On a lu… L’intégrale X-Men 1979

On a lu… L’intégrale X-Men 1979

Intégrale X-men 1979

La machine est lancée et plus rien ne peut plus l’arrêter. Nous sommes en 1979, en plein dans l’ère Claremont/Byrne, deux artistes en symbiose totalepour une une bande dessinée qui ose énormément de choses.

Nous avions quitté les X-men alors qu’ils étaient séparés en deux groupes chacun croyant les autres morts. D’un côté Jean Grey, le Fauve et Charles Xavier décident de vivre leurs vies pour surmonter le deuil, Jean s’en va en voyage, le Fauve repart chez les Vengeurs et Xavier accepte de suivre Lilandra dans l’espace Sh’iar. De l’autre coté Cyclope, Wolverine, Diablo, le Hurleur, Tornade et Colossus viennent de quitter la Terre Sauvage et arrivent au Japon après avoir été recueillis en pleine tempête par un bateau. L’année 1979 va donc être majoritairement composée d’épisodes nous montrant les aventures de ces différents groupes ignorant tout des autres et qui vont se retrouver dans un final grandiose à la fin de l’année.

 

Ainsi les X-men vont être de véritables globe-trotters et vont parcourir le monde à leurs dépens. L’année commence avec une bataille au Japon contre un terroriste disposant de la capacité à rayer le pays du soleil levant de la carte. On embraye directement avec le Canada, le pays d’origine du dessinateur John Byrne qui profite de l’occasion pour faire combattre les X-men et la Division Alpha, un groupe de super-héros locaux qui auront leur propre titre par la suite. Un saut à l’école et hop ! les X-men partent en Ecosse retrouver Jean Grey.

 

La Division Alpha

C’est à la lecture de ces épisodes qu’on prend pleinement conscience que le travail effectué en amont par Chris Claremont sur les personnages et l’histoire, porte ses fruits. Dans un premier temps, on se rend compte que les X-men fonctionnent parfaitement en équipe ce qui est somme toute logique après avoir passé des mois à lutter tous les jours contre les pires menaces. L’air de rien, Claremont et Byrne boostent les compétences des personnages tels que Diablo, dont la capacité à se téléporter sur de longues distances s’accroît de plus en plus. Même s’il s’en plaint encore, Cyclope ne peut nier l’évidence : Les X-men sont plus que la somme d’individualités, ils sont devenus une équipe soudée voire plus encore.

 

On s’en doutait déjà un peu dans le tome précédent et nous en avons la certitude au fur et à mesure qu’on tourne les pages, les X-men sont également devenus une famille. Les épreuves qu’ils ont subi face à Magneto ou la garde impériale Sh’iar et en Terre Sauvage ont renforcé leurs liens. Un passage tel que le réveillon de Noël pour fêter la sortie de l’hôpital de Sean Cassidy nous apparaît alors tout à fait naturel et très touchant.

 

De la même manière on constate que Wolverine s’ouvre plus aux autres (c’est d’ailleurs dans ces épisodes qu’apparaît Mariko Yashida, un de ses grands amours), que les X-men n’hésitent pas à enfreindre la loi pour le sauver, que Tornade se présente d’avantage comme une figure maternelle et que Colossus (formidablement mis en valeur dans ces épisodes) est tiraillé entre sa famille de coeur et sa famille de sang. Thème très présent dans ces épisodes, la famille est aussi au centre du climax de cette année (l’arc Proteus) en prenant ses racines autour d’un terrible drame familiale : Le mutant Proteus est né d’un viol commis par Joseph MacTaggert sur sa femme Moira, une amie proche des X-men dont les connaissances scientifiques sont capitales pour l’équipe.

 

Uncanny X-men #127

Souvent oubliés au profit de ce qui suit, les épisodes composant l’arc Proteus font pourtant partie des grands moments de la série. Il signe les retrouvailles entre Jean Grey et Cyclope et voit les X-men faire face à un mutant des plus redoutables qui soit, Proteus qui est capable de manipuler la réalité à sa guise. Cette puissance consumant rapidement son corps, il doit prendre possession d’une nouvelle enveloppe régulièrement sans aucun scrupule pour les vies qu’il ôte. Enthousiasmé par le potentiel de ce personnage, Chris Claremont s’en donne à cœur joie en racontant une histoire prenant ses racines dans le cinéma d’horreur et notamment les films de la Hammer.

 

John Byrne quant à lui n’est pas en reste et s’en donne à cœur joie quand Proteus se déchaine face aux X-men. De la même façon que le mutant peut manipuler la réalité à sa guise, Byrne manipule sa page, la tord dans tous les sens et nous offre un festival de menace contre lesquelles nos héros doivent lutter. Les images d’un Diablo essayant de remonter d’un trou sous terre alors que Proteus décide de le refermer sur lui, ou bien encore celles d’un Wolverine trahi par ses sens en devenant le jouet du mutant, restent longtemps gravés en nous. Tout comme on se souviendra de la bataille finale, un véritable festival pyrotechnique sur papier ; face à Proteus le personnage de Colossus est totalement magnifié par le dessin de Byrne et par un Claremont qui avait pris le soin toute l’année de préparer le géant russe à ce combat.

 

Il est probable qu’un lecteur actuel mesure difficilement en quoi les épisodes de cette intégrale sont audacieux pour l’époque. Pourtant en 1979 il était relativement inédit de voir un comics sur un groupe de super-héros qui nous les montre séparés par monts et par vaux durant une aussi longue période. Force est de constater que ces choix sont payants quand on referme l’intégral car les X-men sont maintenant un groupe soudé dans l’adversité, ce qui sera déterminant pour la suite de leurs aventures dont on a ici et là les premiers prémices en la personne de Jason Wyngarde.

 

 

X-Men, L’intégrale 1977/1978 contient les épisodes 117 à 128 (Panini Comics, Marvel)

Ecrit par Chris Claremont

Dessiné par Dave Cockrum et John Byrne

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