
On a lu… One Piece (T. 79) de Eiichiro Oda
Cet arc de Dressrosa nous aura usés jusqu’à la corde mais rassurez-vous, ce soixante-dix-neuvième tome nous apporte la résolution tant attendue. Un dénouement libérateur après un arc bien trop lent, dense et bordélique. On ressort de ce tome lessivé par tant d’hystérie, à la limite de l’overdose d’actions. One Piece semble être victime de ses très grandes qualités et croule finalement sous son propre poids. L’œuvre-monde de Oda reste passionnante et foisonnante, mais il n’en demeure pas moins que depuis le climax de l’arc Marine Ford, le titre ne paraît pas franchement avancer et ne semble pas presser de répondre à nos très nombreuses questions.
L’affrontement entre Luffy et Don Flamingo trouve un terme, dans la plus pure tradition One Piece. Des larmes, de la sueur, du sang et de l’émotion par demi-tonne dans un schéma relativement classique. Une bonne quarantaine de personnages principaux et secondaires s’ébat dans tous les sens pour sa survie, et l’action comme toujours est complètement morcelée. Le piège mis en place par le Corsaire est sur le point de se refermer et Luffy a besoin d’une poignée de minutes afin de porter le coup ultime qui délivrera tout le monde. Eiichirō Oda joue le classique contre-la-montre et dilate le temps au maximum dans un final dont seul lui a le secret. Toujours grandioses pour ne pas dire parfois grandiloquents, les conclusions d’arcs de One Piece sont souvent l’occasion pour l’auteur de lâcher tout ce qu’il a. À l’instar d’Alabasta, de Enis Lobby ou encore de l’interminable Thriller Bark, Dressrosa rentre dans cette longue tradition d’arcs majeurs par leurs enjeux. Entre la défaite d’un nouveau Corsaire et pas des moindres, le Gear Fourth, le retour de Sabo, la mise en jeu du Pyro-fruit de Ace et les conséquences des événements au sein de la Marine, cette partie a été riche en éléments importants.
Cet arc et surtout ce final sont aussi l’occasion de renforcer l’aura de Luffy, qui s’était un peu fait oublier de la population. Ici, il revient en messie salvateur, épaulé par le présentateur du tournoi de cet arc, qui, via les haut-parleurs de l’île, galvanise les foules afin qu’elles tiennent jusqu’au retour du pirate au chapeau de paille. Oui, mais voilà, on connaît tellement bien les ingrédients que ça en devient beaucoup moins savoureux. Ce triste constat s’impose un peu trop régulièrement sur les derniers arcs du titre, créant lassitude et frustration auprès du lecteur. Car en plus d’un schéma un peu trop bien huilé, One Piece semble récalcitrant à nous apporter ce que tout le monde attend. Il aura quand même fallu pas moins d’une vingtaine de tomes pour voir ne serait-ce que l’ombre d’un des fameux Quatre Empereurs. Si le timing concernant le retour de Sabo est parfait et superbement orchestré, celui concernant les Empereurs ou même les Supernovae, n’est pas idéal. À présenter trop de personnages et multiplier les légendes, Oda se retrouve de plus en plus obligé d’abandonner temporairement certains personnages. Heureusement, la fin de ce tome semble exaucer nos prières en faisant revenir au devant de la scène un nombre important de protagonistes. Cette fin d’arc fastidieuse n’entache cependant pas les qualités et l’aura du titre mais laisse entrevoir les limites de l’univers One Piece, qui tome après tome tente de s’élargir, quitte à finir broyer sous sa propre masse. Reste à voir quand il atteindra le point de rupture…
One Piece (T. 79) de Eiichirō Oda, aux éditions Glénat