
On a lu… Devils Line (T. 1 & 2) de Ryo Hanada
Amis aux dents longues, réjouissez-vous, Kana vous propose une nouvelle itération autour du mythe du vampire. Publié dans la collection Big Kana, Devils Line est un seinen qui lorgne vers le shôjo. Même si ces deux premiers tomes s’en sortent honorablement, on se demande quand même si le sujet n’a pas été complètement sucé jusqu’à la moelle ?!
Les vampires sont éternels et dans le manga, c’est plus vrai que jamais. Les titres mettant en scène des suceurs de sang, sont légions et tentent tant bien que mal de réinventer ou de prolonger la mythologie vampirique. Que ce soit dans Blood, Hellsing, Vampire Chronicles, Seraph of the End ou encore Darren Shan, pour ne citer qu’eux, le manga et la japanimation affectionnent tout particulièrement cette figure traditionnelle de l’épouvante. Devils Line se nourrit de différentes influences pour façonner son univers et pioche notamment chez les Américains. Une pincée de True Blood, un soupçon de Twilight, une goutte de Blade. Bref, on nous ressort les bonnes vieilles recettes du genre avec notamment la romance impossible entre un vampire (ici, un demi pour être précis) et une jeune humaine.
Lui, s’appelle Anzai. Elle s’appelle Tsukasa. Et dès leur première rencontre, c’est le coup de foudre immédiat. Le petit problème, c’est que dès qu’il voit du sang, Anzai devient alors une bête affamée et il en va de même lorsqu’il est trop excité… Enfin des trucs de vampires quoi… ! Du coup, leur romance débute timidement. D’autant que Anzai n’est pas le mec le plus avenant du monde, il est taciturne, renfermé et a le teint livide et les yeux cernés car il refuse de boire du sang. Il travaille pour une unité spéciale des forces de police, qui intervient lorsqu’un vampire dérape et s’en prend aux humains et c’est dans le cadre de ses fonctions qu’il rencontre la jeune et frêle Tsukasa.
Alors qu’une loi autorisant les relations entre vampires et humains, vient d’être promulguée, une organisation indépendante tente, elle, de supprimer tous les suceurs de sang. Ryo Hanada construit tout son récit autour de cette histoire d’amour vécue par l’un et l’autre, comme une véritable addiction. Ici, le rapport de dépendance de l’un envers l’autre est immédiat et il laisse place à des doutes et des incompréhensions. Le mangaka accorde une importance aux pensées et émotions qui en disent souvent plus long sur les personnages, que les dialogues. Il en ressort d’ailleurs une certaine mélancolie et une grande fragilité. Devils Line n’essaie vraisemblablement pas de révolutionner le mythe populaire. Au contraire, il embrasse la sensualité, le mystère et l’ambiance glaciale qui incombe au genre. La couverture annonce la couleur avec sa catch-phrase « Le démon est humain, l’homme est démon. »
En termes de dessin, Hanada est assez irrégulier. Certaines planches possèdent une incroyable puissance graphique, tandis que d’autres ont des problèmes de proportions assez gênants, notamment en ce qui concerne les visages des personnages. Le trait fin et parfois un peu brouillon, correspond cependant assez bien à l’atmosphère froide et angoissante. En définitif, ceux qui attendaient un titre badass et nerveux, risquent d’être déçus. Devils Line, c’est avant tout une histoire d’amour impossible, suivant un schéma bien balisé. Restent les éléments qui gravitent autour du couple maudit et qui, dans les tomes suivants, pourraient permettre au nouveau seinen de l’éditeur Kana, de trouver sa propre voie.
Devils Line de Ryo Hanada, aux éditions Kana