
On a lu… Soloman (T. 1) de Sakakibara Sôsô
Entre action, SF et horreur, le nouveau venu dans le catalogue Doki-Doki est un drôle de cocktail, qui déstabilise d’entrée de jeu. Soloman, qui ne compte que deux tomes, n’a pas franchement le temps de traîner et nous embarque de façon un peu abrupte dans son univers assez barré. Pas le temps de s’ennuyer donc, même si on a du mal à voir où le récit veut nous amener.
Ryô Tanabe a toujours voulu être un super-héros, mais sa capacité à voir les esprits l’a finalement plus desservi qu’autre chose. Afin d’échapper au monde extérieur, Ryô vit reclus dans sa chambre. La réception d’un mail disant : « Au secours », va le pousser à sortir de chez lui. Mais il n’est clairement pas préparé à ce qu’il va découvrir, une fois dehors. Le monde est en ruine et il n’y a plus une âme qui vive, à l’exception du pauvre Ryô. Harcelé par des esprits errants et fait prisonnier par une étrange race d’envahisseurs/tripatouilleurs d’ADN, le jeune homme va devenir le cobaye de leurs expérimentations. Qu’est-il arrivé ? Est-il le seul être humain encore en vie ? Qui sont ces extra-terrestres et quel est leur objectif ? Voici les quelques questions que l’on se pose, très rapidement. Dès le départ, Sakakibara Sôsô affirme sa volonté de rentrer le plus vite possible dans le vif du sujet. Les deux premières pages, en couleurs, résument la situation du personnage principal en une poignée de cases. En évitant un préambule potentiellement trop long, l’auteur peut développer pleinement son univers post-apocalyptique. Le seul problème, c’est que cette introduction se fait un peu en force et on rentre dans le récit avec trop peu de « préparation ».
Non pas que l’histoire soit d’une grande complexité ou qu’il soit nécessaire de faire des étirements avant de se lancer dans un manga, mais, à mon humble avis, il faut ménager son lectorat si l’on veut qu’il nous suive. Ceci étant dit, ce premier tome de Soloman reste plaisant à lire et parvient à capter notre intérêt avec son mélange de SF et d’horreur, ponctué de scènes chocs. Le mangaka souligne assez subtilement l’ironie de vouloir être un super-héros alors même qu’il n’y a plus rien, ni personne à sauver. Beaucoup de réponses sont apportées ici et c’est un peu normal quand on considère que l’on en est à la moitié de l’histoire. Cependant, je reste un peu dubitatif concernant les directions que prend le récit et la finalité de Soloman. J’ai peur que le second tome, au vu de la fin du premier, privilégie l’action au détriment d’une fin réellement concluante et satisfaisante. Bien évidemment, tout cela n’est que pure spéculation de ma part et peut-être suis-je dans l’erreur. On verra…
D’un point de vue graphique, ça reste honnête et de qualité pour le genre. Cependant, Sakakibara Sôsô semble parfois jouer l’économie en s’abstenant de dessiner des décors. Le plus souvent, on se tape des fonds blancs ou des tramages gris, ce qui peut se justifier sur de très longues séries mais qui relève plus de la blague quand il s’agit d’une série de deux tomes. De son côté, le chara-design, assez réussi, va et vient entre un trait adulte et un délire plus kawaii. Avec Soloman, l’éditeur Doki-Doki nous offre un titre prenant mais atypique dans son rythme. Un premier tome qui, malgré des réserves, me poussera à lire la suite et fin de ce délire, dans lequel les extra-terrestres ont des oreilles de lapin… Ah oui, j’avais oublié de vous le dire… !
Soloman de Sakakibara Sôsô, aux éditions Doki-Doki