On a lu…Solo – Tome 1 : Les survivants du chaos
On fait un pas de coté aujourd’hui et on quitte les Etats-Unis pour partir en Espagne avec le premier tome de Solo que tous les fils de Crom apprécieront à sa juste valeur.
Ma vie s’éteint, la vue se brouille, il ne reste plus que le souvenir. Je me souviens d’un temps ou régnait le chaos, un temps de rêves brisés, de terres dévastées… Mais par-dessus tout, je me souviens du guerrier de la route. L’homme que nous appelions Max. Pour comprendre qui était cet homme, il faut revenir à une autre époque. Quand le monde tournait au carburant noir et que florissaient dans les déserts de grandes cités de tubes et d’acier… Disparues, maintenant, balayées… Pour des raisons aujourd’hui oubliées, deux puissantes tribus entrèrent en guerre allumant un brasier qui les dévora toutes les deux. Sans carburant, elles n’étaient rien. Leur empire était de paille. Le grondement des machines hoqueta et s’éteignit. Les chefs parlèrent, et parlèrent… Et parlèrent encore. Mais rien ne pouvait endiguer le désastre. Leur monde s’écroula… Les villes explosèrent provoquant une tornade de pillages. Un vent brûlant de terreur ; L’homme commença à se nourrir de l’homme. Sur les routes régnait le cauchemar de la ligne blanche. Seuls les flibustiers les plus mobiles, les pillards les plus impitoyables survivaient… Les bandes prirent le contrôle des routes prêtes à se faire la guerre pour un bidon de carburant. Dans ce maelström de pourriture, le commun des mortels était brisé, écrasé. Des hommes comme Max, Max le guerrier. Dans le rugissement d’un moteur, il avait tout perdu… Et il devint un homme vidé, consumé, ravagé, un homme hanté par les démons de son passé, un homme qui errait sans but par les terres désolées. Ce fut ici, dans ce lieu maudit, qu’il réapprit à vivre…
L’ouverture de ce chef d’œuvre qu’est Mad Max 2, résume très bien l’atmosphère de Solo. Prenant pour cadre un Terre post-apocalypse, Solo va nous conter la vie des habitants d’un monde ravagé où la survie est une question de chaque instant. La moindre faiblesse est payée par la mort et il n’y peu de place pour la bonté, l’amitié ou la pitié.
Au même titre qu’une bande dessinée comme Blacksad, ce qui fait la particularité de Solo ainsi que son attrait principal c’est le choix d’Oscar Martin de mettre en scène des animaux humanoïdes. Utilisant comme prétexte les radiations, le scénariste et dessinateur va créer un monde rempli d’animaux mutants. Pour aller droit au but, Solo c’est le post-apo avec des rats. Dessinateur du comic-books Tom & Jerry pendant vingt ans et collaborateur sur de multiples revues tel que Le journal de Mickey, Martin sait y faire pour créer des races et des personnages totalement crédible.
Humains exploiteurs, singes militaires, chiens de gardes et autres joyeusetés mutantes composent ce monde terrible où la loi du plus fort règne. Au milieu de ce bordel, Solo tente de vivre. Héros tragique d’une vie sans paix, Solo est porté par la mort, la souffrance et l’oubli. Jeune rat quittant sa famille pour leur permettre de survivre, il ère sans but dans les désert et les montagnes. Bien que composé de deux récits, ce premier tome de Solo peut se diviser en trois actes qui composent la vie de ce personnage : l’exil, l’arène et la communauté.
Être agile bien que chétif, Solo est capable d’affronter les dangers de son monde mais sa capture et son envoi dans l’arène va profondément le changer et faire de lui une montagne de muscle doublée d’une machine à tuer. Pour le spectacle de la plèbe, Solo coupe les têtes et terrasse ses adversaires mais peu à peu ce qui reste de son passé disparaît. Tel un Max qui retrouvait des instants de douceur en aidant une communauté, Solo verra sa vie changer au sein du groupe qui le recueille.
Récit de survie et de retour à une certaine humanité dans un monde qui l’a éradiqué, Solo est une véritable surprise et une bonne. Une bd qui se dévore avec plaisir et dont on reste transporté par la douleur qui enchaîne le héros tout du long des pages et qui trouve une réponse émouvante en conclusion du récit. A lire.
Avec la B.O de Conan, le barbare bien sur.
Solo – Tome 1 : Les survivants du Chaos (Contrebande, Delcourt)
Écrit et dessiné par Oscar Martin
