On a lu… Les Enfants de la Baleine (T. 3) de Abi Umeda

On a lu… Les Enfants de la Baleine (T. 3) de Abi Umeda

Note de l'auteur

9782344007372-GC’est le branle-bas de combat sur la Baleine de glaise. Après deux premiers tomes prenants, immersifs et graphiquement magnifiques, voici le troisième opus tant attendu d’un manga qui brille par ses qualités. Abi Umeda mène son récit de main de maître et nous plonge dans son univers cruel et ensablé. Dans la droite lignée de l’œuvre de Miyazaki, Les Enfants de la Baleine est définitivement l’une des sensations de cette année 2016.

 

Suite à l’attaque qu’a subie la Baleine de glaise, les anciens ont pris la décision de faire s’écraser le vaisseau dans la mer de sable, en sacrifiant par la même occasion, tous ses habitants. Sauvés in extremis du suicide collectif, les survivants de l’assaut des apathoïas, décident de relever la tête et de faire face à leur adversaire. Une stratégie se met en place en prévision du retour des assaillants et toutes les personnes le pouvant, sont invitées à prendre part au combat. Durant les quelques jours les séparant du prochain affrontement, ils s’entraînent du mieux qu’ils le peuvent afin de maîtriser le « saima », ce fameux pouvoir télékinésique dont a hérité un grand nombre d’entre eux. Alors qu’ils n’ont pas encore fait le deuil de certains de leurs compagnons fraîchement disparus, les habitants de la Baleine de glaise doivent prendre les armes, une nouvelle fois, pour que le combat à venir, ne soit pas synonyme d’éradication pure et simple. Un troisième tome qui ne fléchit pas en termes d’action et d’intensité et qui dissémine ci et là, quelques informations complémentaires concernant l’univers dans lequel le lecteur est plongé. On apprend notamment l’existence de différentes nations en guerre, dans un monde qui paraît pourtant désertique. On en sait également plus sur la Baleine, une sorte d’Alcatraz construit sur la mer de sable, afin d’y emprisonner à son bord les plus dangereux criminels de l’empire. Chakuro, Ohni et tous ses habitants sont en fait, les descendants de ces prisonniers, des hommes et des femmes condamnés à vivre leur exil dans cet enfer terrestre.

 

les-enfants-de-la-baleinePar petites touches, Abi Umeda construit son univers autour d’un récit clair et maîtrisé. En son cœur, on retrouve un groupe de personnes ayant appris à vivre en totale autarcie et qui se voit confronter du jour au lendemain, à une certaine forme de persécution, sans qu’il en connaisse les raisons. Ce sont eux qui mènent l’histoire et ce sont de leurs actions que découlent les événements. C’est peut-être con à dire mais on voit trop souvent des récits en pilote automatique dans lesquels les protagonistes sont finalement plus des pantins prisonniers de leurs archétypes que de réels acteurs du scénario. Ici, on suit avec attention, ce petit univers en vase clos, régit par ses propres us et coutumes et qui doit réagir face à un envahisseur inconnu. Le lecteur est mis au même niveau que les habitants de la Baleine de glaise, ignorant tout du monde extérieur et découvrant ce qu’il recèle. C’est plus particulièrement par le biais du personnage principal, le jeune scribe nommé Chakuro, que l’on parvient à se fondre dans ce peuple livré à lui-même. Il est la voix du récit, le narrateur, qui à travers ses différents écrits, nous relate non seulement les faits mais nous fait également part de ses états d’âme. On le prend rapidement en affection et le voir endeuillé par la mort de son amie la plus proche et ce, dès le troisième tome, le rend encore plus vulnérable et attendrissant.

 

Les Enfants de la Baleine se distingue de la concurrence par une histoire de SF à la croisée des influences. Comme dit plus haut, on pense forcément à l’univers de Miyazaki, mais on pense également à Dune pour ses décors ensablés. D’un point de vue graphique, Abi Umeda nous en met plein les yeux. À la fois, très détaillé et fouillé, et plein de finesse et de délicatesse, le trait du mangaka sublime son propos. Sans jamais tomber dans la facilité, l’auteur fournit, au contraire, un travail assez titanesque concernant certaines planches. N’usant que très peu du tramage fait à l’ordinateur, il préfère travailler au crayon. En résulte une multitude de traits qui, mis bout à bout, forment un dessin vibrant, dans lequel, les arrière-plans prennent vie. Si je ne devais trouver qu’une seule chose à redire, ce serait, comme déjà mentionné dans mes précédentes critiques, le petit problème de distinction des sexes. Je m’explique : certains personnages masculins ont des traits assez féminins, ce qui à l’occasion, amène une petite confusion. Toutefois, on est loin de la féminisation outrancière que l’on voit dans certains shôjo. Hormis ce petit détail, Les Enfants de la Baleine est pour le moment, un régal à bien des niveaux. Un récit poétique, solide et maîtrisé souligné par un graphisme fouillé et délicat. L’éditeur Glénat a définitivement mis la main sur un titre rare.

 

Les Enfants de la Baleine (T. 3) de Abi Umeda, aux éditions Glénat

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