
On a lu… Jabberwocky (T. 4) de Masato Hisa
On continue d’explorer un monde dans lequel les dinosaures ont infiltré toutes les couches de notre société. Un nouveau tome toujours aussi graphique et barré qui nous balade de Londres à Paris, en compagnie de Lily Apricot et son partenaire saurien, Sabata. Des meurtres, des enquêtes, pas mal de coolitude et beaucoup de «what the fuck», Masato Hisa connaît la recette et nous régale.
Les missions s’enchaînent à un rythme effréné pour nos agents de l’organisation secrète, le château d’If. Après la Russie, la Chine et l’Italie, la sexy et alcoolisée Lily Apricot se voit obligée de revenir dans sa patrie, afin d’enquêter sur une série de meurtres perpétrés par un certain Jack l’Éventreur. Une fois encore, derrière cette affaire, se cache un dino psychopathe assoiffé de vengeance. Car oui, les gros lézards sont carrément revanchards. Celle qui est considérée par beaucoup, comme morte, doit donc faire profil bas dans les ruelles étroites de Londres. Dans la seconde partie, notre duo se retrouve à Paris, à quelques jours de l’inauguration de l’Exposition Universelle. Cette fois, ils doivent empêcher un taré, de bombarder la capitale française. En clair, pas trop le temps de souffler dans ce quatrième tome de Jabberwocky.
Le titre semble avoir trouvé son rythme de croisière, c’est-à-dire sans vraiment de temps morts. Tout s’enchaîne rapidement sans jamais s’appesantir sur quoique ce soit. Le récit se découpe en missions indépendantes les unes des autres et qui sont quelque peu interchangeables. C’est d’ailleurs très certainement l’une des faiblesses du titre. Si on peut apprécier l’approche très épisodique de l’histoire, on regrette néanmoins l’absence d’une réelle trame. Jabberwocky n’offre pas de vue d’ensemble de son récit et fonce tête baissée. Une fois l’exposition du premier tome passée, Masato Hisa s’est engouffré dans son univers, quitte à laisser certains lecteurs sur le bord de la route. Soit on accepte ce trip à base d’espions, de dinos et de complots improbables, soit on lâche rapidement l’affaire. Pour ma part, je fais partie de la première catégorie. Oui, je suis un peu frustré quand à la construction du récit mais je reste intrigué par ce titre définitivement à part.
D’un point de vue graphique, Jabberwocky est toujours aussi radical. Le mangaka joue sur les contrastes et multiplie les aplats de noir sur blanc et inversement. Chaque planche tranche par son esthétique à la Sin City. Le trait est souvent plus suggéré qu’il n’est réellement montré et certaines cases tirent parfois vers une forme d’abstraction. Là encore, pour le lecteur, ça passe ou ça casse. Tandis que certains seront sensibles au parti pris graphique, d’autres y verront de la paresse et y seront totalement hermétiques. Même si je souhaiterais un fil rouge plus présent et que l’univers puisse aller au-delà de son postulat de départ, je reste toujours aussi séduit par Jabberwocky. Un titre qui fonce sans se soucier du reste… Bref, je serai là pour la suite !
Jabberwocky de Masato Hisa, aux éditions Glénat