On a lu… Last Hero Inuyashiki (T. 1) de Hiroya Oku

On a lu… Last Hero Inuyashiki (T. 1) de Hiroya Oku

Note de l'auteur

last-hero-inuyashiki-1-ki-oonPrévu pour le 10 septembre prochain, Last Hero Inuyashiki signe le retour du mangaka Hiroya Oku. Après son très inégal titre-phare Gantz, voilà donc qu’il revient avec un nouveau manga tout aussi barré et ce premier tome part d’un très bon pied. Entre critique sociale et trip SF délirant, l’auteur nous balance un titre qui s’annonce de qualité et qu’on surveillera de très près.

 

Ichiro Inuyashiki a 58 ans mais en paraît déjà 70. Père de deux enfants qui le méprisent, il travaille dans un petit bureau minable et survit, plus qu’il ne vit, coincé dans une petite vie étriquée. Pour seule amie, Ichiro n’a que sa chienne, Hanako. Bref, son existence est bien triste et les choses ne risquent pas de s’arranger. Suite à des examens médicaux, il apprend qu’il est atteint d’un cancer et qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre. Préférant garder la triste nouvelle pour lui, il s’enferme un peu plus dans un désespoir sans fin. Une nuit, alors qu’il déambule au milieu d’un parc avec son chien, Ichiro fait une rencontre du troisième type. Enfin, façon de parler… Une race extra-terrestre vient se crasher sur Terre, pile à l’endroit où le cinquantenaire se trouve et le tue sur le coup. Afin que cela passe inaperçu, ces êtres venus d’ailleurs, reconstituent son apparence extérieure, ni vus, ni connus. A son réveil, Ichiro se sent dans une forme olympique et pour cause, il est désormais un cyborg, une unité de combat armée jusqu’aux dents. Le vieil homme va devoir appréhender et apprivoiser sa nouvelle nature, au sein d’une société japonaise en perte de repère, dans laquelle la violence est monnaie courante.

 

A l’heure où beaucoup de titres sortent et se ressemblent parfois un peu trop, Last Hero Inuyashiki brille par son idée de départ novatrice et atypique. Alors que le genre du super héros est habituellement réservé à la jeunesse, voilà que Hiroya Oku nous propose une relecture à la sauce troisième âge. Loin des canons du genre, il prend le parfait contre-pied en mettant en avant un papy androïde et grand bien lui a pris. On est très rapidement rempli de compassion pour ce pauvre Ichiro, devenu un fantôme pour sa famille. Le voir avancer si pathétiquement dans une existence morne et sans réel but, le rend forcément sympathique. Il est tel un animal blessé devant lequel on ne peut pas rester insensible. Derrière la fable SF contemporaine, se cache une vision critique d’un Japon vieillissant, emprunt à la brutalité d’une jeunesse en pleine rébellion.

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A plusieurs reprises, le mangaka montre son savoir-faire en terme de mise en scène. Celle où Ichiro, seul dans sa chambre, découvre sa toute nouvelle nature est une totale réussite. Oku parvient à faire ressentir à ses lecteurs, l’effroi et l’incompréhension de son personnage principal. Mais là où il fait preuve d’une parfaite maîtrise, c’est incontestablement lors de son premier sauvetage d’un SDF devenu la proie de jeunes délinquants. Non seulement, la scène permet à Ichiro de s’affirmer en tant que vrai héros et de sortir du trou abyssal dans lequel il était, mais en plus, elle dresse un portait terrifiant et assez glacial d’une certaine jeunesse nippone. Hiroya Oku a toujours su installer des atmosphères oppressantes. Il aime déstabiliser son petit monde en faisant surgir du réel, une anomalie, un point de rupture et de bascule qui teinte la réalité, de fantastique et d’horreur. De là, la violence peut s’exprimer et Oku ne s’en prive pas. Bien qu’ici, elle ne soit pas encore au niveau de Gantz, elle est latente, insidieuse et on sera aux premières loges, lorsqu’elle éclatera.

 

Quelques mots sur la partie graphique pour dire que les fans de l’auteur ne seront pas dépaysés. On retrouve son trait toujours aussi réaliste et maîtrisé. Il effectue un vrai travail de reconstitution en terme d’expressions faciales des personnages et c’est clairement ce qui les rend si vivants. Les décors sont travaillés et bourrés de détails qu’on s’amuse à chercher. L’éditeur Ki-oon propose, comme souvent, une belle édition soignée, avec une couverture semi-brillante. Cette nouvelle acquisition vient s’ajouter à un catalogue déjà bien fourni (Dimension W, The Arms Peddler, Poison City…). Un premier tome très réussi tant sur l’originalité du propos que sur le point artistique. A n’en pas douter, Last Hero Inuyashiki et son papy Terminator sont l’une des grosses sensations de cette rentrée 2015.

 

Last Hero Inuyashiki de Hiroya Oku, aux éditions Ki-oon

Sortie du premier tome, le 10 septembre 2015.

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