On a lu… One Piece (T. 78) de Eiichiro Oda

On a lu… One Piece (T. 78) de Eiichiro Oda

Note de l'auteur

9782344013229-GGear Fourth!!! One Piece passe la quatrième dans ce soixante-dix-huitième tome avec un affrontement complètement dingue entre Luffy et Don Quijote Doflamingo. L’arc Dressrosa semble enfin vouloir prendre fin et personne ne s’en plaindra. Sans surprise, ce nouvel opus souffre des mêmes défauts que les précédents, à savoir une action totalement morcelée et éclatée et à peu près cinq cents personnages à gérer. Mais fort heureusement, plus on approche de la fin de l’arc, plus l’action se resserre.

 

Les quelques membres restants de la Don Quijote Family finissent tous par tomber les uns après les autres et presque tous les membres de l’équipage de Chapeau de Paille ont eu droit à leur quart d’heure de gloire. De son côté, Trafalgar Law, qui est clairement devenu en deux arcs un personnage de premier plan, est aux portes de la mort face à un Doflamingo plus psychopathe que jamais. L’arrivée de Luffy annonce le run final avec, comme à chaque fois depuis le début du titre, un affrontement dantesque. Le jeune pirate nous dévoile son Gear Fourth en mode ballons de baudruche un poil ridicule au niveau du chara-design, il faut bien l’avouer. Et pendant ce temps-là, Nami, Chopper, Sanji et Brook sont toujours portés disparus en mer depuis déjà pas mal de tomes et on n’a absolument aucun signe d’eux. Cet arc, bien qu’interminable, a tout de même su apporter son lot de bons moments et on espérait bien un duel final à la hauteur des événements. Oda n’a jamais lésiné sur les moyens et chaque aventure de l’équipage de Luffy prend toujours des proportions pharaoniques. Du moment où il débarque sur une île, s’enclenche un jeu de domino, mettant en branle à chaque fois toutes les fondations d’un système établi et plus ou moins bien huilé. Jamais avare sur le nombre de protagonistes et cherchant à tous les explorer et les faire vivre, le mangaka s’est parfois embourbé par faute de trop-plein. Ici, autant le dire, il a été trop gourmand.

 

L’idée d’un tournoi réunissant de grands combattants et ayant pour récompense un Fruit du Démon, qui plus est celui de Ace, était une vraie bonne idée. Mais connaissant le bonhomme, on pouvait également craindre un éparpillement de l’action compte tenu des enjeux. Et ça n’a pas manqué ! Tous les derniers tomes, celui-ci compris, souffrent d’un récit éclaté et finalement confus qui casse constamment le rythme. À cela viennent s’ajouter les habituels flash-backs, véritables mini-récits dans l’histoire, qui ont une grande valeur mais qui ont tendance à parfois alourdir l’ensemble. Si ce constat n’est pas nouveau, cette partie sur Dressrosa et les enjeux qui en découlent, à savoir l’obtention du Fruit du Démon ou encore le retour de Sabo, semblent avoir exacerbé les défauts du titre. Depuis la bataille dantesque de Marineford, One Piece joue un peu avec nos nerfs. Non pas que le titre soit vraiment moins bon, on ne peut pas non plus lui reprocher de se répéter. Oda est un élève exemplaire et un total control freak. Il gère son univers d’une main de maître, contrôlant absolument tous ses aspects, toutes ses ramifications et donnant vie à une super-mythologie de la piraterie, son œuvre-monde. Mais cette abondance, cette richesse, cette envie et ce besoin de tout nous dire, et tout nous montrer en démultipliant les actions, a tendance à nous détourner des vraies grandes questions de la saga. Sans parler de remplissage car l’auteur a toujours quelque chose à dire, on sent qu’il prend un peu trop de plaisir à nous faire languir. D’innombrables portes ont été ouvertes mais, plutôt que de les franchir, Eiichiro Oda explore des pièces annexes.

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Reste le combat que tout le monde attendait et qui, il faut bien l’avouer, envoie du lourd. Comme je vous l’ai dit plus haut, je ne suis pas convaincu par le chara-design de Luffy en mode Gear Fourth, mais l’affrontement vaut le détour. Le dessin se met en mouvement et nous offre des planches pleines de vitesse et graphiquement puissantes. On pourrait bien reprocher au mangaka de surdécouper son récit en termes de nombre de cases mais une fois encore, il serait difficile de lui en vouloir, tant elles regorgent de détails qui au final, forcent le respect. Oda est un grand taré, une sorte de monomaniaque. Oda est un Lucas, un Tolkien ou encore un Anno. Un auteur qui a dédié sa vie à son œuvre pour en faire, non pas une histoire, mais carrément un monde à part entière. Avec ce tome 78, on reste toujours aussi impressionnés par tant d’ambition et de maîtrise. Cependant, il va falloir recentrer l’histoire autour des enjeux majeurs du titre, sans perdre de temps. À bon entendeur…

 

One Piece (T. 78) de Eiichiro Oda, aux éditions Glénat

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