On a lu… Dragon’s Crown de Yuztan

On a lu… Dragon’s Crown de Yuztan

Note de l'auteur

Dragons-Crown-1L’univers des jeux vidéo et celui du manga ont toujours été étroitement liés l’un à l’autre, parfois pour le meilleur, mais bien souvent pour le pire. En s’attaquant au Beat’em all/RPG Dragon’s Crown, jouable sur PS3 et Vita, Yuztan a, semble-t-il, réalisé un rêve de gosse. Malheureusement, le titre aligne absolument tous les poncifs du genre, en pillant allègrement à droite et à gauche. Au bout du compte, cette histoire publiée par Kurokawa en un seul et même tome est un ratage complet, tout du moins sur le fond. Parfaitement creux et sans saveur, Dragon’s Crown représente le pire de ce que peut engendrer le mariage entre jeu vidéo et manga. Un vrai tour de force !

 

Bienvenue dans le monde merveilleux de l’Heroic Fantasy, incroyable fourre-tout, genre mort-né, écrasé par le poids de l’œuvre fondatrice qui lui a donné ses lettres de noblesse. Surexploité dans le manga, ce genre s’est vu bien souvent maltraité, donnant lieu à des œuvres insipides, totalement incapables de se démarquer de leur modèle. Non seulement, Dragon’s Crown rentre dans cette catégorie, mais qui plus est, il est lui-même adapté d’un jeu vidéo. Et plutôt que, ne serait-ce que tenter, de nous offrir un vrai récit, avec de vrais personnages et de vrais enjeux, Yuztan, il s’est dit qu’il serait plus judicieux de nous balancer une version littérale du jeu. Chaque chapitre est un niveau, jouable par deux ou trois personnages qui accouche de saynètes ridicules, interchangeables et sans conséquences aucunes sur le récit. C’est prodigieux d’arriver à un tel niveau de néant ! Parmi les protagonistes, on a le choix entre le nain, l’elfe, la sorcière, le magicien, le chevalier et l’amazone. Et si je ne vous ai pas donné leur nom, c’est qu’ils n’en ont tout simplement pas. Eh oui ! Parfaitement symptomatiques de la vacuité du titre, les différents personnages sont réduits à leur plus simple dénomination, ils n’ont aucune identité, aucun « background », aucune réelle interaction… Bref, ils ne sont que des coquilles vides, des stéréotypes définis par rien d’autre que leur race ou leur classe.

 

dragons-crown-manga-kadokawa_008Voilà donc notre joyeuse bande de clichés sans âme, partant à l’aventure, à tour de rôle dans de petites quêtes pour récupérer des artefacts magiques et se friter avec un mégamix de créatures légendaires issues de différents folklores ou contes et légendes. Mythologie grecque, celte, moyen-orientale, le tout fortement assaisonné de l’œuvre de Tolkien, mais également des Chroniques de la Guerre de Lodoss, vous secouez bien et vous obtenez une tambouille sans aucun liant, un truc qui empile de manière grossière tout un tas de références. Et pendant que certains partent se farcir du vampire, de la harpie ou de l’araignée géante, les autres restent à la taverne à se bourrer la gueule et à faire des blagues de cul, dans des pastilles à chaque fin de chapitre. Oui, oui, car en plus d’être parfaitement insipide, téléphoné et caricatural à mourir, Dragon’s Crown est qui plus est vulgaire, histoire de compléter le tableau.

 

Yuztan accumule les choix douteux en se vautrant bien comme il faut dans un fan service plutôt crasse. Ses héroïnes, particulièrement la sorcière et l’amazone, sont dotées d’une poitrine à faire pâlir Lolo Ferrari, qui pourrait très facilement nourrir la moitié des nourrissons de la planète. Bien évidemment, le crayon de l’auteur sait toujours choisir l’angle le plus suggestif afin de ne rien louper des poses lascives qu’il leur fait prendre. Absolument tout est pensé pour attirer le premier pervers venu dans un étalage invraisemblable de Bimbos aux nichons XXXL. Pourtant, si on devait sauver un truc de cet indicible néant, c’est très certainement le trait. Le mangaka propose un graphisme fin et relativement fouillé qui, à l’occasion, parvient à mettre en valeur certaines planches. Mais clairement, cela pèse très peu dans la balance et finalement, Dragon’s Crown se vautre méchamment dans une indicible médiocrité. Une couronne en toc…

 

Dragon’s Crown de Yuztan, aux éditions Kurokawa

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