
On a lu… Kid I Luck (T.1) de Yuko Osada
Le rire est la meilleure des thérapies… C’est sur ce postulat de base que Yuko Osada va développer son nouveau titre Kid I Luck. Après C [SI:] ou le réjouissant et dingo Run Day Burst, le mangaka revient avec une courte série en trois tomes, et nous offre un premier opus frais, drôle et émouvant, qui se détache de tout ce qu’on a pu lire. Le coup de cœur de cette rentrée 2014.
Kid I Luck fait le pari d’être une comédie dramatique dont le thème principal est le rire lui-même. Kinjiro est une petite frappe dont le passe-temps favori est de se mettre sur la gueule avec des gangs adverses. Kuriko, sa meilleure amie est à l’opposé, elle est timide, assez introvertie et elle n’arrive pas à lui avouer ses sentiments, puisque celui-ci prend systématiquement la fuite lorsque elle fait la moindre tentative. Un jour, un drame survient, Kuriko se fait agresser, puis violer. Traumatisée, la jeune fille se renferme complètement sur elle-même et refuse de sortir de sa chambre. Dès lors, Kinjiro, plein de culpabilité, se donne un seul et unique objectif, réussir à la faire sortir et lui redonner le sourire. Il va alors se mettre en tête de devenir comique et d’apprendre les mécanismes de l’humour. Mais ce n’est pas une mince affaire pour lui qui a un sens de l’humour en-dessous de zéro. Trop premier degrés, trop terre-à-terre, trop taciturne, Kinjiro est incapable de faire la moindre blague et essuie des bides, les uns après les autres. Mais il en faut plus pour le démotiver et l’objectif est trop important pour baisser les bras.
Partant d’un fait divers violent et sordide, Osada construit un récit plein de finesse et sort clairement des sentiers battus. Voir Kinjiro tentant de faire parler son cerveau plutôt que ses poings est aussi attendrissant, que drôle. C’est désarmant de voir à quel point il est mauvais et incapable de faire rire qui que se soit, si ce n’est à son détriment. Heureusement pour lui, il va se trouver un maître en la matière et tenter par tout les moyens de le faire rire. C’est la condition sine qua non pour commencer son apprentissage et le voir se ramasser à chaque tentative, c’est un peu comme observer un nouveau-né qui fait ses premiers pas. Le tome est construit autour de jeux de mots, de calembours et atteint son but premier, celui de nous faire rire.
Yuko Osada est un auteur qui aime ses personnages et ça se ressent. Il parvient très rapidement à les rendre attachants et d’une certaine façon, proche de nous. Ici, il s’encre de manière très concrète dans notre réalité avec tout ce qu’elle a d’absurde et d’injuste. Au niveau des graphisme, le très vif du mangaka fait des merveilles, même si certains arrière-plans sont parfois approximatifs. Ce premier tome de Kid I Luck rappelle le manga Bakuman du duo Ohba/Obata (Death Note) à plusieurs titre. Tout d’abord à travers son côté quasi méta et auto-analytique de son sujet. Dans Bakuman, c’est une plongée dans l’industrie du manga à travers la carrière naissante de deux mangakas, dans Kid I Luck, c’est via la dissection de l’humour. Ensuite, les deux titres se font écho car ils tendent, dans un même élan, à une sincérité bouleversante. Yuko Osada nous balance un premier tome assez génial, tendre et plein de promesse. Putain, ça fait du bien de rire…!