On a lu… Fate/Zero (T.3) de Shinjirô et Gen Urobuchi

On a lu… Fate/Zero (T.3) de Shinjirô et Gen Urobuchi

Note de l'auteur

album-cover-large-23805Alors que les deux premiers tomes de Fate/Zero relevaient plutôt du shônen up (ciblé ados), ce troisième tome passe clairement à la vitesse supérieure et vire seinen, en mode carrément trash, voir malsain. Grosse surprise de voir le manga prendre un tel virage… Mais cette surprise est-elle totalement bonne?

 

Le tome s’ouvre sur la fin du combat qui oppose les différents servants et leurs maîtres respectifs. Alors que Arthuria, guerrière de type «saber» se retrouve bien mal en point, prise en tenaille entre un «lancer» et un «berserker», elle est secourue par Alexandre le Grand, qui fait une arrivée remarquée. Pour rappel, six légendaires guerriers s’opposent les uns aux autres pour acquérir le Graal, dans le cadre d’une sorte de tournoi prophétique. Ils ont tous été invoqués par des mages en quête du calice sacré et sont par conséquent leurs servants. Alors, si on tient les comptes, nous avons donc Arthuria, reine de Bretagne (saber), Alexandre le Grand (rider), Gilgamesh (archer), Diarmuid Ua Duibhne (lancer), Gilles de Rais (caster), Lancelot du Lac (berserker) et enfin Hassan-i Sabbah (assassin). Le compte est bon! Cette idée de base de l’interaction entre tous ces personnages historico-mythologiques est vraiment fun et bien amenée. D’autant que les caractères sont tous bien distincts et que les binômes qu’ils forment avec leurs maîtres peuvent prendre de multiples formes. En parallèle se développe une autre trame impliquant les membres de l’Église, instigateurs de ce «tournoi». Ajoutez à cela un dessin très fin et dynamique et un découpage inspiré et vous obtenez des bases suffisamment solides pour construire une bonne petite série.

 

Après deux tomes assez prenants et parfois drôles mais qui faisaient un peu du surplace, le troisième change radicalement son fusil d’épaule et change de ton. Fini la rigolade! Les auteurs sortent de leurs manches deux personnages profondément dérangés et malsains. En introduisant un psycho-killer en herbe parmi les maîtres et en l’associant avec le guerrier Caster, Gilles de Rais, ils injectent une bonne dose de noirceur et de tripailles dans leur titre. Pour l’info, ce bon vieux Gilles fut notamment un fidèle compagnon de Jeanne d’Arc, et apparemment, il aurait un peu pété les plombs, après sa mort et se serait tourné vers l’étude des sciences occultes. Fin de la parenthèse historique. Quoiqu’il en soit, leur duo repousse les limites du sadisme et ils font preuve d’une imagination si torturée et morbide, que même les scénaristes de la série US Hannibal seraient admiratifs. Alors oui, un seinen gore, la belle affaire, me direz-vous! Oui, sauf que là, non seulement on ne s’y attendait pas franchement et qu’en plus, ça paraît carrément gratuit. Ça éviscère, ça concasse, ça étripe, enfants ou adultes, on s’en fout! Rien ne nous est épargné et on finit par se demander où se trouve l’utilité de tant d’horreurs, si ce n’est pour nous seriner que ce binôme est über-tordu et trash… Ouais, on peut faire un poil plus subtil.

 

On passe au chapitre suivant pour s’intéresser au passé d’un autre participant à la guerre pour le Saint-Graal, le maître de Lancelot. On apprend comment il en est venu à participer à ce tournoi et les sacrifices qu’il a dû faire. Les auteurs enfoncent le clou comme pour affirmer que Fate/Zero est un seinen, sérieux et définitivement adulte. La scène des vers est un plutôt borderline dans ce qu’elle nous montre et là encore, on reste un peu circonspect par ce virage soudain qui prend presque des airs de dérapage. D’autant, qu’entre ces festivités peu reluisantes, on a droit à des plâtrées de dialogues quelque peu indigestes. Si je devais méchamment caricaturer et schématiser ce tome, je le ferais comme ça: une fin de combat – blabla – gore – blabla – gore. Alors oui, comme ça, je donne l’impression de ne pas du tout avoir aimé ce troisième Fate/Zero et ce n’est pas tout à fait vrai. On sent bien que nous sommes en présence d’un titre fort, avec une tonalité assumée et un univers intriguant. Les deux mangakas ont certainement de grandes idées pour leurs personnages mais ils ne faut pas qu’ils tombent dans la facilité du trash un peu trop gratuit. Malgré ce menu pas toujours appétissant, on sera là pour la suite, à coup sûr.

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