
On a lu… Red Eyes Sword Zero (T.1) de Takahiro et Kei Toru
L’éditeur Kurokawa vient de dégainer, il y quelques jours, le prequel de l’un de ses titres, Red Eyes Sword qui, pour l’occasion, se voit gratifié d’un Zero pour bien montré que ça se passe avant. Avec ce premier tome, on retrouve les principaux ingrédients du seinen de base, à savoir de la fantasy relativement dark et violente, un peu de fan-service et beaucoup de coups de théâtre. La lecture est plaisante mais manque cruellement d’originalité et de prise de risque. Sous couvert d’une certaine forme de subversion, ce premier opus est en fait assez sage.
Les habitués et connaisseurs du titre retrouvent donc la jeune Akame, une fille achetée par l’Empire et formée pour devenir une tueuse. Ici, on découvre ses origines et comment elle a été séparée de sa sœur, Kurome, dès son plus jeune âge pour être transformée en véritable machine de guerre. Faisant partie des sept meilleurs assassins recrutés, elle se voit assigner une première mission consistant à éliminer de dangereux groupuscules révolutionnaires. Son seul et unique but, retrouver sa sœur, elle aussi conditionnée pour devenir une tueuse mais dans une autre faction de l’Empire. Ce premier tome pose assez peu de bases concernant le contexte dans lequel se déroule le récit. On sait seulement que l’Empire tente d’écraser les révolutionnaires et qu’il emploie de jeunes femmes et hommes surentraînés qui manient des armes plus ou moins magiques. De là, on passe d’une sœur à l’autre, dans les missions qu’elles exécutent. Si tout se passe comme prévu du côté de la troupe d’Akame, c’est carrément plus compliqué du côté de Kurome, qui voit, dès sa première mission, une partie de son unité se faire décimer.
Red Eyes Sword Zero, tout comme son aîné, ne fait pas dans la dentelle et nous balance des pages entières remplies de gerbes de sang. Une tripotée de personnages plus badass les uns que les autres se massacrent avec beaucoup de solennité et dans l’ensemble, ça fonctionne bien. Tout s’enchaîne correctement et avec fluidité et les scènes de bastons sont pour le moins stylisées. Kei Toru fait preuve d’une grande finesse au niveau de son trait et apporte un souci particulier à ses angles de vues. Mais malgré ses évidentes qualités graphiques, le titre souffre pourtant d’un manque de prise de risque. Le fait de mettre en scène de jeunes, innocentes et pulpeuses demoiselles dans la peau d’assassins froids et calculateurs ne rend pas le titre plus subversif que ça. D’autant que le sujet n’est pas franchement nouveau. À la lecture de ce premier tome, j’ai tout de suite pensé à l’excellent Gunslinger Girl, un anime mettant également en scène des jeunes filles lobotomisées pour en faire des super-killers. Bien entendu, les deux titres n’ont pas les mêmes univers et sont relativement éloignés en termes d’approche, et pourtant on retrouve bien un concept similaire. Gunslinger Girl favorisait l’introspection et une forme de langueur, là où RESZ (pour les intimes), privilégie l’aspect seinen dark et légèrement racoleur. C’est un choix… Quoiqu’il en soit, ce prequel débute de manière assez efficace, on ne s’ennuie pas, c’est maîtrisé en termes de design et en soit, c’est déjà pas mal.
Red Eyes Sword Zero (T.1) de Takahiro et Kei Toru, aux éditions Kurokawa