
On a lu… Masked Noise (T. 1) de Ryoko Fukuyama
Si vous êtes fans des titres Nana ou Embrasse-moi Lucile, vous devriez facilement succomber à Masked Noise. Du shôjo pur jus mêlant émois adolescents et J-pop pour une bluette à l’eau de rose qui malheureusement en fait des tonnes dans ce premier tome. Amateurs de grands yeux radioactifs et d’hommes plus androgynes que jamais, ce manga est fait pour vous, les autres pourront s’épargner une lecture fastidieuse et passer leur chemin.
La jeune Nino a toujours aimé et voulu chanter. Que ce soit avec son amour d’enfance, Momo, ou avec Yuzu, un garçon rencontré sur une plage. Malheureusement pour elle, à deux reprises, elle a fait l’amère et douloureuse expérience de la séparation. Après le déménagement de Momo, duquel elle ne s’est jamais remise, elle a également perdu de vue Yuzu qui a soudainement disparu sans prévenir. Depuis, Nino continue de chanter afin de tenir la promesse faite et garder un lien symbolique avec les deux hommes de sa vie. Aujourd’hui, devenus lycéens, les voilà réunis de nouveau et ils vont devoir gérer les vagues émotionnelles qui les assaillent. Masked Noise réinvestit le triangle amoureux adolescent sur fond de pop songs sirupeuses et de rêveries rose bonbon. Alors oui, je ne fais clairement pas partie du lectorat ciblé par le titre de Ryoko Fukuyama. Il s’adresse avant tout aux jeunes filles en fleur, remplient de papillons qui rêvent du prince charmant. Du coup, je l’avoue bien volontiers, je suis resté de marbre. Pire, je me suis emmerdé à la lecture de ce premier tome de Masked Noise.
Le titre épouse allègrement tous les codes du genre. Dégoulinant de naïveté, répétant ad nauseam les mêmes messages sur un amour transcendé par le chant et la musique, ce premier tome ne nous épargne rien et on s’interroge vraiment quand au décalage total avec la réalité de la jeunesse d’aujourd’hui. Mais, au-delà de la tonalité, ce qui pose le plus problème c’est la clarté de la lecture. Entre les dialogues, les pensées simultanées des personnages et les habituelles petites blagues en coins de cases, on a du mal à suivre le fil. Sans mauvaise volonté, il faut avouer que la multiplication et l’éparpillement des atermoiements sentimentaux de Nino, alourdissent considérablement un récit qui aurait gagné en finesse. Un sentiment de confusion appuyé par un chara-design insipide et interchangeable. On ne s’étonne plus de la féminisation des personnages masculins dans le manga en général et le shôjo en particulier, mais ici, le problème ce qu’on ne différencie pas les protagonistes les uns des autres. Ils ont tous des têtes de minets avec de grands yeux effilés de biches et des cils anormalement longs et il est parfaitement impossible de déterminer qui est qui. Je vous passe les tramages à base de petits points et de mignonnes petites étoiles, qui finissent de ringardiser un sous-genre en sérieux manque de renouveau. Si j’avais été une fillette de 13 ans, j’aurais pu succomber au charme de ces bellâtres à la peau de nacre, mais étant un homme trentenaire, je n’ai (mal)heureusement pas eu cette chance. Sur ce, je vous laisse, je vais écouter du Mariah Carey.
Masked Noise (T. 1) de Ryoko Fukuyama, aux éditions Glénat