
On a lu… Locke & Key – Tome 5 : Rouages
On approche du grand final avec ce cinquième et avant-dernier tome de ce qui s’avère toujours être un des meilleurs comic book de ces dernières années. En découvrant la clé du temps, les enfants Locke vont pouvoir découvrir, en même temps que le lecteur, les origines de leurs malheurs. Mais ne dit-on pas que la connaissance du passé permet de mieux affronter le futur ?
Entre maestria visuelle, remise en cause du statu quo, mise en place d’une nouvelle donne, suspense haletant, hommage graphique et bonnes idées narratives ; le quatrième tome de Locke & Key (Les Clés du Royaume) nous avait littéralement foutus sur le cul et nous promettaient de belles choses pour la suite. En faisant de Bode Locke, le benjamin de la famille, le nouvel hôte de l’entité maléfique qui recherche la clé Oméga afin d’ouvrir ce qui semble être une belle porte des enfers, Joe Hill fait monter encore plus la tension de son histoire.
Construite comme une série télé où chaque numéro correspondrait à un épisode et où chaque tome librairie équivaudrait à une saison, Locke & Key en arrive donc ici à sa cinquième et avant-dernière saison. Et alors que les américains découvrent le chapitre final de cette grandiose série, nous nous apprêtons à découvrir les origines de la saga.
A l’instar du deuxième tome qui prenait le temps de poser tout les éléments pour la suite après un premier arc totalement prenant, Locke & Key – Tome 5 : Rouages est une parenthèse nécessaire et agréable qui nous prépare au chapitre final. De manière très habile, Joe Hill avait disséminé dans son récit une multitude d’indices et de pistes quant à l’origine des clés et des événements qui ont conduit la famille Locke à emménager à Keyhouse. Toutefois le jeu de pistes ne peut durer qu’un temps, et arrive le moment où les révélations concrètes doivent avoir lieu ne serait-ce que pour relancer l’intérêt du lecteur et bien se préparer au final.
La découverte de la clé du temps va donc être le prétexte pour un voyage dans le temps salutaire. Nous découvrons l’origine des clés et d’une partie de la véritable menace qui pèse sur Lovecraft. Nous avons la confirmation que Lucas Caravaggio n’est qu’un outil à la solde d’entités maléfiques dont la seule chose que nous savons est qu’elles ont l’air d’être des sacrés bâtardes. Cependant si la clé permet de découvrir les origines d’un pouvoir remontant à l’époque de la Révolution Américaine, le nœud principal de la tragédie se joue dans un passé beaucoup plus proche.
On s’en doutait également et on en a ici la confirmation, Locke & Key est un drame familial inter-générationnel dans lequel les enfants payent pour la faute du père. Sans rentrer dans les détails d’une histoire qu’on vous conseille fortement de découvrir (au cas où vous ne l’auriez pas compris), force est de constater qu’Hill nous dévoile ici une histoire d’amitié poignante et tragique dont les conséquences se révéleront terribles pour la suite. L’enfer est pavé de bonnes intentions dit-on, et ce proverbe illustre à merveille ces épisodes. Rendell Locke (le père de Tyler, Kinsey et Bode) et ses amis nous apparaissent comme un groupe d’adolescents tout ce qu’il y a de plus normal avec leurs amours, leurs joies et leurs peines. Ils commettront pourtant une erreur qui brisera à jamais leur groupe.
On a beau vouloir éviter les comparaisons entre l’œuvre de Joe Hill et celle de son père (Stephen King si vous n’étiez pas au courant) et se dire qu’il est un excellent auteur qui s’est construit par lui-même, on ne peut s’empêcher de sentir des relents nauséabonds de cette saloperie de Derry¹ qui traîne dans ces pages. La découverte que le secret des clés s’oublie après la fin de l’adolescence, la présence de l’entité dans une grotte sous la ville, ou bien encore la tragédie qui traverse les générations, participent beaucoup à ce sentiment très agréable.
On retrouve ici la grande force de l’écriture de Hill et sa compétence à placer les relations humaines comme moteur des intrigues et du fantastique. Peu importe comment les clés fonctionnent ou furent créées quand le pourquoi de leur création et de leur utilisation compte bien plus. Celles-ci restent des outils aux mains d’hommes et de femmes qui s’en servent pour affronter les épreuves de la vie, comme l’ont déjà montré les précédents tomes et les flash-back sur Rendell Locke.
Toujours aussi bien écrit, toujours avec ce talent pour adapter la narration à la thématique de l’œuvre et toujours aussi bien dessiné, ce cinquième tome de Locke & Key ne fait pas honte à cette grande histoire. Prochain tome : Oméga & Alpha, le grand final arrive.
Locke & Key – Tome 5 : Rouages (Milady Graphics, IDW Publishing) comprend les épisodes Locke & Key – Clockworks #1 à #6
Ecrit par Joe Hill
Dessiné par Gabriel Rodriguez
¹ ville servant de cadre au roman Ca
J’attends l’ultime chapitre avec impatience… 😉