous semblait absolument nécessaire de revenir sur le run de Mark Waid qui signe ici l’un de ses meilleurs travails et une des meilleures………ho puis zut ! La meilleure série Marvel de ces dernières années. Rien que ça.

 

Publiée à partir du mois de septembre 2011, la nouvelle série Daredevil, au même titre que la série Uncanny X-force de Rick Remender, peut se voir comme une sorte de précurseur à l’ensemble des séries qui démarrèrent à l’occasion de Marvel Now. En effet sans effacer la continuité précédente et en confiant les rennes à un scénariste reconnu et un artiste au style marqué, cette nouvelle série se voulait un nouveau départ pour le personnage ainsi qu’une porte d’entrée accessible pour de nouveaux lecteurs. Volonté qui sera au cœur des choix artistiques pour Marvel Now un an plus tard. Ce nouveau départ permis également à des anciens lecteurs qui auraient lâchés la série depuis un moment, et on les comprend, de remonter dans le train.

 

On les comprend car après un run assez magistral de Brian Bendis (où les défauts habituel de l’auteur furent relativement mis en veilleuse) et la suite excellente d’Ed Brubaker, la série sombra dans le n’importe quoi sous la plume d’Andy Diggle (qui nous avait pourtant habitué à mieux) qui décida de faire de Daredevil le chef de La Main (secte de ninjas assassins) et de le faire basculer du coté obscur de la force. Bien qu’il soit un héros connu et apprécié pour son aspect torturé et les malheurs qu’il doit affronter, cette période fut comme un point de non-retour mettant en valeur qu’on ne pouvait pas forcément faire tout et n’importe quoi avec le gardien de Hell’s Kitchen et que la thématique de la descente aux enfers à ses limites. Faisant revenir Daredevil dans le droit chemin à l’occasion de la mini-série Daredevil – Reborn en 2011, Diggle rangea ses jouets et laissa la place à Mark Waid.

 

Si on vous le dit

Si on vous le dit

Amoureux de l’âge d’argent devant l’éternel, Mark Waid a le don de moderniser des figures classiques tout en conservant leurs caractéristiques premières. L’auteur de Kingdom Come sait mieux que personne que les héros soi-disant ringard recèlent de trésors de qualité et arrive à faire en sorte de les sublimer aux yeux du public. Sous sa plume il développa comme jamais le principe de la Speed Force dans la série Flash et restitua les Quatre Fantastiques dans leur rôle d’explorateur de l’inconnu. Avec Empire (réédité très bientôt par Delcourt) il nous montra un monde dirigé par simili-Fatalis qui aurait vaincu les héros tandis qu’Irrécupérable nous montre le combat d’une équipe de super-héros contre un des leurs (rappelant totalement Supeman) devenu fou. En reprenant Daredevil, Mark Waid va donc essayer de replacer le personnage dans un contexte lumineux qu’on n’avait plus l’occasion de voir depuis des années tout en préparant de sombres choses dans l’arrière-boutique.

 

Un Murdock comme on ne l'avait pas vu depuis longtemps

Un Murdock comme on ne l’avait pas vu depuis longtemps

Matt Murdock N’EST PAS Daredevil ! C’est dit, il y tient et il insiste. Qu’importe que le moindre quidam lui pose la question où lui demande comment il a battu Spot ou Klaw, il répète sans arrêt qu’il n’est pas le justicier costumé. La divulgation de l’identité secrète de Daredevil dans un tabloïd et ses conséquences fut le point de départ et un des pivots du run de Brian Bendis. En relançant la série, Mark Waid en fait un ressort comique révélateur du ton plus lumineux qu’il souhaite instaurer, toutefois en mettant en avant les conséquences de cette divulgation (pourtant jamais prouvé) sur la carrière de l’avocat, le scénariste ne tombe pas dans l’excès inverse. Son Daredevil n’est pas un bouffon et même s’il prend enfin la vie du bon coté, cela n’empêchera pas les difficultés d’apparaître jusqu’au point de non retour.

