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On a lu… Platinum End (T. 1) de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata

On a lu… Platinum End (T. 1) de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata

Note de l'auteur

platinum_end_1-JAQUETTE2-1Décidément, cette année 2016 est riche en gros titres, à même de relancer une industrie du manga en légère difficulté depuis quelques temps. Et vraisemblablement, chaque éditeur compte bien avoir une petite part de ce gâteau rempli de nouveautés prometteuses et souvent précédées d’un buzz mérité. Kurokawa a dégainé son One-Punch Man en début d’année, Ki-oon a rétorqué avec son champion My Hero Academia, Kana a suivi avec Atom the Beginning et maintenant, c’est au tour de l’éditeur Kazé Manga de sortir l’artillerie lourde. Platinum End débarque donc chez nous ce mois-ci et le premier tome ne déçoit pas. On retrouve avec un vrai plaisir le savoir-faire et la maestria du duo Ohba/Obata.

 

Avec la publication de Platinum End, l’éditeur s’assure de rameuter un très grand nombre de lecteurs sur la simple évocation des deux auteurs qui se cachent derrière le titre. Pour ceux et celles qui l’ignorent, Tsugumi Ohba et Takeshi Obata forment l’un des duos de mangakas les plus talentueux de leur génération, à qui l’on doit déjà deux énormes best-sellers. En 2003, ils révélaient leur talent et leur qualité avec un titre sombre et labyrinthique qui électrisait les lecteurs, le bien nommé Death Note. Le raz-de-marée est immédiat, leur titre est plébiscité (tout du moins la première partie) de toute part et les mangakas ouvrent la voie à une collaboration pleine de promesses. En 2008, les deux compères remettent ça avec un titre très différent mais dans lequel, on retrouve leur touche. Bakuman nous plonge dans les arcanes des maisons d’édition nippones et dans les rouages de la publication des mangas. Une nouvelle fois, Ohba et Obata tapent dans le mille et cartonnent malgré de rares réserves qui se font entendre ici et là, sur la véracité et le réalisme du titre. Peu importe, le succès critique et publique est là et les mangakas ont définitivement imposé leurs noms.

 

1505752020004800915Venons-en à Platinum End, troisième collaboration en date du duo. Débuté il y a moins d’un an au Japon, dans le magazine Jump Square, le titre est publié en France par Kazé Manga dans leur collection Shonen Up, à mi-chemin entre le shônen et le seinen plus adulte. On y fait la connaissance de Mirai, un jeune homme qui a perdu sa famille, très jeune dans un accident de voiture. Recueilli par un oncle et une tante qui l’exploitent et le maltraitent, il n’a plus goût à rien et décide d’en finir. Mais en se jetant du haut d’un immeuble, il ne se doute pas qu’il va être sauvé par un ange, nommée Nasse. Dès lors, elle va lui offrir de puissants pouvoirs, promesses d’une vie meilleure dans laquelle Mirai n’aura pas envie de se foutre en l’air. Mais en acceptant, il va se retrouver engrainé malgré lui dans une compétition mortelle pour prendre la succession de… Dieu ! En un seul tome, Platinum End passe d’un drama intimiste digne d’un shôjo standard, à un affrontement biblique entre treize candidats potentiels en mode seinen tordu et retord. On retrouve instantanément la patte si particulière du duo avec comme toujours, Ohba au scénario et Obata au dessin. À bien des titres, Platinum End se rapproche de Death Note et cette première incursion nous laisse entrevoir de nombreuses passerelles. Mirai est, tout comme Light, un individu renfermé, peu sociable mais faisant preuve d’une remarquable intelligence. L’un comme l’autre se voient offrir un pouvoir immense et ils se retrouvent emportés dans les rouages d’une implacable machine.

 

Platinum-End-Tome-1-Image-5On entrevoit déjà se mettre en place une partie d’échecs grandeur nature, où tout ne sera que manipulations, faux-semblants et stratagèmes en tout genre, comme ça a été le cas dans leur premier titre. Par ailleurs, comment ne pas voir un parallèle entre la relation de Light et Ryuk, le Dieu de la Mort et celle qui lie Mirai à Nasse, l’un des trois anges suprêmes. Ces deux entités sont le déclencheur du récit et permettent aux héros de toucher du doigt le divin. Si dans Death Note, Light reste pendant un bon moment l’unique détenteur du fameux carnet, ici, Mirai se trouve rapidement confronté à d’autres prétendants au titre suprême. Et s’il est une personne raisonnée et relativement équilibré (tentative de suicide mise à part), tous ne sont pas comme lui. Chacun d’entre eux est accompagné d’un ange qui les guide et dont certains semblent prendre à cœur la compétition. Pour le moment, en dehors de Mirai, on a pu découvrir un gros vicelard usant de ses pouvoirs pour partouzer dans sa limousine. Mais celui qui retient plus particulièrement notre attention est forcément celui qui se fait appeler Metropoliman. Vêtu d’une sorte d’exosquelette métallique, il se fait passer pour un super-héros auprès de la population, alors même qu’il a pour but d’éliminer un par un chacun de ses concurrents. La fin du tome nous révèle l’identité d’un autre candidat dont je me garderai bien de vous divulguer le nom.

 

Un petit détour par la case dessin. Le coup de crayon d’Obata, reconnaissable entre mille, atteint des sommets. Élégant, fin, précis, le graphisme est un ravissement pour les yeux. Le mangaka excelle dans son approche pleine de réalisme du quotidien. Le chara-design, parfaitement identifiable, nous offre un panel de personnages nuancés, allant de la très kawaii Nasse au flippant et rebutant partouzeur. Bref, Platinum End signe de la meilleure manière qui soit le retour des deux grands auteurs. Ce premier tome très réussi est porteur de grandes promesses à travers les enjeux majeurs mis en place. Kazé Manga peut se féliciter d’avoir mis la main sur ce titre et nous ne pouvons que nous réjouir de le voir débarquer si vite dans nos contrées. Cette première moitié 2016 est décidément un bon cru.

 

Platinum End (T. 1) de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata, aux éditions Kazé Manga

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