
On a lu… Hinomaru Sumo (T. 1) de Kawada
Le sport dans le manga, ce n’est pas nouveau. Foot, tennis, basket, boxe, football américain, kendo ou encore base-ball, de nombreuses disciplines ont été abordées. Mais l’une d’entre elles n’avait pas encore eu droit à sa série et pas des moindres puisqu’il s’agit d’un des sports nationaux et ancestraux du Japon, le sumo. Avec son premier titre, le mangaka Kawada rectifie le tir et nous offre Hinomaru Sumo, un shônen dans la plus pure tradition du Weekly Shônen Jump. Enfilez votre mawashi, ça va être sportif !
De prime abord, la pratique du sumo ne fait pas franchement rêver… On a tous en tête ces images de gros combattants en couches-culottes qui tentent de se foutre à terre. À côté d’autres disciplines de combats telles que le judo ou encore le karaté, le sumo fait pâle figure et c’est d’ailleurs là-dessus, sur cette vision un peu ridicule et la méconnaissance de ce sport, que le mangaka construit son récit. Hinomaru Ushio est un jeune lycéen qui a pour but de devenir yokozuna, c’est-à-dire le rang le plus élevé que peut atteindre un lutteur sumo. Seulement, du haut de ses 1m60 et pesant en tout et pour tout 79 kilos, il se retrouve être la cible de nombreuses moqueries. D’autant qu’au lycée Ôdachi dans lequel il vient d’arriver, ce sport est considéré comme parfaitement ringard. Shinya Oseki est le seul et unique membre du club et le dojo est désormais occupé par Yuma Gojô et sa bande de voyous. L’arrivée de Hinomaru va pas mal changer la donne et malgré sa petite taille et son aspect chétif, le jeune garçon montre des qualités qui en surprennent quelques uns. Comptant enfin plus d’un membre, le club du lycée Ôdachi peut enfin prétendre participer à des compétitions officielles afin de gravir les échelons.
Adoubé par Tite Kubo, l’auteur de Bleach, Hinomaru Sumo offre une entrée en matière plutôt convaincante. Bien qu’il s’attache à un sujet peu ou pas exploité dans le manga, Kawada reste dans la lignée de titres comme Eyeshield 21 ou encore Bamboo Blade, avec une structure classique pour le genre, érigeant en but absolu le dépassement de soi. En prenant en compte le désintérêt des jeunes générations pour cette pratique sportive et son côté parfois grotesque et rédhibitoire, le mangaka entend bien redonner ses lettres de noblesse à cette discipline ancestrale. Au fil des pages, il tente de tordre le cou aux idées reçues et mettre en lumière les valeurs et l’esprit qui habitent le sumo. Non sans une pointe d’humour bienvenue, il parvient avec ce premier tome à valoriser son sujet dans la plus pure tradition du nekketsu, ce sous-genre du shônen. Hinomaru répond à presque tous ses critères, que ce soit dans sa personnalité déterminée, sa démarche initiatique à la fois innocente et pleine de bonne volonté ou ses capacités hors norme. Comme tout bon manga de sport qui se respecte, Hinomaru Sumo n’oublie pas d’opposer à son héros, des adversaires de taille. Tsubasa Ohzora (aka Olivier Atton) avait Kojirō Hyūga (aka Mark Landers) dans Captain Tsubasa, Sena avait Shin dans Eyeshield 21, désormais Hinomaru a Sada du lycée Ishigami. Même si on ne le voit pas à l’œuvre dans ce tome, l’auteur nous aguiche avec ce personnage qui, au premier coup d’œil, n’a rien de terrifiant mais dont tout le monde parle comme d’un trésor national.
En termes de graphisme, ce nouveau titre de l’éditeur Glénat, n’a pas à rougir face à la concurrence. Le trait clair et maîtrisé nous offre quelques belles planches pleines de fureur et de puissance, notamment lors des affrontements. Kawada retranscrit parfaitement la force physique et l’impact des différents coups et techniques. Jamais figé, son dessin vibre à de nombreuses reprises, magnifiant d’autant son sujet. Sur le fond comme sur la forme, ce premier tome de Hinomaru Sumo est une réussite. En s’emparant d’un sujet, a priori peu attractif, et en y appliquant une structure résolument classique mais sans fausse note, le manga parvient à nous embarquer avec une réjouissante facilité. Bref une vraie bonne surprise !
Hinomaru Sumo (T. 1) de Kawada, aux éditions Glénat