On a lu… Hawkwood (T. 3) de Tommy Ohtsuka
Nouvelle plongée dans la légendaire guerre de Cent Ans, aux côtés du mercenaire de la Compagnie Blanche du Corbeau, le stratège Hawkwood. Les deux premiers tomes avaient parfaitement réussi à nous immerger dans ce monde médiéval aussi cruel que violent, et ce troisième enfonce le clou. Une reconstitution d’époque passionnante pour un genre qui, même s’il se développe, reste malgré tout un thème de niche pour le lectorat japonais. Un manga à la force graphique incontestable, qui sait ménager son suspens et ses rebondissements scénaristiques.
Après sa défaite face à Richard Perrier, bâtard à la tête de l’Ordre des Saints Chevaliers de Chartres, John Hawkwood et sa compagnie voient leur contrat les liant au prince Édouard d’Angleterre, être rompu. Ne pouvant plus assurer le nombre d’hommes stipulé dedans, il se voit obliger de partir en campagne de recrutement. Sillonnant les routes, lui et ses hommes font valoir à qui veut bien l’entendre, l’argent facile et la possibilité de rencontrer des femmes qui le sont tout autant. C’est alors qu’il va faire coup sur coup, deux rencontres décisives. D’une part, avec le colosse Dafydd Ap Gruffydd, prince de Galles et successeur légitime du trône d’Angleterre, qui vient grossir les rangs de ses mercenaires. D’autre part, avec Gabin dit le Renard Noir, lui aussi à la tête d’un groupe d’hommes, prêt à offrir ses services au plus offrant. Pris en tenaille entre les armées anglaise et française, ils vont tous deux décider de s’allier pour soutirer le plus possible à l’un des deux camps.
Bien loin du cours d’histoire soporifique, le titre de Tommy Ohtsuka est parcouru par un souffle épique. Suivre ce personnage emblématique qui fut considéré par certains, comme le premier condottiere, entendez par là, mercenaire, c’est comme entrer dans cette époque troublée, par la petite porte. Le lecteur arrive au milieu d’un conflit dont il ne connaît pas vraiment les tenants et aboutissants mais qu’importe, ici, ce n’est pas tant la grande Histoire que les petits récits qui la composent, qui nous intéresse. C’est de voir comment cet homme, par le biais d’habiles stratégies, parvient à tracer un parcours incroyable. Anglais d’origine, il a combattu pour l’armée française, jusqu’à ce qu’il décide d’offrir ses services à la couronne d’Angleterre, avec pour seul idéal, celui de s’enrichir.
Bien que cette guerre concerne notre cher pays, la France, je dois vous avouer que je ne suis pas franchement calé sur le sujet. De ce fait, il me paraît difficile de connaître le degré de véracité des événements. Cependant, on sent bien que le mangaka a fait des recherches et s’est documenté sur cette période de notre histoire, avant de se jeter corps et âme, dedans. D’abord, c’est à travers ces personnages réels tels que le roi Édouard, John Hawkwood ou encore Dafyd Ap Gruffydd. Ils apportent un socle solide au récit en l’encrant dans une époque révolue mais bien réelle. Ensuite, Ohtsuka a parfaitement su installer une atmosphère médiévale grâce à une reconstitution la plus fidèle possible. Les interactions entre les personnages, même secondaires, renforcent le réalisme. Les scènes de vie quotidienne ou de beuveries entre mercenaires sont traitées de la même manière que les discussions stratégiques et les intrigues plus politiques.
Graphiquement, Hawkwood tient toutes ses promesses et l’auteur nous balance un trait épais et agressif. Le chara-design est quant à lui inspiré, offrant une multitude de personnages badass et charismatiques. Que se soit sur les armures ou sur les corps, à commencer par la musculature de malade de Dafyd, le mangaka fait preuve de maîtrise. Il est également à l’aise dans les scènes d’action, qui ont le plus souvent lieu à cheval. À ce stade, je n’ai pas vraiment de reproche à faire à Hawkwood et suis franchement acquis à sa cause. Pourtant, en toute honnêteté, je n’aurai pas vraiment parié dessus. Comme quoi… Reste à maintenir une telle qualité sur huit tomes. Easy!
Hawkwood (T. 3) de Tommy Ohtsuka, aux éditions Doki-Doki