 

Daredevil par Samnee

Daredevil par Samnee

Si les premiers épisodes de la série, superbement dessinés par un Paolo Rivera qui excelle dans l’art de décrire les pouvoirs et le handicap du héros¹, restituent une ambiance légère et fraîche qu’on avait pas vu depuis des années (probablement depuis la période dessinée par Gene Colan où le personnage en duo avec la Veuve noire combattait le crime à San Francisco), on se rend compte petit à petit que cette bonne humeur n’est qu’une carapace et que des squelettes se cachent dans le placard. Les démons de Daredevil reviennent et il semblerait qu’il va lui falloir se confronter une bonne fois pour tout aux conséquences de ses actes passés. Grâce à un rythme endiablé et une construction scénaristique qui mêle habilement des histoires courts et des longs fils rouges qui courent sur plusieurs épisodes, Mark Waid construit peut à peu une incroyable histoire de Daredevil tel qu’on n’en avait pas vu depuis que Frank Miller présida à la destinée du personnage.

 

D’un coté il n’hésite pas à opposer Daredevil à des super-vilains connus mais peu utilisé (on reconnaît d’ailleurs bien là un des traits de l’auteur), lui adjoint des guest-stars pour des aventures trépidantes. Mieux, il le plonge dans un petit crossovers bien entraînant mettant également en scène le Punisher et Spider-man qui vont devoir combattre les cinq grandes organisations criminelles désireuse de récupérer un disque de donnés que détient Daredevil ou le plonge dans des flirt ou histoires plus sérieuse avec une district attorney ou carrément la Chatte noire. De l’autre coté il explore la part obscure en s’appuyant sur les travaux de ses prédécesseurs. L’occasion alors de voir une sublime descente dans le royaume de L’homme taupe ou une confrontation assez terrible en Latverie. Tout cela n’étant au final que l’expression symbolique d’une dépression grave que Foggy Nelson soupçonne chez son ami.

 

Here Come Daredevil

Here Come Daredevil

Car si des personnages tel que Spider-man, Henry Pym (alias Ant-man) ou Ikari, servent de reflet à Daredevil permettant de faire le point quand à son évolution, le véritable personnage sublimé dans le travail de Waid est sans contestation celui du meilleur ami de Murdock. Souvent mis en retrait, souvent moqué, Nelson n’en reste pas moins l’un des personnages secondaires les plus sympathique et les plus important dans une série de super-héros. En lui faisant pleinement joué son rôle de meilleur ami de Murdock, Waid lui redonne une stature qu’il n’avait pas eu depuis longtemps. Mais c’est bel et bien l’épreuve difficile qu’il va lui même devoir affronter (et pour laquelle un super-héros peu difficilement faire quelque chose) qui va donner lieu à certaines des plus belles scènes du run de Waid et permettre à Daredevil de véritablement aller de l’avant.

 

 

Série composée de 36 épisodes, Daredevil fut stoppée au mois d’avril de cette année pour être relancée le mois suivant par la même équipe créative. Si cette relance est avant tout un choix commercial (car s’inscrivant dans le cadre de All new Marvel Now²), elle représente également un nouveau départ pour un personnage qui vient de conclure une période difficile de sa vie mais également salvatrice en ce qui le concerne. Profitez donc de la parution de ces derniers épisodes de Daredevil dans lesquelles Mark Waid nous montre comment écrire cinquante idées, actions et rebondissements à chaque page quand les autres en racontent à peine cinq sur six numéros. On espère enfin et surtout que Panini rééditera très vite la série en librairie afin de lui donner le maximum de lumière et que le plus de gens puisse découvrir ce run fantastique à ranger à coté de celui de Frank Miller.

 

 

Daredevil (2011)

Ecrit par Mark Waid

Dessiné par Paolo Rivera (#1 à #3, #7, #9 à #10), Marcos Martin (#4 à #6), Jose Angel Cano Lopez (#8), Khoi Pham (#10.1, #13), Marco Checchetto (#11), Mike Allred (#17), Javier Rodriguez (#28 à #29, #34), Jason Copland (#33) et Chris Samnee (#12, #14 à #16, #18 à #27, #30 à #33, #35 à #36)

Disponible en France dans la revue Marvel Knight #1 à #15 et Marvel Saga HS #1 et #2

 

 

 

¹ Il sera ensuite remplacé par Chris Samnee dont le travail est tout aussi beau faisant de la série une des perles de la maison du point de vue des dessins.

² A l’instar de Marvel Now, All new Marvel Now est une porte d’entrée pour de nouveaux lecteurs qui peuvent prendre en route des séries déjà établis ou commencer des nouvelles séries lancées pour l’occasion.

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