
On a lu… R.U.S.T (T.2) de Blengino et Nesskain
Nous vous parlions dernièrement de cette BD en trois tomes, un mix entre un découpage très comics et une histoire nous faisant beaucoup penser à Evangelion. Le tome 2 vient d’être publié et enfonce encore le clou.
Ça parle de quoi ?
Trois pilotes de Robots Units /mécha géants ont été kidnappés et se retrouvent plongés au cœur de la mystérieuse treizième métropole. Là, ils font une drôle de rencontre remettant en question les agissements du professeur Furinkan. Pendant ce temps, le psychotique Angel doit retrouver le robot Deepwalker, abîmé au fond des océans alors que Lullaby est kidnappé par un S-Cat et qu’un autre pilote fait défection. En gros, rien ne va plus, surtout quand des alliés deviennent ennemis et que personne ne sait toujours rien des créatures étranges qui ont pris place à la surface de la Terre et nous en ont chassés.
C’est de qui ?
Au scénario, nous avons Luca Blengino, qui a travaillé pour le cinéma d’animation et a écrit l’ensemble des scénarios de la série Les 7 Merveilles. Au dessin, place à Nesskain qui a notamment fait les dessins du Cercle et de très beaux fanarts d’Harry Potter.
C’est différent du premier tome ?
Malheureusement, non. Un dessin très punch, des personnages tous plus barrés les uns que les autres, une certaine parité. Le drame de R.U.S.T. est que ça aurait pu être très bien si nous n’étions pas dans une copie à la française d’Evangelion. Je vais citer mon collègue Pierre-Alexandre Chouraqui lors d’une discussion sur cet ouvrage : « le pire, c’est que la BD n’est pas mauvaise. Mais il y a de quoi être dubitatif de ce qui semble être finalement plus un plagiat inspiré qu’une création influencé ». Tout est dit.
Nous avons la mise en avant du Professeur Furinkan, qui ressemble à s’y méprendre à un Gendo Ikari plus petit et bavard. Une ironie commune, un demi-sourire et même une mise en scène, où nous le voyons entouré de ses ingénieurs face à une vitre qui rappelle étrangement son alter ego japonais. Puis arrive une étrange fusion dont on se demande si elle ne va pas donner naissance au Third impact. Des pilotes complètement barges. Et un centre opérationnel qui ne s’appelle pas la Nerv mais n’en est pas loin. Bref, c’est irritant et ce d’autant plus que ça aurait pu être génial. Après tout, la question posée dès le premier tome aurait pu être bien plus étoffée : quel est le prix de la victoire, quand on voit que les pilotes ont tous tendance à tuer et se battre, à apprécier la torture d’autres êtres humains et éprouver du plaisir dans une mise à mort ?
Avec une scène finale où entre en scène le poète et un nouvel arc narratif, le thème de la chasse à l’homme se développe. Et oui, j’ai envie de lire la suite. Parce que c’est sans doute l’œuvre la plus crispante que j’ai jamais lue. Parce que j’ose espérer un changement de direction dans le tome 3.
Est-ce que je le conseille ?
As-tu déjà lu/vu Evangelion, et aimes-tu re-relire ce récit ou en tout cas une nouvelle adaptation ? Alors, oui. Veux-tu de l’originalité ? Passe ton chemin. Tu n’as jamais lu/vu Evangelion et ne compte jamais le faire ? Pourquoi pas. Tu n’y verras rien et comme le dessin est génial, tu apprécieras sans doute, si tu aimes les ambiances apocalyptiques et les méchas. Dernier volume prévu courant second semestre 2016.
R.U.S.T. (T.2 : Grey Day) Néopolis, éditions Delcourt, 143 page, 17,95 euros.