On a lu…Sidekick – Tome 1 de Joe Michael Straczynski

On a lu…Sidekick – Tome 1 de Joe Michael Straczynski

Note de l'auteur
Tome 1

Tome 1

Bientôt de retour sur son média de prédilection avec la série télévisée Sense8, Joe Michael Straczynski n’en oublie pas moins l’univers des comic-books et signe aujourd’hui Sidekick. Une nouvelle série dont l’ambition est de mettre en avant une figure secondaire mais souvent indissociable du héros, à savoir son partenaire.

 

Bien que le sidekick, le partenaire, le compagnon etc. etc. (appelez-le comme vous voulez) est une figure ancienne, elle trouve sa version moderne et super-héroïque dans le personnage de Robin. Crée en 1940 par Bill Finger, Jerry Robinson et Bob Kane, le boy-wonder a connu un tel succès qu’il engendra une multitude d’ersatz tel Kid Flash, Speedy, Bucky Barnes, Aqualad, Toro, ou Wonder Girl pour les plus connus. Si certains personnages sont encore aujourd’hui bien présents dans les univers DC et Marvel, on notera que le sidekick s’est éloigné de son rôle premier (être le partenaire naïf et rigolo accompagnant l’adulte) pour devenir une figure plus indépendante vis-à-vis de son mentor. Il est probable que cela soit une conséquence du vieillissement d’un lectorat qui ne s’identifie plus vraiment à ceux-ci. Au premier abord le choix de Straczynski d’aborder cet archétype apparaît donc comme une idée passionnante venant de la part d’un écrivain s’étant déjà illustrer dans l’analyse du genre super-héroïque.

 

Lorsque son mentor, le super-héros Red Cowl, meurt, Barry Chase – alias Flyboy – décide d’enquêter sur les circonstances de sa disparition. Il découvre des choses qui vont totalement bouleverser sa vie. Qui était réellement Red Cowl ? Qui voulait s’en prendre à sa carrière en dévoilant des secrets inavouables ? Que s’est-il passé pour que quelqu’un décide de le tuer ?

 

 

Red Cowl et Flyboy

Red Cowl et Flyboy

Faisant partie des nouvelles séries lancées par Straczynski sous le renouveau de son label Joe’s Comics (avec également Ten Grand), Sidekick est édité chez nous par Delcourt, qui propose ici un tome très semblable sur la forme à celui de la série Irrécupérable. C’est peut-être là une manière pour l’éditeur français d’établir un lien entre la série de Mark Waid et celle du créateur de Babylon 5. Et en effet les deux récit basent leurs intrigues sur l’utilisation d’archétypes qui vont être triturés afin de mieux en examiner les fondements.

 

Il n’est donc pas étonnant que le personnage de Red Cowl soit un mix de Superman (pour les pouvoir) et de Batman (pour la fortune et le sidekick) de la même façon que l’on fait connaissance en cours de lecture avec des personnages nous faisant penser à Loïs Lane, Lex Luthor ou certains ennemis qui parcourent les villes de Gotham City. En mettant en place un univers à la fois familier et différent (notamment par sa violence), Straczynski nous offre un très bon traitement du personnage principal. Flyboy rallie à lui tous les clichés que l’on se fait du sidekick et qui vont être la source de ses ennuis. En proie à une grande culpabilité pour ne pas avoir su sauver son mentor, il devient la risée de tous lorsque son incapacité à se prendre en main, à dépasser sa propre image et à devenir indépendant lui feront commettre de nombreuses erreurs.

 

Le super-héros 2.0

Le super-héros 2.0

JMS convoque tout ce que la société médiatique actuelle comporte de pire pour contribuer à la déchéance d’un personnage qui n’avait pas forcément besoin de cela. Car malgré le caractère de parcours initiatique qu’aurait pu revêtir l’œuvre (comment le sidekick devient un héros à part entière et assume son héritage), le scénariste s’éloigne très vite de cela pour écrire un traitement plus cru et noir. Flyboy inspire plus la pitié qu’autre chose. C’est en jouant sur ces cordes que Straczynski arrive à nous étonner dans la dernière partie du tome avec des choix qui pourront se révéler payants par la suite. Il est toutefois dommage que la série souffre d’un cruel manque de rigueur dans la construction de ses intrigues et de son rythme. Probablement pas aidé par le dessin de Tom Mandrake, Sideckik à le défaut d’être à la fois trop long et trop court mais d’être surtout mal ficelé avec notamment des personnages qui resurgissent trop tard dans l’intrigue désamorçant certaines situations. Un gros défaut assez étonnant de la part d’un scénariste reconnu pour la rigueur de ses écrits.

 

Si la figure du sidekick a pu déjà être malmenée par le passé (on pense à Top 10 d’Alan Moore), Joe Michael Straczynski propose aujourd’hui une nouvelle approche dont la violence nous rappelle son travail sur Supreme Power. Toutefois, si les idées font mouche, les carences de la mise en oeuvre ne peuvent être ignorées. Attendons la suite pour voir où tout cela nous même.

 

 

 

Sidekick – Tome 1 : Descente aux enfers (Contrebande, Delcourt, Image) comprend les épisodes US de Sidekick #1 à #6

Ecrit par Joe Michael Straczynski

Dessiné par Tom Mandrake

Prix : 15,95 €

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