
On a lu… One Piece (T. 77) de Eiichiro Oda
L’arc Dressrosa n’en finit plus et est en passe de devenir le plus long de la saga One Piece. Le gros flash-back concernant l’enfance de Trafalgar Law et son passif avec Doflamingo trouve un terme dans ce nouveau tome tandis que la seconde partie se charge de clôturer pas mal de combats. Hormis les reproches faits au titre d’Eiichiro Oda, sur les derniers tomes (les critiques par ici), ce dernier opus se révèle intéressant grâce à l’exploration du passé de ses personnages.
Trop long, trop-plein de protagonistes, trop de sous-intrigues, bref trop de tout. Cet arc s’étale en longueur et finit par lasser le lecteur. Oda multiplie les personnages comme des petits pains et bien qu’on en ait l’habitude, cela atteint ici, des proportions qui nuisent au rythme du récit. Le mangaka fait preuve d’une ambition toujours plus débordante quant à son œuvre/univers. En total « control freak », il garde une maîtrise absolue de son titre et compte bien l’explorer avec minutie de fond en comble. En voulant absolument développer tous ses personnages, il se perd quelque peu et empreinte des détours inutiles. Ce désir est parfaitement louable et contribue à la grande qualité de One Piece mais il nous détourne trop souvent du but à atteindre. Du coup, on saute d’une scène à l’autre, dans un bordel minutieusement organisé mais parfois indigeste. Cet arc de Dressrosa possède des éléments réellement importants et certainement décisifs pour la suite mais ils se retrouvent noyés dans un océan narratif où chacun des personnages, ou presque, a son propre background et sa storyline.
Le tome déroule tranquillement le flash-back consacré à Law et permet au récit de ne pas être tronçonné pendant sa première partie. C’est là, quand il peut développer son histoire, que l’on se rend compte de toute la force d’Oda. Quand il accepte de ne se focaliser que sur un groupe restreint et notamment dans les nombreux flash-backs qui parcourent la série, il offre à son titre une dimension supérieure en y injectant une dose d’émotion supplémentaire. La découverte de l’enfance de Trafalgar Law rend le personnage bien plus profond et le fait d’y encrer sa rencontre avec Doflamingo rend leur confrontation actuelle d’autant plus intéressante. Malheureusement, on en a vu que quelques bouts jusqu’ici mais on croise les doigts. Côté graphisme et mise en page, on est aussi dans la générosité et l’abondance mais qui frôlent parfois avec l’overdose. Chaque planche contient beaucoup de cases qui elles-mêmes comportent énormément d’informations dans le dessin et les (trop) nombreux dialogues. Car oui, One Piece est toujours aussi bavard et on se tape quelques tartines parfois indigestes.
Après soixante-dix-sept tomes, Eiichiro Oda fait toujours preuve d’une dévotion totale pour l’œuvre de sa vie. Il aime nous perdre dans les méandres d’un monde dont il est le démiurge et le plus souvent, on en redemande. Cependant, depuis maintenant quelques tomes, tout du moins depuis le début de cet arc, force est de constater qu’à trop vouloir en donner, le mangaka s’éparpille et passe à côté des moments clés. J’essaie de me réjouir en me disant que Dressrosa touche à sa fin, en croisant les doigts pour la suite. Bien entendu, ce n’est pas demain qu’Oda risque de changer son style de narration quasi omniscient et joyeusement foutraque mais peut-être rentrera-t-on enfin dans le vif du sujet duquel découleront certaines réponses tant attendues.
One Piece de Eiichiro Oda, aux éditions Glénat
Mathieu, tu peux décroiser les doigts, l’arc suivant multiplie encore les personnages, ça devient vraiment difficile de suivre qui est qui et qui fait quoi.