
On a lu… Nom de code: Martin (T.1 Constantine) de Duval, Créty, Maffre
En mission « homo » pas loin de l’Algérie, Martin, agent secret français, est pris à partie par des paramilitaires. Sa fuite dans Constantine est une traversée historique. Avec, en filigrane, le destin commun de la France et de l’Algérie.
L’histoire : Martin, le nec plus ultra des services secrets français, doit quitter Constantine via son aéroport. Problème, il est pris pour cible par de mystérieux combattants surarmés. Escorté par Ahmed, un ancien militaire au passé trouble, il se perd dans les dédales de la troisième ville d’Algérie.
Mon avis : James Bond à côté de Martin, c’est dégun. Costard chicos, Ray-ban vissées sur les oreilles, montre dernier cri, bogossitude taciturne… Et ce n’est pas tout. Il est un sportif accompli (Lemaitre et Manaudou peuvent trembler), un ancien élève brillant (Polytechnique), puis para, nageur de combat et membre de feu le 11e choc (le service action du contre-espionnage français), il fait désormais partie de la cellule Alpha (10 agents des services secrets qui ont un permis de tuer hors des frontières de l’Hexagone). Bref, presque un monsieur tout le monde. En vrai, cela fait beaucoup pour un seul homme et le héros n’a pas grand-chose de sympathique et est plutôt ennuyeux puisque parfait. Il échappe également à tous les pièges, au lance-roquettes, aux grenades ou aux kalachs… Crédibilité quand tu ne nous tiens pas.
Heureusement que les à-côtés du scénario sauvent l’ensemble. L’histoire de Constantine l’insoumise, celle qui lie également intimement et douloureusement depuis bientôt 200 ans la France et l’Algérie, les relents de la guerre civile qui a endeuillé le plus grand pays du Maghreb, l’omnipotence de l’armée… donnent un vrai intérêt à ce premier tome. Prévue en deux opus, cette aventure tarde véritablement à décoller. On attend tout de même le deuxième tome pour se faire un avis plus définitif.
Si vous aimez : John McClane de Piège de cristal à Die hard – Belle journée pour mourir.
En accompagnement : un thé à la menthe.
Autour de la BD : Duval (à gauche) est un scénariste à succès, mais on a l’impression qu’il se perd un peu dans l’intrigue alors qu’il est excellent sur le contexte historique. Le trait de Créty est dur avec notamment des visages très marqués.
Extraits : « Pardonnez mon ironie, mais pas mal de mes compatriotes pensent que nos peuples se sont éloignés ces dernières années…Et pas qu’à cause de la montée des eaux en Méditerranée. »
« Les temps ne sont pas à la fraternité, mais quelque-chose nous lie Ahmed. Au fond, j’ignore ce que c’est, mais ça dépasse notre histoire commune, nos guerres, la langue que nous partageons… »
« Je ressens ça parfois. Vous avez raison… Comme une conscience forte mais contrariée. »
Sortie : 30 mars 2016, éditions Delcourt, 56 pages, 14,95€.