On a lu… Le Redempteur de Stephen Desberg et Miguel Lalor

On a lu… Le Redempteur de Stephen Desberg et Miguel Lalor

Note de l'auteur

redempteur-le-tome-1-homme-qui-entendait-les-prieres-des-enfants-morts-lL’histoire : Jean Ravelle est un homme d’affaire riche, très riche. Mais il ne joue pas à faire de la finance. Lui, il entend les prières des enfants morts et fait justice lui-même. Et cela passe généralement par des armes à feu.

Mon avis : On pourrait croire en lisant le début de l’album, à un Largo Winch, couplé à la couverture d’un Ric Hochet. Mais rien de si léger. Ici, nous parlons de viols de mineurs, d’enfants mourant dans les mines, de capitalisme sauvage. Rien n’est représenté, mais suggéré, et c’est là la grande force de l’ouvrage.

Les poncifs du genre sont tout de même respectés. Femmes sublimes usant de leurs charmes, argent, méchants un brin caricaturaux (ce sont des Chinois et ils sont cruels), américains obèses et boîtes de strip tease. Jean Ravelle est capable de piloter une moto, de faire une cascade en hélico et d’arriver fringant et en costard à une soirée. Le cadre de départ ? Celui du Brésil et de ses favelas, ses plages et ses bateaux de luxe. Alors, oui, Le Rédempteur ne va pas révolutionner le genre, avec son : « je suis celui qui entend les prières des enfants morts », comme un leitmotiv, un slogan. Mais en fait, si. En choisissant la défense des enfants, le système devient entièrement perverti. Il ne s’agit pas de lutter contre un trafic de drogues, mais pour ceux qui sont morts à cause de cela. Il ne faut pas arrêter de produire dans certaines usines, mais quels enfants sont décédés dans un accident ? Et pourquoi Jean écrit-il des chiffres dans un petit carnet, chaque fois qu’une mort est vengée ?

yQUxkuK7ZMf61nZZ0iRMuy9j7Lr2GVZ4-page6-1200Le meurtre et la justice rendue par soi-même semble être dans cet album la réponse à toutes les exactions conduites contre les mineurs. Le premier album pose le cadre, sans donner d’explication. Jean Ravelle entend-il réellement les « prières des enfants morts » ? Sur quoi enquête-t-il ? Pour le moment, la chasse vient à peine de commencer. Si le postulat est très intéressant, attention, la caricature n’est pas très loin non plus. À suivre, avec circonspection.

Si vous aimez : Les vigilantes et les jolies filles qui se démerdent bien avec un couteau.

En accompagnement : La musique des Incorruptibles ou un air brésilien.

Autour de la bd : Une série relevant du polar noir et nourrie du Brésil, pays d’origine de son dessinateur, Miguel Lalor.

Extrait : « Reprenons les comptes. 48 gosses morts d’overdose. 18 abattus comme dealers ou comme rabatteurs dans les rues. Ça nous fait 63 enfants. Je m’appelle Jean Ravelle. Je suis celui qui entend les prières des enfants morts. »

Sortie : 22 mai 2015, éditions Dargaud, 48 pages, 13,99 euros.

Ouvrage lu au format électronique.

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