On a lu… Love in the Hell (T. 3) de Reiji Suzumaru

On a lu… Love in the Hell (T. 3) de Reiji Suzumaru

Note de l'auteur

9782344003534-GSuite et fin du délire scabreux, violent mais tordant de Reiji Suzumaru. Le mangaka fait une dernière incursion en Enfers et nous offre un final surprenant et convenable mais qui, encore plus que les deux premiers tomes, s’adresse à un public averti. Love in the Hell monte d’un cran en nous révélant les raisons de la présence de Rintaro en Enfers et autant dire qu’il n’hésite pas à mettre les mains dans les histoires les plus sordides.

 

Oui, Love in the Hell reste avant tout une comédie ultra-potache, carrément gratuite et parfois borderline. Voir ce gros loser de Rintaro galérer et subir les pires sévices, demeure toujours aussi comique. Ici, il se retrouve prisonnier d’un Lotus Pourpre, une étrange plante qui se nourrit de… semence humaine… hum… Bon, très clairement si vous cherchez de la poésie, passez votre chemin. Le titre a mis de côté ses bonnes manières et nous propose aux choix, du fan service et des gags à base de stupre et de sang. Pourtant, au-delà de cet esprit régressif et délibérément outrancier, la relation qui lie Rintaro à sa démone Koyori parvient à trouver sa place. En seulement trois tomes, une étrange complicité s’est installée. Si le tome 2 amorçait déjà nettement la chose avec le cadeau un peu spécial du jeune homme, ce dernier tome offre à ses personnages un mini climax aux allures chevaleresque. L’ultime partie du récit se transforme en sauvetage dans lequel Rintaro devient enfin acteur des événements au lieu de les subir. La pirouette finale clôture le récit de manière parfaitement convenable pour un titre de seulement trois tomes et avec une trajectoire scénaristique si bordélique.

 

Ppi55ehSi jusqu’ici, toute la violence gratuite restait cantonnée aux Enfers, ce troisième tome l’introduit dans la réalité et c’est peut-être le seul bémol de Love in the Hell. Le concept des damnés qui doivent purger leur peine entre petits jobs minables et séances de tortures fonctionne parfaitement dans cet univers extrême et allégorique. Les violences et les sévices, quels que soient leurs degrés d’intensité, n’ont aucune réelle incidence. Cette exubérance trashy à la fois dérangeante et cartoonesque, est une des dynamiques du récit. Cependant, le choix du mangaka d’introduire le même degré de violence dans la réalité me semble maladroit, voire légèrement malsain. Lors du flash-back concernant le passé de Rintaro, qui nous permet de comprendre pourquoi ce dernier est damné, Reiji Suzumaru nous balance une scène qui, bien qu’elle dépeigne une triste réalité, paraît clairement en trop. Comme s’il n’avait pas su s’arrêter à temps dans son flot d’atrocité. Ici la gratuité n’est pas bête et méchante, elle est réelle, sordide et n’apporte rien au récit, si ce n’est la volonté d’en faire toujours plus.

 

Enfin, en dehors de ce petit dérapage, ce troisième tome reste dans la droite lignée de ses prédécesseurs : perversion à tous les étages et effusion de sang dans des scènes de dialogues et des situations toutes aussi absurdes que drôles. En termes d’ambiance graphique, le mangaka parvient à faire le grand écart entre design kawaii et fan service débridé et trash. Les lignes sont claires, le trait est fin et sur certaines planches, Suzumaru fait preuve d’une minutie et d’un souci du détail qu’il faut saluer. Love in the Hell trouve donc une conclusion satisfaisante avec ce tome 3 et m’aura quand même bien fait rire, je dois l’admettre. Avec ses partis pris parfois douteux et son jusqu’au-boutisme sans limite, ce titre en répugnera certains, en consternera d’autres mais pour ceux qui restent, se sera une petite parenthèse délicieusement tordue et « what the fuck ». En tout cas, Love in the Hell ne devrait pas laisser insensible.

 

Love in the Hell de Reiji Suzumaru, aux éditions Glénat

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