
On a lu… Psycho-Pass Inspecteur Shinya Kôgami (T. 1) de Natsuo Sai et Midori Gotô
C’est décidément la saison des prequels en tout genre. Après Atom the Beginning et Red Eyes Sword Zero, c’est donc Psycho-Pass Inspecteur Shinya Kôgami qui débarque chez l’éditeur Kana dans sa collection Dark Kana. Fort du succès de l’anime, intitulé sobrement Psycho-Pass, produit par le studio Production I.G, le titre s’est très vite vu adapté au format papier. Avec cette nouvelle incursion dans le monde futuriste et dystopique de Psycho-Pass, le lecteur découvre les jeunes années de Shinya Kôgami, bien connu des fans, lorsqu’il était encore inspecteur. Un premier tome intéressant mais relativement confus pour quiconque n’a pas suivi l’œuvre originale. Un peu dommage…
Nous voilà plongés en plein XXIIème siècle, dans une société à la Minority Report, où l’on peut mesurer et connaître l’état mental d’une personne, ainsi que sa personnalité et la probabilité qu’elle commette un crime, grâce à un capteur, le Psycho-Pass, installé dans le corps de chaque citoyen. Ce coefficient de criminalité permet aux inspecteurs du gouvernement d’arrêter et d’abattre si nécessaire, les individus devenus trop dangereux. Parmi eux, se trouve Shinya Kôgami, un jeune inspecteur qui se voit confier une enquête sur une succession de morts suspectes, pouvant impliquer un éventuel trafic d’organes. Dès les premières pages, le lecteur se retrouve lancé dans un récit assez obscur dont il ne maîtrise pas toutes les ficelles. On nous explique assez brièvement le contexte d’une société en quête d’une vie parfaite. On nous donne quelques clés pour appréhender ce futur dans lequel la technologie est devenue l’arme anti-crime ultime. Et pourtant, on ne peut pas s’empêcher de se sentir un peu perdu. Le récit finit par s’éclaircir par la suite, mais on a un peu l’impression de se retrouver livrés à nous-mêmes pendant une majeure partie du tome. Alors que certains titres s’avèrent être trop didactiques, celui-ci ne l’est clairement pas assez et on se retrouve noyé dans un océan de termes techno-futuristes. De même, le poste de chacun des protagonistes est un peu flou, entre inspecteurs et exécuteurs dont on ne connaît pas réellement leur fonction au sein des différentes divisions. Bref, ce premier tome manque quelque peu de clarté, ce qui handicape une lecture pourtant pas désagréable.
Car malgré cette impression de confusion, ce prequel de Psycho-Pass possède d’indéniables qualités. Tout d’abord, dans son approche style polar d’anticipation qui, tout comme l’avait fait Minority Report en son temps, s’interroge sur la frontière entre nouvelles technologies et libertés individuelles. Clairement, l’ambiance n’est pas à la rigolade, le titre ne cherchant pas à instiller une quelconque once d’humour. Ici, tout est très sérieux, peut-être trop et plutôt sombre en termes d’atmosphère. L’enquête nous entraîne dans les rouages d’une société où le stress n’est plus admis puisqu’il amène vraisemblablement à la criminalité. Ensuite, le titre brille par ses qualités techniques. Natsuo Sai fait preuve d’une grande maîtrise d’un point de vue graphique, marchant dans les pas d’un Tite Kubo (Bleach). Le trait est fin et détaillé et le chara-desgin, anguleux et nuancé, permet quant à lui de bien différencier chacun des personnages. Le découpage est précis et relativement fluide, ce qui, compte-tenu de la confusion en début de titre, n’est pas un luxe. En d’autres termes, ce premier tome de Psycho-Pass Inspecteur Shinya Kôgami n’est pas sans défaut. Un peu avare en informations et en termes d’exposition, il ne facilite pas la lecture. Heureusement, l’ambiance dark et adulte du récit, doublée d’un dessin de très bonne facture, parviennent à assurer l’intérêt que l’on peut lui porter. Quant à savoir si je serai là pour la suite, fort possible mais à condition que le second tome ait un peu plus à offrir. À bon entendeur…
Psycho-Pass Inspecteur Shinya Kôgami (T. 1) de Natsuo Sai et Midori Gotô, aux éditions Kana