
On a lu… Jabberwocky (T. 7) de Masato Hisa
Dernier tour de piste pour Lily Apricot et Sabata Van Cleef… Voilà le septième et dernier tome de Jabberwocky qui clôture proprement et avec panache le titre de Masato Hisa. La petite guerre que se mènent les deux grands inventeurs Edison et Tesla, réserve quelques surprises mais plus que le récit en lui-même. C’est surtout le style graphique ultra-radical du mangaka qui va le plus nous manquer. Enfin jusqu’à son prochain titre…
Ah, on en aura bouffé du saurien au fil des sept tomes de Jabberwocky. Et malgré quelques rares exceptions, on peut dire que ce sont de beaux salopards les dinos. Cachés derrière l’organisation du Serpent à Plumes, ils opèrent dans l’ombre et sont les instigateurs de nombreux complots qui ont mené notre improbable duo, aux quatre coins du monde. Leurs aventures se terminent à Monco, petite bourgade minière, apparu comme par enchantement dans le désert américain. Sur les traces de celui qui a tiré sur le Comte, Lily et Sabata le dino, se cachent parmi une troupe de comédiens adeptes de western. Sur fond d’affrontement entre scientifiques renommés, le titre se la joue far west. L’occasion de découvrir de nouveaux personnages décalés comme les affectionne l’auteur. Il nous balance un concentré d’action dans un style toujours aussi percutant. Le récit aura été du début à la fin, aussi absurde que prenant, enchaînant des péripéties dignes d’un James Bond sous LSD. Tout ce délire autour des dinosaures humanoïdes conspirationnistes n’aura finalement été qu’un prétexte à une histoire complètement barrée dans laquelle s’entrechoquent tout un tas d’inspirations et de références. À commencer par le titre emprunté à Lewis Carroll et convient parfaitement à cet univers définitivement de l’autre côté du miroir.
Le plus fort, c’est que Jabberwocky est aussi taré sur la forme que sur le fond. Car sans le trait inimitable de Hisa, le titre n’aurait pas du tout eu la même saveur. Il exploite pleinement les possibilités qu’offrent le noir et blanc. C’est dans ce style graphique extrême, hyper tranché et contrasté, rappelant Sin City, que le manga trouve sa matière première. Ce tome regorge de planches artistiquement saisissantes et le mangaka s’essaie à des expérimentations réjouissantes, parfois proche de l’abstraction. Il joue avec la mise en page et le découpage de manière intelligente pour mieux gérer le rythme, et les scènes d’actions dont il nous gratifie sont toujours incroyablement efficaces. En termes de conclusion à proprement parlé, ce dernier tome aurait pu se situer plus tôt dans le récit que cela n’aurait rien changé. C’est peut-être là, la faiblesse de Jabberwocky. Les tomes sont presque interchangeables. Mais Masato Hisa a eu la bonne idée de nous offrir dans les dernières pages, un final peut-être un peu prévisible mais bienvenu en l’état. En sept tomes, le titre aura eu l’occasion d’explorer son concept, même si l’on était en droit d’en attendre un peu plus en termes de récit. Le concept fun mais limité n’aurait pas gagné à s’étendre plus en longueur. Jabberwocky se retire avec classe, dans une dernière décharge graphique électrisante. Un dernier tour de piste qui a de la gueule.
Jabberwocky (T. 7) de Masato Hisa, aux éditions Glénat