On a lu… Golem (de LRNZ)

On a lu… Golem (de LRNZ)

Note de l'auteur

SOVRACCOPERTA GOLEM.inddUne fois n’est pas coutume, on ne va parler ni manga, ni manhwa mais fumetti. Attention, rien de bien compliqué, puisqu’il s’agit simplement du nom que l’on donne aux bandes dessinées en Italie. Eh oui, aujourd’hui, on revient sur notre bon vieux continent pour explorer le magnifique roman graphique de Lorenzo Ceccotti, alias LRNZ. Un univers dystopique, une société lobotomisé par une consommation effrénée, l’auteur fait de Golem une œuvre parabolique sur l’effondrement d’une économie mondiale gangrenée. Une excellente surprise.

 

Publié par l’éditeur Glénat dans sa catégorie Comics, Golem est un one-shot proposant un récit d’envergure, une charge politique et une réflexion sur la voie qu’empreinte notre société actuelle. Le reflet d’un avenir pas si lointain où seules quelques grandes entreprises détiennent absolument tout le marché et vous proposent à toute heure, n’importe où, dans les moindres pièces de votre maison, d’acheter tout et n’importe quoi. Elles s’appellent Zibo, Yoko ou encore Serinus. Mais bien évidemment, on pense, Apple, Google et Amazon. Dans cette Italie prospère et soi-disant démocratique où le cancer se soigne désormais très bien et où les nanomachines sont absolument partout, on fait la connaissance de Steno. Encore jeune et épris de sa camarade de classe Rosabella, il va se retrouver entraîné dans un conflit qui le dépasse. Face au gouvernement, en apparence bien sous tout rapport, se dresse un groupuscule terroriste nommé « Shorais ». Lors d’une opération d’envergure en ville, à l’heure de pointe, Steno les rejoint un peu malgré lui, tandis que sa mère et Rosabella sont enlevées par les forces gouvernementales qui ont des façons de faire assez musclées. De là, Steno va en apprendre plus sur son père, sur lui-même et sur une invention révolutionnaire qui pourrait absolument tout changer dans notre manière de vivre et de consommer.

 

8888a5469450342eb8bc82820fa99c3cLe moins que l’on puisse dire, c’est que Golem donne à réfléchir et s’évertue à offrir une expérience enrichissante en plus d’être fun et belle à regarder. LRNZ a des propos ambitieux et fait preuve de beaucoup de lucidité face à une société italienne à laquelle on ment et qu’on anesthésie à grands renforts de promos publicitaires. Au fil des pages, il tisse un rapport entre hommes et état, et entre technologie et nature, dans une superposition de thèmes narratifs. De plus, l’auteur pousse le détail jusqu’à essaimer son récit de symboles parfois occultes, en témoigne l’étymologie des noms des personnages. Golem foisonne d’éléments cachés, de sous-textes et de récurrences visuelles. Libre à vous de les chercher. On revient souvent sur certaines planches visuellement très riches. Le dessinateur joue sur toutes les nuances chromatiques, du saturé au quasi noir et blanc et nous offre certaines planches absolument sublimes. Que ce soit lors de scènes d’action ou durant celles des rêves de Steno, la qualité et la recherche graphique sont de mise. Au croisement du manga et du comics, le titre trouve son style tout en rappelant certains grands noms de la BD italienne comme Massimiliano Frezzato ou encore Barbara Canepa.

 

Disons-le sans détour, Golem est une franche réussite malgré une fin un peu facile. Mais qu’importe. L’éditeur Glénat a mis la main sur un bien beau titre et s’est fendu d’une édition qui le met en valeur. Le format, ainsi que la qualité du papier, offrent un parfait confort pour apprécier au mieux ce récit d’anticipation ambitieux. Avec son trait élégant et ses fulgurances graphiques, LRNZ impose son style et fait preuve d’exigence. Clairement, une très bonne surprise que l’on n’attendait pas vraiment, Golem confirme tout le bien que l’on pense des auteurs italiens. Bravo l’artiste !

 

Golem de LRNZ, aux éditions Glénat

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