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On a lu… Sky-High Survival (T. 1 & 2) de Tsuina Miura et Takahiro Oba

On a lu… Sky-High Survival (T. 1 & 2) de Tsuina Miura et Takahiro Oba

Note de l'auteur

sky-high-survival-1-kanaCela fait bientôt sept ou huit ans que le manga a trouvé dans le sous-genre du survival un terrain de jeu fertile. Qu’il soit à tendance sociologique, purement horrifique, voire doté d’une fibre écologique, le concept se décline, repris de toute part, et tout éditeur digne de ce nom se doit d’avoir le sien. C’est donc Kana qui dégaine son survival concept en sortant les deux premiers tomes d’un titre toujours en cours au Japon. Très franchement, ce début est suffisamment bien mené et emballé pour nous donner envie de poursuivre la lecture. Intrigant, gentiment dérangeant et rythmé par de nombreux rebondissements, Sky-High Survival débarque dans la collection Dark Kana et parvient à nous garder captifs de son univers, un bon point pour commencer.

 

Yuri est une jeune lycéenne qui, sans savoir ni comment, ni pourquoi, se retrouve dans un immeuble aux prises avec un homme masqué en salopette et armé d’une hache. Très vite, elle comprend qu’il n’est pas là pour couper du petit bois et décide sagement de fuir. La petite particularité de l’endroit où elle se trouve, c’est qu’elle ne peut pas descendre. L’escalier étant condamné, elle se retrouve contrainte de monter sur le toit. De là, l’adolescente découvre que tous les buildings sont reliés entre eux par des ponts suspendus et que, si elle peut passer de l’un à l’autre, elle se retrouve malgré tout piégée en altitude. Et histoire de corser considérablement les choses, notre bûcheron ne semble pas être le seul psychopathe masqué dans le coin. De pont en pont, de gratte-ciel en gratte-ciel, la jeune Yuri va tenter de survivre et par la même occasion de retrouver son frère qui se trouve plongé lui aussi dans cet enfer urbain. Pour commencer, un petit mot sur la couverture du premier tome qui annonce assez bien la couleur : un homme vêtu d’un long manteau avance dans une démarche chaloupée. Arborant un masque ensanglanté, sorte d’hybridation entre celui de Jason dans Vendredi 13 et un smiley, brandissant une hache, il incarne à lui seul l’efficacité du titre.

 

sky-high-survival-2-kanaLe port du masque constitue une longue et passionnante tradition dans le survival, et le slasher plus particulièrement. Il a contribué à rendre mythiques bon nombre de psychopathes de tout poil. De Michael Myers à Jason, de Jigsaw aux tarés d’American Nightmare en passant pas Ghostface, sans oublier Leatherface, le masque semble être une composante essentielle du genre, en effaçant parfaitement l’identité du ou des protagonistes, mais surtout en leur retirant toute humanité. Cette absence d’expression, ces regards vides, figés, ces aspects parfois grotesques ou dérangeants, nous renvoient à l’occasion à d’anciens traumas enfantins et immortalisent dans l’inconscient collectif des figures du mal, mutiques et sans visages, glaçantes. La simplicité du design de celui de Sky-High Survival, tout blanc, avec ses grands yeux ovales et son large sourire, lorgne vers la génération émojis et fonctionne très bien. De son concept simple, Tsuina Miura tire pour le moment le meilleur. Sa prison en altitude permet de multiplier les dangers et de maintenir la tension de manière continue. Il pose un certain nombre de questions concernant le monde dans lequel se déroule l’action et ménage relativement bien le suspens. À vrai dire, on n’est pas franchement étonné quand on sait que Miura a également travaillé au même poste sur l’excellent titre Ajin, en cours de parution chez Glénat.banniere-sky-high

En termes de personnage, Yuri semble rapidement assimiler les informations et évolue grandement. Alors oui, on pourrait reprocher au titre d’aller un peu vite en besogne en faisant de son héroïne une tireuse hors pair après deux petits tomes, mais finalement, le rythme soutenu et l’absence de prétention du genre permettent de passer outre les quelques facilités du récit. Le personnage de Yuri devient vite attachant, et la curiosité vis-à-vis des mystères de Sky-High Survival l’emporte. De son côté, Takahiro Oba propose un trait fin et subtil rappelant celui de Takeshi Obata (Death Note, Platinum End). En termes de découpage, le dessinateur joue sur des récurrences dans le récit afin de donner au titre une identité qui lui soit propre. La combinaison entre Miura et Oba semble prometteuse et je reste vraiment curieux de découvrir le tome 3. Ma seule retenue concerne tout de même la viabilité du titre sur le long terme, d’autant qu’au Japon, ils en sont déjà à huit tomes parus. Comment les auteurs vont-ils tenir et alimenter leur (sky) high concept ? La question reste ouverte…

 

Sky-High Survival (T. 1 & 2) de Tsuina Miura et Takahiro Oba, aux éditions Kana

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