
On a lu… Gangsta Cursed – EP_Marco Adriano (T. 2) de Kamo Syuhei et Kohske
Et c’est reparti pour un tour ! Le jeu de massacre continue dans un second tome qui tourne toujours autant à vide avec le même sentiment de violence gratuite que dans le premier tome. Gangsta Cursed enchaîne les scènes sanglantes comme d’autres enfilent des perles, le tout dans un style graphique d’excellente facture mais que ne parvient pas à sauver le titre d’une certaine complaisance. Dommage…
Spas et ses potes éradicateurs continuent leur génocide sur les Crépusculaires, ces hommes pas comme les autres. Mais Spas est soudainement rongé par le doute concernant le bien-fondé de leur action. Peu à peu, les remords font surface et le jeune homme semble prendre conscience qu’il n’est pas bien de massacrer une population entière. C’est bien Spas, mais ça semble arriver un peu tard. Peu importe, maintenant qu’il sait que tuer c’est mal, il décide de protéger ceux qu’il découpait en rondelles, il y a encore quelques minutes. Ce retournement de situation intervient alors même que l’on ne sait pas franchement pourquoi, à la base, cette minorité se fait anéantir. Tout juste, sait-on que les Crépusculaires sont censés être de viles créatures, des monstres assoiffés de sang qui méritent d’être exécutés. Le petit problème, c’est que depuis deux tomes, on n’a pas franchement vu l’ombre d’une menace, les concernant. À ce stade, ils ne sont que les victimes d’un génocide à grande échelle, à peine capable de se défendre. Du coup, à aucun moment on peut tenter de comprendre les éradicateurs dans leur croisade mortelle. Les auteurs ne proposent absolument aucun contrepoint qui nous permettrait de saisir leur motivation. Ce qu’ils essaient de nous faire passer comme une vengeance ou un cas de légitime défense, n’est rien de plus qu’une tuerie où le sadisme règne en maître. D’autant que cet escadron de la mort prend véritablement son pied à trancher, transpercer et brûler tout ce qui bouge. Bref, rien de légitime là-dedans.
Résultat, on assiste à un carnage sans queue ni tête au service d’un récit au point mort. Pas plus d’informations que dans le premier tome, des personnages toujours aussi caricaturaux affichant un large sourire à chaque victime et rien qui puisse nous permettre de comprendre les tenants et aboutissants d’un tel massacre. La prise de conscience de Spas paraît sortir de nulle part même si l’on se doute que cette décision sera très certainement la base du récit à venir. Et il serait temps qu’il arrive, car après ces deux premiers tomes, on en est toujours au même point.
Comme je le disais plus haut, le dessin s’en tire assez bien de son côté. Le trait épais et précis met en valeur les scènes d’action/sauvagerie sans sombrer dans le gore. Le chara-design est bien travaillé, tandis que le découpage est fluide. Malheureusement, la forme ne parviendra pas à sauver le fond et après ce second tome, on reste franchement perplexe face à un tel déferlement de violence. Les auteurs ont vraisemblablement oublié quelque chose en chemin, ce truc que l’on appelle une histoire avec de vrais personnages. Parce que pour l’instant, Gangsta Cursed n’est rien de plus qu’une chasse à l’homme, un brin complaisante, dans laquelle se débattent des pantins pleins de haine et de sadisme. Un drôle de spectacle macabre pour un titre qui aura fort à faire pour injecter l’intérêt qu’il lui manque.
Gangsta Cursed – EP_Marco Adriano (T. 2) de Kamo Syuhei et Kohske, aux éditions Glénat