On a lu… Soul Eater (T. 23) de Atsushi Ohkubo

On a lu… Soul Eater (T. 23) de Atsushi Ohkubo

Note de l'auteur

Chaque année, qui dit Japan Expo, dit sorties par dizaines chez les éditeurs. Afin de compléter ma mangathèque et de pouvoir vous concocter quelques reviews, je me suis vu dans l’obligation de répondre à mes pulsions d’otaku et j’ai donc fait quelques achats. Premier titre à passer sur le grill : Soul Eater.

Sorti en 2004 au Japon, chez l’éditeur Square Enix puis en 2009 chez nous avec Kurokawa, ce manga de la famille du shônen (vous devriez savoir ce que ça veut dire maintenant…) se démarque des autres titres. L’histoire n’est pourtant pas des plus originales et explore un univers ultra-balisé. Nous suivons un groupe d’étudiants de l’école Shibusen aspirant à devenir Meister et leurs sidekicks respectifs, qui eux ont le pouvoir de se transformer en armes démoniaques (épée, faux ou revolver…). Perfectionniste, prétentieux, mal dans sa peau, prodige, les personnages sont plus ou moins attachants… Ils sont en guerre contre les sorcières depuis une éternité et doivent en tuer un max afin de manger leurs âmes et devenir Death Scythe, autrement dit des Grands Faucheurs. À la base, rien de forcément super excitant, voire une histoire relativement bateau, mais c’est sans compter sur l’inspiration de son auteur, Atsushi Ohkubo.

 

Il dynamite assez vite son récit très calibré avec l’apparition d’un élément fort perturbateur et qui va suinter dans tout le récit : LA FOLIE ! Le Grand Dévoreur, véritable boogie-man de l’histoire, n’a qu’un but : répandre sa folie pure sur le monde. Le dessinateur, afin de servir au mieux son propos, laisse libre cours à sa créativité et à son graphisme si particulier. Entre cartoon et street art, le mangaka, qui explore les effets de contrastes ou livre des double-pages évoquant du Jackson Pollock,  a une forte «personnalité graphique». L’abstraction ne l’effraie pas, de même que les déformations des corps ou des perspectives. Ici, certaines créatures sont des clowns façon Picasso, tandis que d’autres sont au contraire totalement obnubilés par la symétrie parfaite. Ordre contre chaos, sagesse versus folie, l’auteur joue sur toutes les oppositions. Un joyeux bordel surréaliste qui fait parfois penser aux œuvres de Lewis Carroll (Alice’s Adventures in Wonderland ) ou L. Frank Baum (The Wonderful Wizard of Oz) dans leurs délires les plus absurdes, drôles ou à la limite du creepy, le tout passé au shaker manga…

 

Alors, je ne cherche pas non plus à sur-vendre Soul Eater, qui possède malgré tout des faiblesses comme ses trop nombreux personnages et ses trous d’air dans son scénario. Mais j’avoue que depuis une dizaine de tomes, l’histoire se recentre et Ohkubo travaille ses personnages pour les rendre plus profonds. Et ça marche. À ce stade du récit, nous sommes à un moment clé, qui propose de réelles avancées dans l’intrigue. Sans trop vous en dire, tous les personnages se retrouvent sur la Lune et la tension monte. L’humour est toujours présent et la mise en page pleine de parti-pris esthétiques aussi surprenants qu’intéressants.

 

En espérant que le mangaka ne rate pas sa sortie pour la fin de série, je vous le dis, cet auteur mérite votre attention et ce titre devrait au moins attiser votre curiosité.

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