On a lu… Stray Dog (T. 1) de VanRah

On a lu… Stray Dog (T. 1) de VanRah

Note de l'auteur

stray-dog,-tome-1-375076Le lauréat du prix International des amateurs de comics et manga en 2011, a débarqué le mois dernier sous la bannière de l’éditeur Glénat. Écrit et dessiné par la talentueuse mais méconnue VanRah, Stray Dog compte bien dépoussiérer le mythe du loup-garou et nous balance un premier pavé, très prenant, dans lequel elle prend le temps de poser son univers.

 

Tout d’abord, des petites présentations sont bienvenues. VanRah est une illustratrice française, publiée à compte d’auteur sur le net depuis quelques années. Elle est notamment la star des sites américains Inkblazers et DeviantArt et son travail est vu par quelques 280 000 visiteurs réguliers. Elle compte déjà quelques titres à son actif comme NeverenD, Akazukin et La Mécanique du cœur. Bref, ce n’est clairement pas une débutante, comme vous pouvez le remarquer. Son œuvre puise sa force dans des ambiances gothico-romantico-sanglante. Elle est une sorte de cousine éloignée de Kaori Yuki (portrait ici), en peut-être moins tortueuse. Parmi ses influences, elle cite en vrac Jim Lee ou Marcus To côté comics, Tite Kubo et Miwa Shirow côté mangas et en ce qui concerne le cinéma, ce serait plus du côté de Tim Burton et Guillermo Del Toro. Voilà de quoi situer l’artiste et son œuvre.

 

Stray Dog s’attaque à un mythe de la culture fantastique, le fameux loup-garou ou Lycan pour les initiés. Dans un monde oscillant entre lumière et ténèbres, les démons appelés Karats, vivent parmi les humains. Terrifiée, l’humanité se voit contrainte de les asservir afin de s’en protéger. Toru est l’un d’entre eux, un lycan réduit à combattre dans des arènes clandestines. Mais Toru n’est pas n’importe quel démon… En plus d’être un Alpha noir, race supposée disparue, il recèle une identité bien plus terrifiante et plutôt inattendue. Lorsque le docteur Senri Aokideso le rencontre, il entrevoit tout de suite que ce démon, à l’apparence juvénile et inoffensive, est bien plus que ce qu’il prétend être. Il passe un pacte avec la bête, devenant son maître et lui offre une possibilité d’échapper à son funeste destin.

 

_straydog_reload_p__35__by_vanrah-d4zzxrpQuand on a le tome en main, on est plutôt surpris par son épaisseur. Il faut dire que Glénat nous propose quand même un pavé de plus de 300 pages. Alors, je vais être franc, j’ai trouvé qu’il y avait quelques lenteurs dans le récit qui est parfois bavard. Mais finalement, l’histoire gagne en épaisseur et pas qu’au sens propre. S’étalant sur un an, articulé autour de deux ellipses, le récit prend le temps d’installer les enjeux, de présenter les principaux protagonistes et même de commencer à en développer certains. Que ce soit Toru, Senri ou encore Tarot, ils sont tous en proie à la tourmente la plus totale et doivent porter leur fardeau coûte que coûte. Dans la création de ses personnages quasi exclusivement masculins et dans son approche très romantique, presque romanesque, VanRah fait penser à l’écrivain Ann Rice et sa Chronique des Vampires. On retrouve ce même amour pour des êtres torturés depuis déjà trop longtemps mais qui avancent tant bien que mal, à travers les époques.

 

Arrivé aux trois quarts du tome, le récit nous offre enfin son premier personnage féminin, la fille du docteur Aokideso et l’histoire s’ouvre sur un nouveau récit, basé sur une nouvelle dynamique. Alors qu’on s’attendait à suivre l’étrange relation entre Toru et Senri plus longtemps, l’auteure décide d’entamer ce qui semble finalement être le cœur du récit. Les quelques 200 premières pages n’étaient presque qu’une introduction permettant de poser les bases. Ce qui permet d’apprécier la lecture de ce premier tome réside également dans les nombreuses pointes d’humour qui parsèment les dialogues. Ce n’est pas parce que l’univers est dark, tourmenté et sanglant, qu’il ne peut pas être drôle. Les personnages n’arrêtent pas de s’en mettre plein la tête à longueur de pages et cela crée quelques échanges bien sentis, qui apportent un peu de fraîcheur à l’univers.

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En terme de dessin, VanRah a un trait très fin et délicat, qui empreinte aussi bien au shôjo qu’au shônen. L’ensemble est très travaillé et le découpage rend la lecture dynamique. Maintenant, il faut tout de même souligner que le dessin est parfois quelque peu naïf et que certains arrière-plans sont simplistes, voir inexistants. On ne va pas pour autant bouder ce premier tome de Stray Dog. Il propose une relecture intéressante de la lycanthropie et prend le temps d’installer son récit. Entre romantisme littéraire et trip horrifico-gothico-biblique, le titre parvient à trouver sa place et distille une ambiance dark, pleine de promesses. A suivre…

 

Stray Dog de VanRah, aux éditions Glénat

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