On a lu… Le maître d’armes de Xavier Dorison et Joël Parnotte

On a lu… Le maître d’armes de Xavier Dorison et Joël Parnotte

Note de l'auteur

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A l’aube des guerres de religion, vivez une course-poursuite haletante dans le froid des montagnes du Jura. Pour le triomphe d’une vérité.

L’histoire : Bienvenue dans la première moitié du XVIe siècle, dans les neiges du Jura. Dans cet hiver rigoureux, les hommes se réchauffent au fil de l’épée pour faire triompher une certaine idée de la chrétienté. Ce ne sont pas encore les guerres de religion entre catholiques et réformés mais cela commence à méchamment y ressembler. Gauvin de Brême confie à son ami, Hans Stalhoffer, ancien maître d’armes de François 1er, une traduction en vulgaire (français) du Nouveau Testament que seule la Suisse consentira à imprimer. Le col Gabriel et l’Eglise des puissants seront-ils des obstacles insurmontables ?

Mon avis : Hans Stalhoffer est un type qui mérite d’être connu. Colérique, adepte de la bouteille, cynique et souvent odieux, c’est aussi le plus habile bretteur du royaume de France. Sans peur mais pas sans reproches, il nous fait vivre une aventure palpitante. Une chasse à l’homme où il n’hésite pas à donner son corps à une cause et où il figure le gibier. Puis le braconnier.

Dans ces temps immémoriaux, ça rifle dur. On écorche, on tranche, on exécute et on égorge. Les épées et les rapières ne sont pas mouchetées. Les corps subissent le martyr et le sang coule à chaudes larmes. Montagnards, papistes et cathos de gauche font oublier sans peine la religion de paix et d’amour.

yIXIE37ZTHY2OS4kH81iEKQiqDOP5ott-page8-1200On a du mal à décrocher dans cet univers glacial. Pas une bonne pub de l’office de tourisme pour le massif du Jura mais une vraie réclame pour cet univers de violence sacrée. Les décors sont époustouflants d’angoisse et de réalisme. L’univers tragique est glaçant au possible mais entraînant.

C’est aussi une histoire de rivalité entre les deux personnages clés. Hans Stalhoffer et le comte Malztraza concourent au poste envié de maître d’armes du roi, cela commence, finit et se règle par un duel. En creux, l’opposition entre l’épée, équipement noble et chevaleresque, et la rapière, arme du marchand et du bourgeois. L’honneur contre l’argent en somme. La fin et les moyens se confondent au fil des pages. La première justifie-t-elle les derniers ? Ou vice versa.

Si vous aimez : La marche de l’Histoire présentée par le sergent, Tom Highway, héros du Maître de guerre.

Autour de la BD : Xavier Dorison et Joël Parnotte ont lié leurs talents pour la première fois dans ce roman graphique. Mais cette bd n’aurait pu se faire sans Lutz Horvath, instructeur d’escrime médiévale à Fontainebleau. Joël Parnotte n’a pas hésité à jouer les scènes, épée en main, pour mieux les ressentir et les immortaliser ensuite sur les planches.

En accompagnement : un tournedos Rossini bleu avec un verre de Côte-Rotie, hommage au sang de la terre.

Extrait : « Vous les savants, vous êtes tous les mêmes, hein ! Quand vous trempez votre plume dans l’encre, c’est le sang des gueux qui coule. »

« Tu veux aller mourir devant le bon roi François, te gêne pas !!! »

Sortie : 2 octobre 2015, Dargaud, 96 pages, 16,45€.

Doumé Nikoni
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